Sylvain Gammacurta Hypnose
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Sommes-nous tous hypnotisables ?

Le fait que chacun ait déjà une réponse plus ou moins tranchée intuitivement, sans avoir aucun ou très peu d’éléments de recherches sur le sujet, ni même une définition fiable de l’hypnose elle-même, me tente d’emblée de répondre par l’affirmative. L’hypnose est une technique remise au goût du jour à toutes les époques, elle est majoritairement utilisée pour l’accompagnement et le soin dans les sociétés occidentales.

Par la parole mais aussi la communication non verbale, le praticien en hypnose induit chez le sujet ce que l’on nomme communément un « état de conscience
particulier »
caractérisé généralement par une indifférence à l’extérieur, une modification de ses repères spatio-temporelles et une hyper suggestibilité. Cet état de conscience « hypnotique » peut être utilisé pour amplifier les ressources internes du sujet de lutte contre l’anxiété et la douleur et faire « disparaître » ou simplement modifier certains symptômes/comportements.

La pratique psychothérapeutique de l’hypnose donne une importance majeure à la notion de subjectivité, à laquelle le patient accède par le biais de ses perceptions sensorielles et de sa cognition.

L’hypnose recouvre un ensemble de pratiques sensiblement différentes : hypnosédation (à visée sédative, utilisée en anesthésie), hypnoanalgésie (contre la douleur) et hypnothérapie (à visée psychothérapeutique) mais aussi des pratiques davantage spirituelles que je n’évoquerai pas dans cet article.

Hypnose

Il n’existe actuellement aucun concept global concernant la définition d’un état hypnotique Mazzoni et al., 2013 ; Hinterberger, 2015 ; Landry et al., 2017 ; Zahedi et Sommer, 2021 ). La littérature décrit généralement un changement dans la conscience de veille, une transe légère ou profonde, et parfois un continuum d’états de transe fluctuants , c’est-à-dire un état qui est souvent de nature instable et insaisissable. De plus, il peut y avoir une hétérogénéité marquée dans la perception et les processus neurophysiologiques associés. ( McGeown et al., 2015 ; Jensen et al., 2017 )

Selon l’American Psychological Association (APA), l’hypnose est définie comme « un état de conscience impliquant une attention concentrée et une conscience périphérique réduite, caractérisé par une capacité accrue de réponse à la suggestion »Elkins et al., 2015 ).


Malgré des recherches approfondies sur l’hypnose, la compréhension des effets neuronaux liés à ce phénomène demeure limitée, laissant ainsi des questions essentielles en suspens quant à l’identification des mécanismes neuronaux sous-jacents à l’induction de l’hypnose et à l’état hypnotique lui-même (Wickramasekera, 2015 ; Pekala, 2016 ; Landry et al., 2017).

Le sentiment d’être conscient, la notion de subjectivité

Tout le monde est-il hypnotisable ? Certaines personnes sont-elles plus hypnotisables que d’autres, ou plus facilement ? Voilà des questions importantes dans la pratique de l’hypnose.

Les mécanismes physiologiques à l’œuvre dans l’hypnose ont été et sont encore régulièrement étudiés. Les résultats issus de ces études ont permis d’objectiver des modifications du fonctionnement cérébral en lien avec la transe hypnotique, mais ils ne permettent pas encore d’expliquer complètement le phénomène.

Avant de parler d’hypnotisabilité, il m’apparaît judicieux de poser certaines bases afin de bien comprendre pourquoi il est si complexe de définir un consensus précis sur ce phénomène. C’est pourquoi j’aimerais dans un premier temps vous exposer certains faits et théories en ce qui concerne les notions de conscience et de subjectivité, qui vous aideront, j’ose l’espérer, à comprendre l’hypnose et ces phénomènes au-delà des mythes.

Afin d’essayer de comprendre l’hypnose, il faudrait évidement définir le fonctionnement de « l’inconscient ». Pour ce faire, la voie incontournable de ce que communément nous nommons « conscience ». Or, celle-ci est déjà extrêmement complexe à appréhender. Le « hard problem of conscioussness » , imaginé par David Chalmers1 et qui désigne le problème de l’origine du contenu subjectif de l’expérience d’un état mental, déclare qu’il sera toujours impossible à la science d’apporter une explication satisfaisante à la question : Qu’est-ce que la conscience?

Par subjectivité, ou conscience, il faut entendre ici très simplement la forme de la première personne, celle qui accompagne toutes les représentations individuelles. Comprenez ici le caractère de ce qui appartient au sujet, à l’individu seul. Il s’agit là du sentiment que nous avons tous d’être un « moi ».

« Qui est « je » ? De quoi parle-t-on lorsqu’on évoque la figure du sujet, d’abord dans le registre grammatical, comme sujet du verbe, et plus largement dans le registre existentiel, comme élément vital qui pousse chaque individu à affirmer une singularité, une existence propre, une volonté d’être reconnu comme un être responsable de ses choix et de ses actes. » (Vincent de Gaulejac, directeur de Laboratoire de changement social).

L’individu, au-delà de ses marges plus ou moins grandes d’autonomie, est avant tout défini par l’intériorisation des normes ou par l’incorporation de schémas d’action. (Danilo Martuccelli, professeur de sociologie à l’Université Paris-Descartes, 2005).

Le philosophe allemand Thomas Metzinger a proposé un cadre représentatif visant à décrire quelques dimensions fondamentales du sentiment d’être conscient.

« Personne n’a jamais été ni n’a jamais eu un soi. […] Le soi phénomène n’est pas une chose, mais un processus – et l’expérience subjective que nous avons tous d’être quelqu’un émerge d’un système d’informations constant qui opère dans le cadre d’un modèle de soi transparent (transparent self-model). […] Ce modèle est transparent : vous ne le voyez pas car vous voyez à travers lui. Vous voyez avec lui. […] Vous vous confondez constamment avec le modèle du soi activé par votre cerveau . » T. Metzinger

La subjectivité repose donc sur un processus, une « fiction temporelle« .

Certes, il y a probablement un caractère objectif de l’individualité, nous portons chacun en nous une histoire extrêmement forte, mais en même temps il y a un travail très volatil qui fait que d’une seconde à l’autre, nous pouvons changer de système de valeurs et recomposer notre vision du monde et heureusement…L’hypnose y aide d’ailleurs d’une manière incroyable qu’il est important de démontrer.

Le sentiment d’être conscient lui se caractérise par plusieurs propriétés :

  • L’individualité (ipséité) correspond à l’expérience de globalité et de stabilité spatio-temporelle du soi (le soi persiste à travers le changement).
  • La perspective individuelle décrit le point de vue du soi relatif aux contenus de conscience. Les objets de conscience sont toujours perçus ou ressentis en relation avec le soi.

Finalement, un sentiment d’appartenance est inhérent à l’expérience.

Certains contenus de conscience sont aussi ressentis comme des propriétés du soi, tels que ceux reliés au corps ( ex : « je ressens de la douleur dans ma main, j’ai mal à la tête…»), aux états mentaux (« je suis attentif, je suis concentré…»), aux états affectifs (« je suis heureux »), ou aux intentions et actions volontaires (« je parle, je fais… »). Ce sentiment d’appartenance que l’on ressent spontanément à propos des actions que notre organisme planifie et effectue ou des efforts mentaux qu’il déploie correspond à la dimension du soi-agent (agentivité).

Nous ressentons spontanément ces phénomènes comme le produit de notre propre volonté.

