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Les processus inconscients

L’inconscient

Certains ont souvent considéré Sigmund Freud comme étant un précurseur ayant découvert l’inconscient. Cependant il faut démystifié cette légende en démontrant que bien d’autres avant lui avaient déjà abordé son existence. L’émergence de l’idée d’inconscient au cœur du XIXe siècle trouve en effet ses racines dans diverses sources, notamment celle des philosophes, citons par exemple Baruch Spinoza ou Gottfried Wilhelm Leibniz

Pour reprendre l’idée du déterminisme proposé par Spinoza, l’homme se croit libre car il a conscience de ses mouvements mais ignore toutefois les causes qui les déterminent.

Dans Les nouveaux essais sur l’entendement humain, ce que Leibniz nomme « Les petites perceptions«  permettent de mettre en évidence le fait que la conscience s’épanouit au-delà des multiplicités sous-jacentes de l’inaperçu.

L’inconscient en bref

Aujourd’hui, la plupart des spécialistes du sujet s’accordent à établir une distinction nette entre l’inconscient psychanalytique et l’inconscient neurologique.

Les processus inconscients à la lumière des neurosciences

Cependant, l’idée d’inconscient ne s’impose pas nécessairement de manière évidente pour les neurosciences. Notre cerveau compte entre 86 et 100 milliards de neurones, accompagnés de 100 billions de cellules gliales, et interconnectés par 160 trillions de synapses. Les neurones s’entrelacent au sein d’une complexe toile de câbles connecteurs, formant ainsi une architecture hiérarchisée et dynamique. Au sein de cette vaste interconnexion, coexistent “le Conscient et l’Inconscient”, qui, en réalité, ne font qu’un. Bien que cette distinction soit complètement illusoire, elle demeure parfois utile méthodologiquement pour mieux appréhender le fonctionnement de notre cerveau.

« Du point de vue des neurosciences, l’inconscient est étudié et compris seulement par son aspect cognitif, émotionnel, neuroprocessuel, pharmacologique et légal.« 

Des études indiquent que l’attention et la conscience sont des processus neuronaux distincts, nécessitant l’activation de certaines structures cérébrales et le silence d’autres.

La focalisation de l’attention se produit principalement en dehors de la conscience, avec des processus inconscients beaucoup plus rapides que les processus conscients.

Malgré l’apparence que l’attention est guidée par des désirs conscients, les études suggèrent que ce sont plutôt des mécanismes de récompense, des facteurs motivationnels, émotionnels, des activations de la mémoire, des facteurs contextuels et des signaux corporels qui dirigent l’attention, tous en dehors du champ de la conscience. L’amygdale et d’autres structures du système limbique ainsi que le cortex préfrontal jouent un rôle crucial dans ces processus inconscients.

Comme exprimé dans le précédent article sur « le cinéma intérieur », nous ne cessons de produire, irrépressiblement, des significations à tout ce que nous sommes en train de vivre. Des significations auxquelles il est ainsi légitime de donner le nom de fiction, non pas pour signer leur caractère illusoire ou incorrect mais pour rappeler leur dimension subjective.

La théorie dite de « codage prédictif » parait être une théorie valable et influente dans le domaine des neurosciences.Ce codage indique qu’au lieu de recevoir passivement les informations externes pour former une perception ou une décision, le cerveau utilise un modèle interne hiérarchique qui pourrait interagir activement avec les stimulations externes et il semble que la plupart de ces codages s’effectuent à des niveaux inconscients. J’en parle plus en détail ici : https://gammacoachinghypnose.com/hypnose-hypnologie-philosophie-et-strategies

Processus prédictif : Théorie des neurosciences cognitives, dans laquelle le cerveau génère et met continuellement à jour un modèle mental de l’environnement. (Lee&Mumford 2003, Friston 2005, Clark 2013, Barrett 2018)

« La vie est un miroir qui renvoie au penseur l’objet de ses pensées. » -Ernest Holmes

Processus Inconscients et traitement de l‘information

La pensée résulte d’un processus complexe impliquant d’innombrables séquences dans le fonctionnement cérébral. Au cours de ces processus, une grande quantité d’informations est éliminée, et celle qui est retenue subit des ajustements et des modifications.

Par exemple, dans l’aire corticale de la vision, seulement 10% du cortex est dédié à la réception d’informations, tandis que les 90% restants sont consacrés aux « réarrangements » de la réalité. Ainsi, ce que nous percevons de la réalité est une infime fraction, qui est en outre modifiée et retravaillée par nos structures inconscientes, qui pour rappel prend des décisions en amont de notre conscience…

Pour aller plus loin, vous pouvez vous référer à l’article portant sur la « géométrie de l’abstraction « .

