Sylvain Gammacurta Hypnose
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Peinture & Hypnose Au Centre d’Arts Plastiques Fernand Léger

Lors de cet atelier proposé généreusement par le Centre d’Arts Plastiques Fernand Léger de Port de Bouc, sous la direction de Laure Lamarre – Flores, animé par Roland Semadeni (Plasticien. Compositeur, Pédagogue) et moi-même, nous avons invité les participants, de tous niveaux, à envisager l’art et plus particulièrement la peinture d’une manière originale en utilisant l’hypnose et les états modifiés de conscience.

Art et Hypnose

L’art et l’hypnose font partie intégrante de l’histoire de nos civilisations. Communiquer, échanger, exprimer des idées, des émotions et créer grâce à son imaginaire répond à l’un des besoins impérieux de la nature humaine.

Sans que nous en soyons conscients, nous baignons tous dans une culture profondément marquée par les phénomènes de transe, les mythes et de somnambulisme.`

Comment alors ne pas être tenter de joindre la pratique de la peinture par cette pratique mystérieuse à la croisée des neurosciences, du spectacle et du mysticisme induisant une transe, ou plus communément utilisé dans notre jargon moderne : des états modifiés de conscience.

Il faut savoir que l’hypnose a joué un rôle majeur dans le champ de la création où elle est omniprésente, de manière délibérée ou inconsciente.

L’art et l’hypnose, recelant tous deux une part d’interrogations liées à l’énigme de la création, ont depuis toujours intrigué et fasciné les artistes du monde entier en tant que phénomènes propices à s’extraire d’un certain cadre normatif et de l’autocensure.

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Peinture et hypnose

En 1878, certains commencent à utiliser l’hypnose à l’hôpital pour guérir ce que l’on nomme à l’époque « l’hystérie ». En parallèle les peintres naturalistes, surréalistes et même le sculpteur Auguste Rodin l’utilise dans leurs créations, dont le Torse d’Adèle en 1882 ferait allusion aux convulsions patientes sous hypnose.

Aujourd’hui encore, l’hypnose est utilisée comme processus de création. C’est le cas de Matt Mullican, qui, grâce à l’auto-hypnose produit un vocabulaire graphique particulier, ou encore de Tony Oursler qui utilise la vidéo dans ses installations hypnotiques. 

Cette dualité entre l’artiste et son double sous hypnose peut parfois aller encore plus loin :

Jusqu’à même s’inventer des personnalités plurielles. Il y a une doublure qui est recherchée dans l’hypnose et qui jouera sur des curseurs qui sont assez intéressants. Je pense en particulier à l’expérimentation d’un curseur sur le genre. On pourrait dans l’état d’hypnose passer d’un adulte masculin à un enfant féminin, à un vieillard, etc. Pascal Rousseau, historien de l’art

Le septième art, est d’ailleurs lui aussi souvent caractérisé comme un « média hypnotique » : comment décrire autrement une assemblée immobile, plongée dans le noir, fixant un même point ?

Quant à la télévision, puis aujourd’hui les téléphones portables, nous sommes pour la plupart d’entre nous fascinés par nos multiples écrans, captivés par la virtualité plus que de raison.

« Spazio Ad Attivazione Cinetica 6B » (1966-2020) de Maria Apollonio

Comme l’art, l’hypnose offre aux artistes cette capacité incroyable d’extérioriser des émotions, de créer, associer, relier à partir de celles-ci. Permettant parfois d’aller jusqu’à découvrir des parties cachées de nous-même, des traits de personnalités enfouis et des idées émanant de notre inconscient. C’est un peu la légende du romantique oeuvrant dans un état second, possédé par son élan artistique.

A l’image du poète Robert Desnos, Salvador Dali, Paul Eluard, Gustave Courbet, Andy Warhol et Tony Oursler, beaucoup utilisent des techniques hypnotiques afin de se libérer de l’étroitesse de la pensée régie par la raison et les limites socioculturelles.

ART ET HYPNOSE : CE QU’EN DIT LA SCIENCE

L’état hypnotique est un nom moderne pour désigner un état naturel de transe que les artistes ont utilisé depuis la nuit des temps pour créer. Dans cet état particulier, souvent associé à tord à de la relaxation, notre cerveau émet des ondes et utilise des circuit neuronaux bien différents qu’à l’accoutumé. Dans cet état nous pouvons alors accéder à des ressources différentes en nous-mêmes (associations d’idées, connexion plus profonde à des souvenirs, images, symboles, sensations, gestes idéomoteurs, voir «  révélations ») qui sont parfois difficiles d’accès lorsque l’on est en état de conscience  « normal » (souvent associé aux ondes beta). 

La transe amplifie le réseau de cognition interne et cela favorise une meilleure conscience de soi d’après le Coma Science Group du CHU de Liège.

L’hypnose est aujourd’hui reconnue dans le milieu médical et a de nombreuses applications dont les effets ont été prouvés (réduction de la douleur sur les grands brûlés, anesthésie, réduction de l’angoisse, traitement des phobies, etc.).

Malgré le potentiel énorme de l’hypnose, beaucoup de personnes en ont peur car elles s’imaginent être manipulables dans cet état, ce que suggère de nombreuses fictions et spectacles. Ce qui entraîne malheureusement des freins et résistances, qui ne sont finalement que des limites à l’engagement que le sujet va induire consciemment et inconsciemment dans l’expérience.