Neurophénoménologie des états et des contenus de conscience
dans l’hypnose et l’analgésie hypnotique
Pierre Rainville

De plus, il faut prendre en considération que le cerveau est une machine à prédire (cf : cerveau prédictif), il infère un ou des modèles du monde (Rao & Ballard 1999) qui sont mis à jour à partir des expériences, interprétations et servent à donner du sens et imaginer les états futurs du monde. Pour imaginer un événement futur, le cerveau combine spontanément plusieurs fragments de notre passé pour élaborer des scénarios. 

Selon M.Erickson : “Dans toute douleur vécue, il y a les douleurs du passé, l’expérience présente et l’anticipation d’une souffrance future”.

 Sartre expose une comparaison dans L’Être et le Néant : « l’homme existe pour lui-même, il doit lui-même donner un sens à sa vie en s’imaginant dans le futur, il se distingue ainsi des objets qui n’existent qu’en eux-mêmes».

Les données de neuro-imagerie démontrent que des réseaux en partie similaire s’activent lors de la remémoration de souvenir et de l’anticipation du futur (prospection) mais aussi de tâches de théorie de l’esprit (la capacité mentale d’inférer des états mentaux à soi-même et à autrui et de les comprendre, cf : Francis Eustache, chercheur français en neuropsychologie et en imagerie cérébrale, spécialisé dans l’étude de la mémoire et de ses troubles.)

En effet, les hypothèses les plus récentes des neurosciences vont dans le même sens : l’effort de mémoire ou la capacité d’encoder, de conserver et de restituer des souvenirs sollicite dans notre cerveau tout un parcours qui ne se limite pas à la seule région de l’hippocampe. Les neuroscientifiques et psychologues Randy Buckner et Daniel Carroll ont récemment proposé une théorie selon laquelle l’être humain aurait un réseau cérébral spécifiquement sollicité chaque fois qu’il a pour tâche mentale de se projeter ailleurs que le « ici et maintenant ».

Autrement dit, quand on se projette dans le temps, passé comme avenir, quand on se projette dans l’espace, voire quand on se projette dans la pensée d’autrui, c’est bien le même réseau complexe de neurones qui est mis en œuvre, parcourant tout le cerveau et expliquant de ce fait les liaisons étroites entre mémoire et imagination. 

Il semblerait donc que notre cerveau hallucine la réalité et tente de prévoir le futur. Pour paraphraser Boris Cyrulnik, il semblerait que nous nous remémorions l’avenir.

Article associé : https://gammacoachinghypnose.com/hypnose-passe-present-et-futur

Selon Daniel Schacter, de l’université Harvard, c’est la « capacité que nous avons à envisager une expérience en créant mentalement un scénario réaliste associant images, pensées et actions ». La mémoire du futur est composée de nos capacités de projection et de simulation du futur. Elle est alimentée par des souvenirs épisodiques et des représentations sémantiques et elle est guidée par nos objectifs et par le contexte autobiographique. Elle contribue donc grandement à nos prises de décision.

Amazon.fr - La mémoire au futur - Collectif, Eustache, Francis - Livres

Ce mécanisme se met souvent en place lors de phases de repos (activation du réseau cérébral par défaut que nous détaillerons plus tard), les individus se projettent alors mentalement dans une situation les extirpant de la réalité qui les entoure, ils s’abstraient de l’environnement direct pour construire un modèle mental représentant des scénarios alternatifs. En effet, plutôt que de traiter les stimuli externes, la cognition est dirigée davantage sur des introspections, générant des souvenirs personnels, imaginant des événements futurs possibles et réfléchissant sur ses propres émotions et motivations, ainsi que celles des autres.

A savoir que le réseau cérébral du mode par défaut est également sollicité durant l’hypnose (McGeown & al., 2009).

Selon cette « hypothèse de la cognition interne », ce réseau par défaut permet ainsi la construction de modèles mentaux ou de simulations ayant une fonction adaptative et facilitatrice de comportements futurs. Ces simulations seraient donc un moyen d’anticiper et d’évaluer les événements à venir de manière à y réagir le mieux possible, de se construire une « identité stable » au cours du temps et de s’adapter au monde social. 

L’hypnose caractérisée différemment que ce mode par défaut pourrait par contre produire des changements dans celui-ci, ce qui avance des intérêts thérapeutiques majeurs.

On comprend maintenant cette difficulté à inférer «objectivement » des états et des contenus de conscience à d’autres. Celles-ci dépendent de multiples facteurs, extrêmement personnels et mouvants, liés à l’expérience subjective de chaque sujet. La nature phénoménale de l’expérience d’hypnose étant nécessairement un phénomène à la première personne.

Heureusement pour l’avancée de la discipline, il existe une perspective et des mesures davantage « objectivables et reproductibles », relatives aux comportements et réponses physiologiques d’autrui dans l’examen scientifique.

Bien entendu, les études visant à évaluer l’effet clinique de l’hypnose obligent parfois à repenser les standards méthodologiques classiques. Certes il est possible et utile de réaliser des études comparatives randomisées comme je vais exposer plus loin. Néanmoins, on se rend compte que des études qualitatives bien menées sont tout autant indispensables pour déterminer ce que les patients ont vécu subjectivement lors de ces prises en charges.

Ce point de vue subjectif reste à mon sens essentiel compte tenu des cibles thérapeutiques de l’hypnose.

La neurophénoménologie expérientielle (description des phénomènes neurologiques) en particulier dans le domaine de la régulation de la douleur grâce à l’hypnose vise précisément cette intégration en ayant recours aux méthodes phénoménologiques et neurobiologiques, en complémentarité.

En effet pour ce qui est de l’efficacité de l’hypnose à visée antalgique procurée chez des patients douloureux n’est plus à démontrer. L’imagerie cérébrale a permis principalement de mettre en évidence de manière objective les centres cérébraux responsables de la douleur, à savoir :

Les cortex somatosensoriels primaires et secondaires, le cortex insulaire et le cortex cingulaire antérieur.

Les récentes recherches sur la diminution de nociception (c’est à dire l’ensemble des phénomènes permettant l’intégration au niveau du système nerveux central d’un stimulus douloureux via l’activation des nocicepteurs cutanés, musculaires et articulaires) sous hypnose s’accordent sur la place prépondérante du cortex cingulaire antérieur grâce à la modulation de son activité.

LE CERVEAU À TOUS LES NIVEAUX!
https://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_12/i_12_cr/i_12_cr_con/i_12_cr_con.html

L’état d’hypnose

Il n’y a pas de définition unique scientifiquement et universellement validée de l’hypnose, au vue des bases démontrées en amont, il est aisé de comprendre pourquoi.


Cependant, il existe de nombreuses définitions et théories de l’hypnose (M.H Erickson, D. Araoz, L. Chertok, A. Weitzenhoffer, F.Roustang, M.E Faymonville...)

==> L’hypnose ou processus hypnotique correspond à un état particulier de conscience modifiée qui fait intervenir l’attention, l’imagination et la mémoire du sujet.
C’est un processus actif au cours duquel, par idéo-dynamisme (tendance de l’idée à se traduire en acte. Mot créé par H.Bernheim, ex. : l’idée du feu provoque une sensation de chaleur), une suggestion ou idée est donc présentée par l’accompagnateur et déclenche une activité mentale intense, alors que le patient est en état d’absorption ; il est également à la fois acteur et observateur.

Pour être pragmatique, il s’agit d’une expérience subjective par excellence qui nécessite motivation, attention et confiance mutuelle.
Elle est rendue possible grâce à la neuroplasticité, car en effet, la pratique de l’hypnose pourrait favoriser la plasticité cérébrale, ce qui est souhaité en remédiation cognitive (restauratrice et compensatoire).

Chacune des techniques hypnotiques peut être sous-tendue par des processus cognitifs et un fonctionnement neuroanatomique différent.