L’abstraction correspond à une activité cognitive par laquelle, une personne néglige certaines aspects ou caractéristiques pour n’en retenir qu’un certain nombre d’autres et former une généralité, et ainsi par extension donner un sens plus simple au monde.  En psychologie cognitive, l’abstraction est souvent reliée, voire assimilée, à « l’attention sélective ».

Processus Inconscients & prise de décisions

La prise de décision est toujours inconsciente au départ, malgré notre certitude du contraire. La décision est fortement dépendante de l’attention non consciente dirigée par les circuits limbiques, et notamment ceux de la récompense.

Il est désormais largement prouvé par la recherche que nous ne sommes informés au niveau conscient que lorsque la conclusion finale est atteinte.

Il est plus juste de parler de processus inconscients, ceux-ci étant multiples. Ils occupent systématiquement une position préalable à la conscience.

La liberté que notre cerveau nous offre est, en réalité, une fausse impression.

Pendant plus de trois décennies, les techniques de neuro-imagerie et de stimulation cérébrale ont révélé qu’il est possible de prédire le choix décisionnel d’une personne avant même qu’elle ne prenne consciemment sa décision. Ainsi, le choix est préalablement déterminé au niveau inconscient, avec des potentiels d’activation émergents de 350 millisecondes à 10 secondes avant l’émergence de la décision consciente.

Les inconscients devenues multiples

Le plus souvent, ce que certains nomment « l’inconscient cognitif » désigne des systèmes d’opération mentale dont on n’a pas conscience.

Dans le livre de 2006 intitulé « Le nouvel inconscient » de L.Naccache, l’auteur illustre la richesse et les limites de cet inconscient cognitif. Il en isole les caractéristiques à la lumière des états non conscients observés en neuropsychologie clinique et des représentations mentales non conscientes révélées chez des sujets sains participant à des expériences de psychologie cognitive ou d’imagerie cérébrale.

L’auteur définit alors les inconscients cognitifs comme multiples :

« La conception de l’inconscient qui s’offre à nous est celle d’une multiplicité de processus mentaux inconscients qui coexistent et qui se distinguent les uns des autres tant par leur corrélat cérébral que par leur complexité représentationnelle. Ces différentes formes de processus mentaux inconscients ne semblent rien partager d’autre que le critère négatif que nous utilisons pour les regrouper ensemble : ils sont inconscients, c’est-à-dire qu’ils ne sont pas rapportables par le sujet qui les héberge. En ce sens, Il est incorrect d’utiliser le singulier pour les qualifier sous le terme générique d’inconscient, alors qu’ils sont dans les faits une population bigarrée et multiforme d’êtres indépendants. Par commodité, nous continuerons cependant à les réunir sous ce vocable piège d’inconscient cognitif au singulier. »

Conclusion

Tout en évitant soigneusement tout amalgame potentiel, souvent induit par la polysémie et la complexité du terme « inconscient », et en préservant la spécificité des domaines de connaissances respectifs qui s’y intéresse, il semble encore une fois pertinent de souligner l’importance du dialogue et de la réflexion interdisciplinaires. A la lumière de ce que nous apportes les neurosciences actuelles, il m’apparaît opportun de favoriser la rencontre et l’échange entre ces disciplines, créant ainsi une source d’éclairage instructif.

Pour conclure, j’emprunterais la métaphore du professeur de psychologie Loran Nordgren :

« La pensée consciente est comme une lampe que l’on place sur la décision. Elle donne une lumière très intense, mais elle n’éclaire qu’un aspect particulier et réduit du problème. Elle a une capacité de traitement très limitée. La pensée inconsciente, en revanche, ressemble plus à la veilleuse d’un enfant. Elle projette une lumière tamisée sur tout l’espace de décision sans se concentrer sur un aspect particulier. »

Pour aller plus loin sur l’inconscient, je vous invite vivement à la lecture de La Revue Transes n°5 4/2018 : L’Inconscient. Lien disponible dans le détail des sources en bas de page.

Sylvain Gammacurta

Sources :

  • Jiang Y, Wu X, Saab R, Xiao Y, Gao X. Time course of influence on the allocation of attentional resources caused by unconscious fearfull faces.
  • Les travaux de Loran Nordgren, Chelazzi , Dehaenne, Blankertz et Schultze-Kraft , Changeux, Naccache auteur du cinéma intérieur et du nouvel inconcient, la neurochirurgienne Silvia Morar

Un grand merci également à Daniel Goldschmidt, auteur de nombreuses publications inspirantes et co-auteur du livre Comprendre et maîtriser l’hypnose profonde, présentation du livre que vous pouvez trouver ici : https://gammacoachinghypnose.com/comprendre-et-maitriser-lhypnose-profonde

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