Peinture et Hypnose

Après une explication et démystification de l’hypnose, les participants ont découvert, au travers d’une expérience d’hypnose collective debout, un état de transe légère, permettant de modifier la sensibilité du corps ainsi que des mouvements intuitifs, provocant la modification des perceptions. Déjà l’on assiste à un véritable lâcher prise pour certains, encourageant une expression plus libre dans l’utilisation des mouvements.

Peinture et Hypnose

Ensuite j’invite chacun des participants à s’installer à son poste et fixer intensivement un point sur leur main. Absorbés dans l’expérience je suggère que cette attention focalisée les conduit à leur rythme, à une augmentation de la concentration et en même temps à une dissociation de cette main. Les yeux se figent, l’attention est détournée et le discours intérieur s’étiole de plus en plus pour certains artistes. J’invite l’assemblée à regarder au-delà de cette main, ce que l’on nomme en hypnose, une vision périphérique. Les yeux peuvent à la fois rester concentrés sur l’image de la main en premier plan, mais également s’intéresser aux décors autours d’eux, aux couleurs, aux formes, au textures mais aussi aux autres participants, enrichissant mutuellement leurs curiosités.

Puis les participants ferment les yeux, je les accompagne dans un premier temps sur une technique dérivée de la spirale sensorielle, à être attentif à tous leurs sens les uns après les autres et les invite progressivement à voyager dans leurs souvenirs. Voyager dans un souvenir récent, un moyen simple de se remémorer leurs apprentissages de la matinée avec Roland Semadeni, l’association des couleurs avec des émotions et l’absence de jugement a travers les gestes

Puis, l’idée est de faire une régression, vers un souvenir joyeux antérieur, la première réminiscence survenant dans l’esprit de manière instinctive et se connecter, fusionner avec lui. Fusionner par les sens, les images, les symboles et toutes choses très singulières pour l’ensemble des participants. Le but étant de s’associer au maximum à ses émotions pour les transmettre plus librement sur la toile.

Par la suite l’idée est de revenir légèrement de ce voyage avec une compétence plus ouverte, à l’origine plus instinctive sur l’oeuvre à produire, davantage dirigé sur l’émotion à traduire… Quelque chose de plus authentique.

Peinture et Hypnose

Les femmes et les hommes se mettent alors à peindre et à utiliser ce souvenir pour concevoir une oeuvre intime, personnelle, en utilisant leurs techniques mais aussi une énergie singulière, en offrant généreusement au monde, une parcelle de leur vie intérieure.

Résultats et intéret de l’expérience

Les but et les recherches sont divers et variés selon les individus. Progresser en peinture, chercher davantage d’inspiration, de spontanéité dans l’acte ou simplement de concentration. Tantôt une volonté guidée par la curiosité de vivre un instant hors du temps, avec des sensations accrues sans aucune contrainte technique ni appréhension se fait sentir. Dans l’état d’hypnose les peintres sont souvent très sensibles aux systèmes de correspondances, entre les couleurs, les sons et les émotions. Ils deviennent ce que l’on peut appeler des synesthètes.

Synesthésie : Perception dans laquelle une sensation supplémentaire est ressentie dans une autre région du corps que celle qui est perçue normalement.

La transe s’installe, différemment selon les profils, les peurs et la confiance de chacun et je passe dans les rangs afin d’accompagner au mieux individuellement des artistes.

Pour certains le lâcher-prise est total et les émotions s’extériorisent. Pour d’autres le doute et l’appréhension s’installent ou se réinstallent progressivement. Je les accompagne alors à dépasser cela, à approfondir les états, où encore les guider sur une voie plus personnelle. Grâce à l’hypnose les effets d’un repli narcissique sont potentiellement réduits néanmoins certains phénomènes ont dans un premier temps dérouté quelques participants.

En effet, lorsque l’on se connecte à un souvenir évoquant la joie, il est assez courant d’aller intuitivement à la rencontre de diverses autres émotions qualifiées bien souvent de désagréables. Les sujets rencontrent parfois la nostalgie d’une époque révolue, la tristesse, la frustration ou la colère font parfois leurs apparitions au détours du voyage… La but est alors d’accepter ce qui vient, quitte à déposer quelques larmes et parfois de gros sanglots sur la toile, cela ne la rend que plus humaine et incroyable à mon sens. C’est à ce moment précis que l’art par la sublimation d’une émotion peut devenir thérapeutique.

Pour d’autres encore, le travail permet d’acquérir des nouvelles ressources et un accroissement capacitaire.

Certains droitiers se surprennent alors à utiliser leur main gauche, d’autres de créer des couleurs, des formes et des techniques au-delà de leur créativité habituelle. Quelques personnes se sentent plus libres et plus à l’aise dans leurs mouvements. Tous en tout cas rencontrent des plaisirs insoupçonnés par le duo peinture et hypnose, avec je l’espère, de nouvelles compétences intuitives et créatives dans leur palette d’artiste et tout simplement d’êtres humains, doués d’une sensibilité ne demandant qu’à s’exprimer plus librement.

Un merci tout particulier à mon ami et collègue hypnotiseur Julien Maméli , m’ayant recommandé auprès du Centre d’Arts Plastiques Fernand Léger pour co-animer cet événement.

Sylvain Gammacurta, Hypnose.

Pour aller plus loin, je vous invite à regarder cette fabuleuse vidéo de Nicolas Marcenac ( https://www.hypnose-marcenac.fr) :

Sources et inspiration :

https://www.franceculture.fr/peinture/lhypnose-un-processus-artistique-de-plusieurs-siecles

Hypnose: art et hypnotisme de Mesmer à nos jours, Livre de Pascal Rousseau.

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