Comprendre le cerveau pour enseigner - la neuroplasticité
https://apprendreaeduquer.fr/mieux-comprendre-le-cerveau-pour-mieux-enseigner-25-la-neuroplasticite/

(NB : Steve Masson, professeur à l’Université du Québec qui dirige le « Laboratoire de recherche en neuroéducation », explique que le cerveau est comme une forêt : si on marche plusieurs fois dans le même sentier, un chemin va progressivement se créer. Dans le cerveau, il y a création de sentiers de communication entre les neurones. Ces sentiers (connexions neuronales) deviennent de plus en plus efficaces et mènent à l’automatisation des processus liés à une certaine tâche et donc à la résolution plus facile de certains problèmes.)

Cela se fait depuis la nuit des temps, dans toutes les cultures, par le biais de chamanes, guérisseurs, prêtres, etc… A la différence près que l’hypnose se défend, j’ose l’espérer, de toute forme de prosélytisme pour des personnes issues de formations sérieuses.

Concernant l’hypnose en tant qu’outil, bien des définitions lui sont attribuées, certaines très sérieuses d’autres complètement fantasques, je vais vous partager ma propre interprétation et j’aimerais vous assurer qu’il s’agit ici d’UN paradigme et non pas DU paradigme et ne se prévaut d’aucune hégémonie exclusive. :

La pratique hypnotique orientée thérapie est l’application d’une technique relationnelle visant par des suggestions à contourner le facteur critique d’un individu en altérant ses perceptions subjectives (état modifié de conscience), ses sens, son attention et son auto référence, dans le but d’activer certaines ressources de son imaginaire afin de remodeler ses cohérences, ses apprentissages et représentations, construites auparavant par un ensemble de facteurs internes et externes. Par cet outil, il est possible d’offrir de nouvelles perspectives et un champ des possibles beaucoup plus vaste en se permettant de réarticuler la santé psychique de l’individu.

Si l’hypnose est utilisée de manière « éthique », elle visera à respecter les besoins, valeurs et affects de « chaque partie » de l’individu sans chercher à diviser davantage les paradoxes inhérents au conscient et à l’inconscient mais au contraire en s’inscrivant dans une philosophie de complétude cohérente, harmonique, entre les diverses facettes de sa personnalité. (Sylvain Gammacurta, Au-delà de la raison 2022)

Il est important aujourd’hui de comprendre que l’état hypnotique n’est pas un “lâcher prise”, les réseaux neuronaux et les zones du cerveau liés à la concentration et l’attention focalisée sont impliqués. L’hypnose permet une modulation active « top-down » (du haut vers le bas, renvoyant au traitement d’un stimulus perçu fondé sur les connaissances et expériences passées) de l’expérience sensorielle y compris la douleur et l’anxiété.

En savoir plus sur les processus top/down : https://gammacoachinghypnose.com/hypnose-hypnologie-philosophie-et-strategies

C’est un état qui, à mon sens, demande donc d’être actif, ouvert à la suggestion, engagé, curieux et d’être réactif… Sinon il est possible que pas grand-chose ne se passe.

Pour citer Irving Kirsch professeur de psychologue à l’université de Hull, en Grande-Bretagne : 

« Les sujets doivent faire des choses pour que l’hypnose se produise, le fait de rechercher passivement pour qu’elle se produise n’est pas une bonne stratégie… Si vous dites uniquement à vos sujets qu’ils peuvent simplement se détendre et laisser faire, alors vous réduisez probablement votre efficacité… »

La neuro-imagerie fonctionnelle (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle IRMf et tomographie par émission de position PET scan) a permis d’objectiver des fonctionnements cérébraux spécifiques de la tâche expérientielle demandée pendant le processus hypnotique (connectivité), lui conférant ainsi sa légitimité scientifique dans le domaine médical.

NB : Concernant les essais cliniques, on retrouvera des risques de biais communs aux essais médicamenteux et d’autres limites méthodologiques plus spécifiques à l’évaluation de l’hypnose. Parmi les risques de biais communs à toute évaluation, nous pouvons citer le risque de biais de sélection, suite notamment à une randomisation inadéquate.

Des résultats d’études (Marie Elisabeth Faymonville 1999) montrent l’activation de plusieurs zones, principalement du côté gauche, durant la transe hypnotique. Les aires corticales au niveau occipital, pariétal, précentral, prémoteur et les parties ventro-latérales du cortex préfrontal sont activées. Quelques régions du côté droit présentent aussi une activation exacerbée durant l’hypnose au niveau occipital et le cortex cingulaire antérieur.

La transe hypnotique montre de grandes similitudes avec l’activation cérébrale observable lors des phénomènes d’imageries mentales, état de veille (pré sommeil)* et mode par défaut, cependant, à l’inverse de ces derniers, le précuneus, situé à l’arrière de notre cerveau, sur la face interne du lobe pariétal ne semblerait pas activé lors de l’hypnose.

*+/- prépondérance d’ondes alpha, comme dans l’état de pré-sommeil : WOOD, C., MICHAUX, D., Physiologie de l’hypnose ou Neurophénoménologie de l’hypnose : L’Hypnose médicale, 2ème Ed., MED-LINE Editions, Paris, 2012

Une étude réalisée par Pierre Rainville décrit les zones cérébrales actives sous hypnose. Son équipe utilise aussi la TEP qui va permettre la mesure du débit sanguin au niveau cérébral. Les résultats de ces études montrent une augmentation de l’activité au niveau du cortex occipital, dans la partie caudale du cortex cingulaire antérieur droit et au niveau du gyrus frontal inférieur. A contrario, des diminutions du débit sanguin cérébral ont été observées au niveau du lobe pariétal inférieur droit, du précunéus gauche et du gyrus cingulaire postérieur.

Selon les chercheurs, l’augmentation des activités au niveau des parties occipitales entraîne une altération de la conscience et une facilitation de l’imagerie mentale grâce au cortex visuel.

Durant l’hypnose il existe « une altération » de plusieurs aspects spécifiques de l’expérience consciente et subjective écrite précédemment. Ces changements trouvent leur correspondant neurobiologique dans des structures clés du système nerveux impliquées dans la représentation de soi et dans la régulation de la conscience.

https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-01381299/document

Rainville Pierre. Neurophénoménologie des états et des contenus de conscience
dans l’hypnose et l’analgésie hypnotique.

En d’autres termes, l’état hypnotique contribue à faciliter la transformation expérientielle des contenus de conscience.

Pour cela, il existe au moins 4 facteurs déterminent qui rentre en jeu:

  • L’induction hypnotique
  • La susceptibilité hypnotique (activité cérébrale, motivation, engagement…)
  • Suggestion hypnotique
  • Capacité à faire preuve d’imaginaire*

* »Lorsque la psyché, sous le coup de l’imaginaire, prend le dessus sur la réalité, le cerveau suit et s’adapte, allant même jusqu’à une réorganisation des circuits neurologiques en fonction de la nouvelle réalité induite : c’est la plasticité cérébrale » (Bach-y-Rita, 2003). De plus, les travaux de E.Hilgard (1970), vont dans le sens d’une confirmation que l’engagement imaginatif est un élément constituant de l’expérience hypnotique. Les sujets qui ont une aptitude à partir facilement dans leur imaginaire seraient plus sensibles aux suggestions.

Ceci n’est pas sans rappeler le travail de Henry Corbin repris par Cynthia Fleury sur l’Imagination créatrice :

Arche Hypnologie : Henry Corbin et l’imaginal 2017 : « Vers une imagination agente » Cyrille Champagne

Attention néanmoins, l’hypnose utilise l’imagination et la mémoire mais elle n’est pas de l’imagination ou de la remémoration !

NB : Ce que ces études sembles démontrer, c’est que « faire l’expérience de » quelque chose n’est pas la même chose, pour le cerveau, que d’« imaginer » la même chose, et que l’hypnose se rapproche davantage du pattern de « faire l’expérience de » que de l’« imaginer ». Ce que la suggestion hypnotique crée est un « effet de réel » qui manque à la simple l’imagination. En cela, elle peut être rapprochée de l’effet placebo, dont le pouvoir suggestif dépend étroitement des conditions de son administration.

« A mi-chemin entre le travail de l’historien, fondé sur la rigueur des faits et celui du conteur, qui embellit ou dramatise pour provoquer l’émotion et déchaîner les passions, l’individu, par le biais de l’hypnose, devient acteur et auteur de sa vie, il reprend les choses en main. » (Sylvain Gammacurta, Au-delà de la raison, 2022)

Advenir en tant que sujet, c’est apprendre à faire la part des choses entre « la prise de conscience réaliste », du poids des déterminations multiples et le désir d’être son propre créateur, d’agir sur son devenir et transformer son propre contexte de vie dans la mesure du possible.

Une grande partie de la population s’imagine que l’hypnose permet d’accéder aux souvenirs inconscients ou d’améliorer les performances mnésiques alors que cette croyance est très loin d’être fondée, la mémoire étant naturellement fragile et incertaine.

Si parfois les hypnothérapeutes aident les sujets à explorer les événements passés, cet pratique doit être mené en prenant un grand nombre de précautions dans son application, d’où l’importance d’une connaissance importante de la psychologie pour le praticien. La suggestion étant indubitablement associée à un taux élevé de « faux souvenirs » qui peuvent orienter plus ou moins fortement le système d’interprétation du sujet.

Malgré ces résultats intéressants démontrant la phénoménologie de l’hypnose sur le plan scientifique, ce qui rend ces études encore une fois hautement subjective réside dans le fait que les paradigmes et méthodes différent selon les chercheurs. Comment arriver à des résultats semblables en passant par des chemins différents ? Comment parler objectivement « d’état hypnotique » si les concepts régissant cet état ne sont pas similaires ? La comparaison de ces travaux me semble donc difficile mais néanmoins hautement complémentaire et prouve que l’étude de l’hypnose reste un sujet ouvert et d’une largeur infini.

Ainsi, on connaît actuellement les zones activées durant le processus hypnotique mais le mécanisme neurobiologique responsable de l’hypnose reste encore inconnu.

Pour faire un parallèle intéressant sur le sujet, l’hypnose à l’instar de l’art (peinture, livre, film, musique…) dépend hautement de la sensibilité et de la subjectivité du sujet ainsi que du style employé de l’hypnotiseur, ses croyances, ses inductions, suggestions… Sans parlé du rapport entre les deux personnes, le contexte et toutes les variables qui ont leur importance.

Hypnologie ARCHE hypnose, extrêmement complexe à mettre en place dans le domaine de l’hypnose, d’où les notions de subjectivité invoquées en début d’article.
Faymonville M-E, Boly M, Laureys S. Functional neuroanatomy of the hypnotic
state. J Physiol Paris. juin 2006;99(4-6):463‐9.

En 2015, un rapport d’expertise de l’Inserm a évalué l’efficacité de cette technique en analysant les conclusions de 52 essais cliniques menés pour diverses pathologies. Concernant les données d’efficacité obtenu lors des multiples approches scientifique en charge d’étudier l’hypnose, on pourra retenir les éléments suivants :

De nombreuses études présentent des résultats convergents, indiquant que l’utilisation de l’hypnose, notamment lors d’une intervention chirurgicale ou lors d’un acte de médecine ou radiologie interventionnelle permet de diminuer sans équivoque la consommation de sédatifs et/ou d’antalgiques en peropératoire.

La littérature recense plusieurs méta-analyses s’étant intéressées à l’efficacité de l’hypnose utilisée comme méthode additionnelle en chirurgie et/ou médecine interventionnelle, par exemple (Tefikow, Barth et al. ; Montgomery, David et al. 2002), mais qui ne permettent pas non plus de formuler des conclusions claires. A titre d’illustration, la méta-analyse de Tefikow (Tefikow, Barth et al.), publiée en 2013 dans Clinical Psychology review, incluait 34 essais (2597
patients) et montrait un bénéfice de l’hypnose sur plusieurs critères de jugement : la détresse émotionnelle, la douleur, la consommation médicamenteuse, les paramètres physiologiques, le temps opératoire, le rétablissement.

On peut affirmer aujourd’hui, compte-tenu des essais publiés, que l’hypnose est efficace ou probablement efficace :

  • Comme cité précédemment, dans la consommation d’analgésiques ou de sédatifs au cours de gestes brefs de chirurgie
    (biopsie mammaire, IVG, soins dentaires…) ou de radiologie interventionnelle (domaine où les
    résultats sont les plus sûrs).
  • Pour la diminution des symptômes de l’intestin irritable et de la dyspepsie ainsi que pour réduire les bouffées de
    chaleur de la ménopause.
  • Egalement sur le syndrome de stress post-traumatique, et autres notions comportementales.

Cependant,il faut noter aussi que la réalisation et l’interprétation de ces méta-analyses est rendue délicate par l’hétérogénéité à la fois des interventions et des critères de jugement. A noter que pour des patients motivés pour cette prise en charge, avec des praticiens maîtrisant la méthode, il est vraisemblable que l’effet de l’hypnose soit supérieur aux effets estimés dans les différentes études.

MODE PAR DÉFAUT : PAS DE REPOS POUR NOTRE CERVEAU

Durant de nombreuses années, les neuroscientifiques ont pensé que les circuits cérébraux étaient « inactifs » au repos.

Néanmoins, les récentes études en imagerie ont montré que l’activité cérébrale augmentait paradoxalement de 70 % par rapport à une activité exécutive.

Marcus Raichle, un neurologue américain, à étudier ce phénomène est l’à nommé « le Mode par Défaut » (activité intrinsèque organisé). Ce type de fonctionnement est un processus dynamique d’activité de certaines régions cérébrales en dehors de toute activité exécutive.

Ce fonctionnement est ainsi lié à la pensée, rêverie diurne, mémoire épisodique, ou conscience de soi. Les relais majeurs du mode par défaut sont le cortex préfrontal médian (qui gère habituellement les différents aspects de notre état émotionnel ainsi que la façon d’imaginer ce que pense autrui) et le cortex pariétal médian (gyrus angulaire, précuneus antérieur gauche, cortex cingulaire postérieur, région médiane préfrontale, cortex cingulaire antérieur, sulcus médian frontal, sulcus supérieur gauche, et cortex orbito· frontal gauche).

Pour porter son attention vers le monde, il faut donc éteindre une partie du soi, donc désactiver ce Mode par Défaut.
L’activité de ce mode est alors anti-corrélée avec l’activité des structures impliquées dans les mécanismes attentionnels aux stimuli extérieurs. Il existe une alternance estimée à trois fois par minute où les structures corticales impliquées dans les processus attentionnels vont s’activer périodiquement, ce qui déclenche l’inactivation des centres corticaux du Mode par Défaut.

Ce processus a comme conséquence la« sortie de la rêverie», la vérification du monde extérieur et/ou intérieur, ou la préparation de la focalisation sur une tache exécutive.

Grâce à l’induction hypnotique, il est possible de modifier le fonctionnement habituel du Mode par Défaut et d’activer les régions attentionnelles préfrontales, habituellement silencieuses en Mode par Défaut (Quinton Deeley 2012). Le Mode par Défaut lors de l’hypnose montre une augmentation de la connectivité dans sa partie antérieure et une diminution des connexions postérieures et parahippocampiques probablement liées à une conscience de soi altérée et à l’amnésie post-hypnotique.

(Sources : DOSSIER – INCONSCIENT, Silvia Morar, neurochirurgienne, référente au Centre de Coordonnation des Maladies Rares. Enseignante de l’hypnose et l’hypnoanalgésie à Université Paris Sud)

Action de l’hypnose sur la douleur


La douleur est une sensation subjective, une expérience sensorielle, mais également une expérience émotionnelle.

Règle des trois tiers de M. Erickson, père de l’hypnose ericksonienne:

  • 1/3 de douleur réelle
  • 1/3 d’anticipation
  • 1/3 de souvenir

 » La douleur du moment est augmentée de la douleur du passé et majorée par la possibilité de la douleur à venir. » (TOME 4-p.309).

Lors de la perception d’un ressenti douloureux, l’information passe par les fibres nerveuses (neurones primaires), transite par la moelle épinière vers le thalamus, qui va se charger de traiter les informations sensorielles et de les envoyer vers les différentes régions du cerveau concernées (centre d’intégration des données sensitives et des traumas).

Il n’y a pas de douleur jusqu’à ce qu’elle n’atteigne le cerveau !

Le signal douloureux est véhiculé par des fibres C, celui du toucher pat des fibres A-bêta, ces dernières possédant un signal plus rapide (c’est pourquoi se frotter une zone douloureuse « calme la douleur »). Il existe également des neurones qui inhibent les messages douloureux venant des nerfs périphériques.

L’action de l’hypnose sur la douleur a été étudiée depuis les années soixante. Il a d’abord été démontré qu’il y avait un lien entre le degré d’ hypnotisabilité et le niveau d’antalgie ; puis que l’hypnoanalgésie était indépendante du système opioïde endogène ; que l’hypnose avait un effet neurophysiologique spécifique en plus de l’effet placebo, que cet effet était indépendant de l’effet relaxant de l’hypnose.

(Del Casale A, Ferracuti S, Rapinesi C, Serata D, Caltagirone SS, Savoja V, et al. Pain Perception
and Hypnosis: Findings From Recent Functional Neuroimaging Studies. International Journal of
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inductions on cold pressor pain. Journal of Abnormal. Journal of Abnormal Psychology.
1991;223‑6.
)


C’est plus récemment avec le développement de la neuroimagerie qu’il a été mis en évidence l’action spécifique de l’hypnose sur les régions cérébrales impliquées dans la modulation de la perception de la douleur (domaine le plus étudié à ce jour, c’est pourquoi j’ose m’appuyer particulièrement sur celui-ci, plus de 2000 publications) :

  • le cortex cingulaire antérieur en premier lieu
  • les cortex préfrontal
  • insulaire et somatosensoriel.
file:///home/chronos/u-3d3f1b6f1e0efee27b1aa649005fddb1d3eca550/MyFiles/Downloads/2017-2018_Analgesie_par_technique_hypnotique_de_reification-Adrien_Marteau.pdf


« Il existe une représentation consciente de la douleur, et celle-ci permet des évocations épisodiques et sémantiques du contexte de la douleur aiguë, en particulier dans les composantes émotionnelles. La douleur qui se répète peut se « sémantiser ». Cette expérience procédurale a des conséquences variables sur la gestion douloureuse : positive parfois lorsque des stratégies analgésiques sont déclenchées efficacement, négatives en cas d’anticipation anxieuse ou de comportements acquis de renforcement douloureux (kinésiophobie du lombalgique…). Par ailleurs, il existe un stockage sensoriel implicite de la douleur.

Cette complexité des liens de la douleur avec le langage, l’émotion, la biographie et les facteurs culturels rend l’étude de la mémorisation d’un fait douloureux complexe et différente des modèles de la neuropsychologie expérimentale qui va s’intéresser au rappel d’une histoire ou d’une figure. On assiste depuis quelques années à un foisonnement de travaux sur l’aspect cognitif de la douleur et son intégration corticale : longtemps contingentée à la moelle ou au tronc cérébral, la neurophysiologie de la douleur aborde désormais les contrôles corticaux et les fonctions telles que l’attention, l’anticipation, le langage et la mémoire.« 

(Mémorisation de la douleur, B. Laurent , M. Navez , C. Nuti , http://jpmiss2.free.fr/Divers/SFAR_2006/ca06/html/ca06_04/ca06_04.htm)

Ainsi l’hypnose permet de dissocier et de traiter distinctement par des suggestions différentes les deux composantes de la douleur : sensori-discriminative (l’intensité, la localisation et la dynamique spatiotemporelle de la douleur), et affective (les émotions associées à cette sensation).

L’hypnose va donc permettre d’entrer dans une forme de processus d’imaginaire qui prend corps dans l’expérience du patient, lui permettant de modifier ses perceptions (dont la douleur), ses sensations (dont la pénibilité), et donc in fine sa réalité.
L’hypnose n’est donc pas qu’une simple distraction ou un détournement de l’attention, elle peut être caractériser par une dynamique de création cognitive s’inscrivant dans la réalité.

Action de l’hypnose sur la subjectivité

La neuro-imagerie actuelle a révélé des corrélats neuronaux étonnamment similaires dans des expériences faisant correspondre les symptômes fonctionnels avec des analogues cliniques créés par suggestion. Les modèles intégratifs de symptômes suggérés et fonctionnels considèrent ces altérations de la fonction cérébrale comme le point final d’un ensemble plus large de changements dans le traitement de l’information dus à la suggestion.

Ces récits considèrent que les suggestions restructurent l’expérience en mobilisant les représentations des systèmes de mémoire et en modifiant les attributions causales au cours du traitement préconscient qui réagence de ce fait le contenu de ce qui est fourni à notre version subjective du monde hautement éditée.

L’hypnose en tant que modèle pour les symptômes fonctionnels attire l’attention sur la façon dont des altérations radicales de l’expérience et du comportement peuvent se conformer au contenu des représentations mentales par le biais d’effets sur la cognition et la fonction cérébrale.

L’étude expérimentale des symptômes fonctionnels et de leurs équivalents suggérés en hypnose révèle les processus distincts et partagés par lesquels cela peut se produire.

Deeley Q. Hypnosis as a model of functional neurologic disorders. Handb Clin Neurol. 2016;139:95-103. doi: 10.1016/B978-0-12-801772-2.00009-6. PMID: 27719881.

Si il est alors possible d’induire, grâce à l’hypnose et la suggestion des symptômes psychiques en tout point équivalent à une pathologie clinique, cela prouve en effet qu’il soit possible par des processus inverse de modifier le fonctionnement cérébrale et subjectif d’un sujet enclavé dans certains troubles.

L’induction hypnotique

Les procédures « classiques » d’induction hypnotique incluent des procédures dont l’objectif est l’état hypnotique et là aussi, les techniques et résultats peuvent énormément différer. Parmi les techniques les plus couramment utilisées, nous retrouvons :

  • Absorption mentale
  • Fixation visuelle
  • Pré-talk (pose de cadre), utilisation du système prédictif
  • Préparation de réponse « automatique »
  • Suggestions directes et indirectes
  • Changement dans l’intéro- et extéroception
  • Dissociation* (« la séparation de certains processus mentaux du corps principal de la conscience survenait avec différents degrés d’autonomie » Ernest R. Hilgard,1992)
  • Saturation sensorielle, rupture de pattern …

Nb* : « Le mot dissociation, introduit par Pierre Janet dans le cadre de sa théorie de la désintégration mentale, joue aujourd’hui un rôle central, tant dans la psychologie que dans la psychiatrie. Il est également souvent employé pour désigner le mécanisme mental qui permet l’entrée en hypnose » (Didier Michaux, in « Hypnose et dissociation psychique« , 2006)

A savoir qu’il est également possible et très intéressant selon moi de croiser les techniques, tester et repérer ce qui semble le plus pertinent à l’instant T pour le sujet. Suite à ces inductions s’installe alors généralement une désorientation, plus ou moins forte, dans le temps et l’espace, c’est-à-dire une perte de la notion du temps et une diminution de l’intérêt pour l’environnement immédiat.

Les sujets hypnotisés déclarent bien souvent un sentiment d’automaticité qui caractérise leurs réponses mentales, physiques et comportementales (geste idéomoteur, fluidité des pensées, phénoménologie altérée de l’agentivité, régulation top-down, catalepsie, distorsion temporelle, somnambulisme, analgésie, relaxation etc…).

Lorsqu’un hypnothérapeute suggère à un sujet sous hypnose par exemple de lever un bras (lévitation de la main), ce dernier le fera par une forme d’automatisme : chez les individus qui répondent le mieux à l’hypnose, le mouvement du bras est perçu comme une réponse involontaire, guidée par une autre personne qu’eux-mêmes, c’est ce que l’on nomme le sentiment de perte d’agentivité.

« L’IRM nous a permis de constater qu’une région en jeu dans l’effet hypnotique est l’opercule pariétal. L’activité de cette région est proportionnelle au sentiment d’automaticité rapporté par les participants. » (Pierre Rainville).

En bref, l’expérience subjective qui caractérise l’état physique ou mental propre du sujet et donc ses représentations de lui-même, de sa volition et du monde semblent se modifier.

Dans l’illustration suivante, nous pouvons examiner rapidement les modifications perçues lors de l’absorption et la dissociation entre les systèmes de contrôle et de supervision :

https://docplayer.fr/90333577-Vers-une-science-de-l-hypnose-de-plus-en-plus-en-complexe-mathieu-landry-institut-neurologique-de-montreal-universite-mcgill.html

C’est en regardant l’activité de 3 réseaux différents dans le cerveau, le réseau par défaut, le réseau de contrôle exécutif impliqué dans la prise de décisions et le réseau de saillance, impliqué dans la hiérarchisation, que les chercheurs ont constaté que les participants les plus hypnotisables montrent une plus grande co-activation entre les réseaux de contrôle de l’exécutif et de saillance.

Plus précisément, dans le cerveau de ces participants, le cortex préfrontal dorsolatéral gauche, une région associée au contrôle exécutif, s’active en tandem avec le cortex cingulaire antérieur dorsal, une région impliquée dans le réseau de saillance et qui joue un rôle en mettant l’accent sur l’attention.

En effet, les dimensions modifiées ne décrivent pas des contenus de conscience spécifiques mais témoignent d’une modification de la représentation du soi : relaxé, absorbé, peu orienté dans le temps et l’espace, ainsi que le sens de soi (Price 1996), et qui ressent ses actes de pensée, son herméneutique et ses comportements plus ou moins comme des automatismes.

A la suite de l’induction, certains chercheurs ont théorisé les différentes phases que nous rencontrons dans une séance d’hypnose classique. (Salem et Bonvin, 2012)

Nous pourrions facilement rajouter quelques étapes si nous voulions décrire une séance « type » d’hypnothérapie :

  • Anamnèse : objectif S.M.A.R.T (spécifique, mesurable, atteignable, réaliste, temporel)
  • Pré-préparation
  • Pré-talk
  • Exercices de disponibilités
  • Induction
  • Approfondissement, absorption, dissociation…
  • Transformation, travail de changement
  • Intégration/Appropriation
  • Futurisation
  • Émergence/Retour
  • Suggestions post-hypnotiques
  • Programmation, prescription de tâches, auto-hypnose
  • Débriefing…
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Exemples de suggestions utilisées en hypnoanalgésie :

  • Relaxation musculaire
  • suggestions directes (anesthésie, engourdissement…)
  • Suggestions indirectes (confusion, dissociation, déplacement…)
  • Suggestions métaphoriques (réification, métaphore, clean language…)
  • Souvenir hypnotique

Méthodes utilisées : L’imagerie cérébrale

Il convient avant de conclure de détailler la méthodologie employée dans l’argumentation ci-dessus, à savoir :

  • La tomographie par émission de positons (TEP scan)
  • L’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle (IRMf)

La TEP et l’IRMf procurent des mesures indirectes de l’activité cérébrale par l’évaluation des variations du débit sanguin régional dans le cerveau (ou de l’activité
métabolique). Elles reposent sur le couplage fiable entre l’activité neuronale et l’augmentation circonscrite dans le temps et l’espace du débit sanguin.

Dans le cas de la TEP, une faible dose d’un traceur radioactif de courte demi-vie est administrée, généralement par voie intraveineuse, et les niveaux d’émission radioactive provenant des différentes régions du cerveau sont mesurés dans les secondes et les minutes qui suivent et attestent de la distribution du débit sanguin. Le traitement numérique des données va permettre l’élaboration de coupes anatomiques qui juxtaposées vont permettre une reconstruction en 3 dimensions de l’anatomie du patient.

En ce qui concerne l’IRMf, l’hémoglobine du sang joue le rôle de traceur intrinsèque et permet d’évaluer les changements dans le débit sanguin régional.

La fusion des images d’activation avec des images anatomiques précises du cerveau permet d’identifier les structures sous-corticales de même que les régions corticales qui sont activées.
Par contre, la résolution temporelle de ces méthodes (TEP: 40-90 s ; IRMf : 100-3000 ms) est limitée par les propriétés de la réponse hémodynamique suite à l’activation neuronale (délai hémodynamique de plusieurs secondes) et par des aspects techniques inhérents à ces méthodes.


Suggestibilité et hypnotisabilité


A la suite de toutes ces explications, vous pouvez constater que tout le monde est hypnotisable, néanmoins à des niveaux différents selon la sensibilité individuelle, le rapport au praticien, l’enjeux, l’engagement et à la technique hypnotique employée…


Les chercheurs ont donc également exploré la suggestibilité, une notion cruciale dans le processus hypnotique.

« La suggestibilité désigne la façon dont une suggestion est entendue et agit » (Bernheim, 1916).

L’hypnose est une facilitation spectaculaire de la suggestibilité, en s’appuyant sur une procédure qui promeut une plus grande disponibilité des représentations mentales (limitation de la pensée spontanée, extinction des stimuli environnementaux) et une ambiance culturelle qui dicte un comportement (l’hypnose comme mythe et symbolisme qui y sont associés).

1/ Physiologie

Physiologiquement chez les patients ayant un « fort degré d’hypnotisabilité », il semblerait que les connexions fonctionnelles sont meilleures entre le cortex préfrontal dorsolatéral gauche (impliqué dans les processus de contrôle de l’exécution) et le réseau neuronal comprenant le cortex cingulaire antérieur et la partie antérieure de l’insula (jouant un rôle dans la détection, l’intégration et le filtrage des informations émotionnelles).

Faymonville M-E, Boly M, Laureys S. Functional neuroanatomy of the hypnotic state. J Physiol Paris. juin 2006.


Les scientifiques ont également mis en évidence une autre particularité intéressante au niveau des bases cérébrales du phénomène d’hypnotisabilité.

Les sujets hautement hypnotisables présentent un rostrum du corpus callosum (corps calleux) plus développé (32%) que les sujets peu hypnotisables. Les personnes hautement hypnotisables présentent apparemment un corps calleux plus volumineux et donc une communication inter-hémisphérique accrue.

Le corps calleux est une sorte de pont reliant entre elles les moitiés (hémisphères) gauche et droite du cerveau et permettant le passage de l’information d’un côté à l’autre.

Cette zone est connue pour son implication dans l’attribution de l’attention et le transfert des informations entre les cortex préfrontaux. Ces résultats viendraient conforter l’idée que les personnes répondant le plus facilement aux suggestions hypnotiques auraient un système facilitant l’attention au niveau frontal. Une autre étude (Hellige et al.1998), montre que plus le corps calleux est épais, plus les hémisphères travaillent isolement.

L’épaisseur du corps calleux serait corrélée au degré d’inhibition interhémisphérique (Clarke, Lufkin, & Zaidel,1993).

Ainsi, les sujets « hautement hypnotisables », auraient un meilleur degré d’inhibition inter-hémisphérique. Un cerveau qui accepte et agit lors d’une une suggestion, est capable d’activer certaines zones d’un hémisphère sans que l’autre hémisphère soit « au courant », et de ce fait n’inhibe que ce qu’il considère comme non pertinent. Le monitoring (qui à donner une image particulière aux autres) semble désactivé.

L’inhibition de ce monitoring provoque une meilleure intégration des suggestions.

Tout le monde est hypnotisable, cela est un processus naturel que tout le monde expérimente au cours de sa vie, néanmoins tout le monde n’a vraisemblablement pas la même sensibilité aux suggestions. En effet, l’aptitude du cerveau à recevoir des idées et sa tendance à les réaliser, à les transformer en acte est différente chez chacun de nous.

Certains auteurs supposent que la sensibilité à la suggestion serait tributaire des capacités attentionnelles* des sujets (voire de leur profil neuropsychologique
notamment la fonctionnalité de leurs fonctions exécutives).

NB* : A noter que l’hypnose est un bon outil pour examiner l’influence des processus top-down sur les processus bottom-up, notamment la dé-automatisation comme le montre une étude de Raz (2011) avec le test de Stroop. Grâce à une suggestion, « vous voyez une série de lettres qui ressemble à un charabia écrit dans une langue étrangère inconnue », la sensibilité aux interférences est réduite ou même éliminée chez des sujets hautement hypnotisables.

De fait, la suggestion hypnotique peut avoir des effets sur des processus automatiques. Dans ce test, le sujet qui doit nommer la couleur dans laquelle le nom d’une couleur est écrite, le fait avec plus de difficulté lorsque les deux informations diffèrent (par exemple, le mot « vert » est écrit en rouge) car il doit contrôler l’interférence de la lecture automatique. Sous l’effet d’une suggestion hypnotique, cette interférence disparaît et les conditions congruentes, couleur et mot sont identiques, et incongruentes, couleur et mot diffèrent, sont traitées à la même vitesse.

Raz A, Shapiro T, Fan J, Posner MI. (2002) “Hypnotic suggestion and the modulation of Stroop interference”. Arch. Gen. Psychiatry 59:1155-1161 et Lishitz M, Aubert-Bonn N, Fischer A, Kashem IF, Raz A. (2013) “Using suggestion to modulate automatic processes : from Stroop to McGurk and beyond”.

2/ Personnalité, attentes et contexte

On constate alors que le tout est différent de la somme de ses parties. (principe fondateur de la Gestalt-thérapie).

La théorie souligne aussi qu’une partie dans un tout est autre chose que cette même partie isolée ou incluse dans un autre tout – puisqu’elle tire des propriétés particulières de sa place et de sa fonction dans chacun d’entre eux.

Pour comprendre un comportement ou une situation, il importe donc, non seulement de les analyser, mais surtout, d’en avoir une vue synthétique, de les percevoir dans l’ensemble plus vaste du contexte global, avoir un regard non pas plus « pointu » mais plus large : le « contexte » est souvent plus signifiant que le « texte ».

Un exemple du philosophe Jean-Paul Sartre, influencé par la Gestalttheorie, permet de bien comprendre cela :

« J’ai rendez-vous avec Pierre à quatre heures. J’arrive en retard d’un quart d’heure : Pierre est toujours exact ; m’aura-t-il attendu ? Je regarde la salle, les consommateurs, et je dis : « Il n’est pas là. » (…) « J’ai tout de suite vu qu’il n’était pas là »… Il est certain que le café, par soi-même, avec ses consommateurs, ses tables, ses banquettes, ses glaces, sa lumière, son atmosphère enfumée, et les bruits de voix, de soucoupes heurtées, de pas qui le remplissent, est un plein d’être. Et toutes les intuitions de détail que je puis avoir sont remplies par ces odeurs, ces sons, ces couleurs… Mais il faut observer que, dans la perception, il y a toujours constitution d’une forme sur un fond. Aucun objet, aucun groupe d’objets n’est spécialement désigné pour s’organiser en fond ou en forme : tout dépend de la direction de mon attention. Lorsque j’entre dans le café, pour y chercher Pierre, il se fait une organisation synthétique de tous les objets du café en fond sur quoi Pierre est donné comme devant paraître… Chaque élément de la pièce, personne, table, chaise, tente de s’isoler, de s’enlever sur le fond constitué par la totalité des autres objets et retombe dans l’indifférenciation de ce fond, il se dilue dans ce fond. Car le fond est ce qui n’est vu que par surcroît, ce qui est l’objet d’une attention purement marginale. (…) Je suis témoin de l’évanouissement successif de tous les objets que je regarde, en particulier des visages, qui me retiennent un instant (« Si c’était Pierre ? ») et qui se décomposent aussi précisément parce qu’ils « ne sont pas » le visage de Pierre. Si, toutefois, je découvrais enfin Pierre, mon intuition serait remplie par un élément solide, je serais soudain fasciné par son visage et tout le café s’organiserait autour de lui, en présence discrète »

— Jean-Paul SartreL’Être et le Néant (1943). (Source : Wikipédia)

L’hypnotisabilité ne dépend donc pas seulement d’attributs physiologiques. En effet, certains facteurs tels que la personnalité, le contexte, l’expérience, l’entraînement (comme un entraînement régulier à la relaxation, méditation, à l’autohypnose ou au neuro-feedback) permettent aux sujets d’augmenter leur sensibilité à la suggestion (Batty, Bonnington, Tang, Hawken et Gruzelier, 2006), l’éducation, l’enjeux, l’état émotionnel, le contexte, la relation thérapeutique, les attentes (du sujet mais également de l’opérateur cf : effet pygmalion) et encore un grand nombre de variantes socioculturelles peuvent diminuer ou augmenter la production de phénomènes.

Il a été observé que la sensibilité à la suggestion d’une personne est positivement corrélée à certains traits de comportement comme l’impulsivité, c’est-à-dire à sa propension à agir sous la férules d’impulsions qui n’engagent pas de réflexion particulière (cf. Ludwig, Stelzel, Krutiak, Prunkl, Steimke, Paschke, Kathmann et Walter, 2013).

Certains traits de personnalité sont prédictibles d’hypnotisabilité (Cojan – Vuilleumier), on peut y relever :

  • L’absorption (capacité à se couper du monde extérieur et à se centrer sur ses sensations immédiates)
  • La prédisposition à la fantaisie et à l’empathie.
  • Capacité attentionnelle et capacité à conserver son attention focalisée sur une image, une sensation ou un objet.
  • L’attitude du sujet, l’attitude de l’expérimentateur, la tonalité de la relation entre les deux protagonistes.

Enfin, le degré d’hypnotisabilité est corrélé à l’effet exercé par le sujet sur « le pendule de Chevreul ». Il s’agit de la possibilité pour un pendule suspendu au-dessus d’une cible d’être animé de mouvements circulaires, apparemment autonomes. Dans son ouvrage, De la baguette divinatoire, du pendule dit explorateur et des tables tournantes (1854), Michel-Eugène Chevreul, concluait que la force censée s’exercer sur le pendule pour le faire tourner résultait en réalité de petits mouvements musculaires effectués à l’insu des sujets et dont la cohérence était due à une forme d’autosuggestion.

Derbyshire SWG, Whalley MG, Stenger VA, Oakley DA. (2004) “Cerebral activation during hypnotically induced and imagined pain”. Neuroimage 23:392-40

En ce qui concerne les attentes (de l’hypnotiseur et de l’hypnotisé), il a était prouvé qu’elles offrent une variation notable des phénomènes hypnotique, bien plus que la procédure elle-même ou encore les capacités d’imagination du sujet (response set théorie : Kirsch, Council, Mobayed 1987). En cela des technique dites « d’amorçage’, c’est à dire d’implémentation d’attentes au niveau de règles contextuelles qui prépare les interprétations d’informations (cognitive set) et les actions (response set)s’avère être primordiale pour augmenter l’hypnotisabilité.

Les approches scientifiques de l’hypnose – Hypnotisabilité et modèles prédictifs – Hypnologie 2019

SHSS : Le gold standard des échelles de susceptibilité à l’hypnose est l’échelle de susceptibilité à l’hypnose de Stanford (Stanford Hypnotic Susceptibility Scale). Cette échelle est administrée individuellement et consiste en une induction hypnotique suivie de 12 suggestions. Dans un contexte de recherche expérimentale, une échelle de groupe est souvent utilisée pour tester un grand nombre de sujets à la fois, et est suivie d’une échelle individuelle.

Par exemple, dans une étude de Wickless & Kirsch (1989), les participants recevaient des suggestions pour expérimenter des changements de couleur et de sons. A l’insu des participants, les expérimentateurs utilisaient une série d’ampoules électriques colorées et une bande sonore pour perturber l’équilibre des couleurs et du son dans la pièce- donnant l’impression aux participants qu’ils répondaient avec succès aux suggestions. Les chercheurs avaient l’idée qu’ainsi ils pourraient augmenter les attentes des participants- qu’ils s’attendraient à ce que les suggestions marchent mieux qu’avant. Puis les sujets réalisaient des échelles de

suggestibilité. Les résultats sont présentés dans la figure ci-dessous. Ils ont trouvé qu’une manipulation de l’attente par la parole (en donnant un questionnaire de personnalité qui assurait, de façon erronée, aux participants qu’ils seraient au dessus de la moyenne pour l’hypnose) n’augmentait pas la suggestibilité, mais que la manipulation de l’attente expérientielle était elle efficace.

https://hypnosisandsuggestion.org/modification-de-la-suggestibilit%C3%A9.html

Une autre approche intéressante pour modifier la suggestibilité a été tout simplement d’utiliser le terme « hypnose ». 

Gandhi & Oakley (2005) ont administré huit suggestions avant et après une induction hypnotique. On disait à la moitié des sujets que l’induction était hypnotique tandis que pour l’autre moitié, toute mention d’hypnose était retirée et remplacée par le mot « relaxation ». Ils trouvèrent que l’induction relaxation produisait une augmentation modeste de suggestibilité, mais cette augmentation était significative si c’était labellisé hypnose. Ces données indiquent que les perceptions et les attentes concernant les procédures hypnotiques peuvent avoir d’importants effets sur leur efficacité.

3/La relation thérapeutique

En effet, la relation thérapeutique constitue une variante majeure dans le cadre de la mise en transe hypnotique ainsi que dans la réussite de la thérapie. Une relation sujet/sujet avec un rapport de confiance et une position « éthique » du professionnel (empathique et centré sur le patient), défocalisé du symptôme est la clef pour une séance productive.

Le fait de rendre compte des processus physiologiques de l’hypnose n’explique pas tout le mystère à l’oeuvre de ce processus, néanmoins cela permet, en plus de de la preuve des nombreux résultats bénéfiques qu’offre cette pratique, de légitimer sa place au sein de notre société afin que le plus grand nombre de personnes puissent en bénéficier, encadrer par des professionnels compétants. Il est important, d’autant plus dans les disciplines relatives à la psychologie, de ne pas se laisser enfermer dans un système scientiste cristallisé pour ne pas sombrer dans une pratique tristement dogmatique, condamné à la froideur des « faits objectivables » hostiles à l’irrationalité des émotions et sentiments qui fondent pourtant notre humanité.

La pratique de l’hypnose nécessite à mon sens une certaine humilité du praticien, de grandes capacités d’écoute et d’adaptation face à son sujet, ainsi qu’une véritable expertise psychologique.

Au niveau psychologique, croire que la vérité d’une théorie est la même chose que sa fertilité est à mon sens une erreur fondamentale, l’aspect essentiel de la « vérité » réside bien souvent dans le simple faite que l’on y prenne part comme sujet actif.

Comme le note le philosophe P. Ricoeur :  » pour le sujet de la croyance, les degrés de la certitude ne sont pas distingués de ceux de la vérité, mais […] les premiers sont pris pour les seconds. Bref, l’énigme de la croyance, c’est celle du tenir-pour-vrai. »

« L’appropriation de ce qui est déjà compris tout en demeurant enveloppé, se développe sous un « point de vue » qui détermine la direction en fonction de laquelle l’objet de la compréhension s’explicitera. L’explicitation de l’acquis considéré se fonde sur une vue préalable qui l’envisage dans un « sens » déterminé. Par cette explication, l’objet compris, d’avance acquis et visé par une vue préalable, s’offre à une acceptation conceptuelle.«  M. Heidegger.

Autrement dit, nos adhésions à certaines pensées influencent notre « réalité subjective’, la croyance nous met « hors de nous », exprime à ce titre Merleau-Ponty. Elle représente donc à mon sens un monde à part entière qu’il parait impossible à ce jour de juger de manière critique.

Sylvain Gammacurta , hypnothérapeute©

Sources, inspirations & références :

Dr Isabelle NICKLES -Responsable enseignement hypnose Faculté Médecine Montpellier-Nîmes -Présidente IMHEM hypnosemontpellier.org

CNIPSY 2017 MONTPELLIER UTILISATION MÉDICALE DE L’HYPNOSE Dr Isabelle NICKLES

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Qui est « je » ? & Dénouer les neuds sociopsychiques, Vincent de Gaulejac

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Quand “je” est un autre , Jean-Claude Kaufmann

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Masterclass gestion de la douleur hypnoanalgésie, Dr Denys Coester (Anasthésiste-réanimateur), Paca AFNH (Philippe Miras, Olivier Perrot)

A. Bioy, Centre de prise en charge des douleurs et des soins palliatifs du CHU Bicêtre : https://www.revmed.ch/view/499545/4116946/RMS_idPAS_D_ISBN_pu2012-25s_sa06_art06.pdf

Docteur Claude VIROT, Psychiatre, Directeur de l’Institut Emergences, Rennes Président de la Société Internationale d’Hypnose (ISH)

Neural mechanisms of antinociceptive effects of hypnosis. Anesthesiology, 92: 1257–1267.

Evaluation de l’efficacité de la pratique de l’hypnose, Revue de la littérature médicale scientifique et de la littérature destinée aux professionnels

Social cognitive theories of hypnosis

Deeley Q. Hypnosis as a model of functional neurologic disorders. Handb Clin Neurol. 2016;139:95-103. doi: 10.1016/B978-0-12-801772-2.00009-6. PMID: 27719881.

Social cognitive theories of hypnosis: Steven Jay Lynn, Irving Kirsch and Michael N. Hallquist

Le réseau cérébral par défaut : un repos qui n’en est pas, Christine Bastin, Revue de neuropsychologie 2018/3 (Volume 10), pages 232 à 238.

P. Ricoeur, La croyance.

M. Heidegger, l’être et le temps.

Sources et fichiers téléchargeables :

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