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L’Ennéagramme : Utilisations, limites et « dangers »

« Les hommes se figurent être libres, car ils ont conscience de leurs volitions et de leur désir, et ne pensent même pas, même en rêve, aux causes par lesquelles ils sont disposés à désirer et à vouloir, n’en ayant aucune connaissance. » Spinoza.

Introduction

L’Ennéagramme fait référence à un système d’étude de la personnalité composé d’un diagramme et de neuf structures de caractère.Cette grille de lecture, bien que purement théorique, nous donne des repères pour mieux nous connaître et comprendre les autres.Plus précisément, l’ennéagramme propose “9 archétypes” afin de clarifier certaines questions comme « Qui suis-je ? », « Qui est l’autre ? » et « Comment mieux nous rencontrer ? »

L’ennéagramme, utilisé de manière non dogmatique, n’a donc pas volonté d’enfermer quelqu’un dans un carcan mais au contraire de repérer ceux dans lesquels nous nous sommes plus ou moins malencontreusement installés mais nous offrir, à mon sens, davantage de flexibilité mentale.Afin de construire cet article, je m’appuie essentiellement sur la lecture du livre de René De Lassus.

Je m’inspire également du travail de Claudio Naranjo, médecin psychiatre, qui décida de transcrire ce système dans un langage adapté au monde occidental. Naranjo porta d’ailleurs son intérêt sur les liens entre l’Ennéagramme et les catégories diagnostiques du DSM (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders).

Vous trouverez ici une introduction sommaire à l’ennéagramme, une présentation des 9 types ainsi que les avantages mais également les limites, pour ne pas dire les dangers, que peut constituer ce genre de théorie quand un individu ou groupe d’individus par une forme de dérive sectaire décide d’en faire une loi rigide et universelle.

Effectivement, avant que vous ne continuiez à lire ces lignes, sachez que même si j’ai pris un certain plaisir à étudier le sujet et qu’il offre parfois une vision intéressante de la psychologie humaine, mon adhésion à cette théorie s’arrête ici. A mon sens, l’ennéagramme peut vite conduire à une dérive, des croyances, et des abus tant sur la banalisation des relations ainsi que l’essentialisation de l’autre ou de soi-même. 

Certaines personnes, en étudiant l’ennéagramme, croient qu’ils ont une vue plus perspicace en quelqu’un d’autre que cette personne a d’elle-même, ou ont tendance à s’enfermer dans une vision réductrice par biais de saillance et de confirmation…

Un autre problème que j’évoquerai ici est la potentielle introjection aux souvenirs induits, que je détaillerai dans la partie “limites et dangers”.

Je vous invite donc à faire preuve d’une extrême prudence et d’un vif esprit critique avec ce genre d’informations.

L’ennéagramme : Les 9 types de personnalité, par René De Lassus

L’ennéagramme, dont les origines remontent à de très anciennes traditions, est d’abord selon mon humble avis, un outil, une grille de lecture, privilégiant davantage l’ouverture de la complexité de chacun. 

D’après l’auteur, et comme j’aime également le penser, la finalité de cette théorie n’est en aucun cas de poser des mots réducteurs sur les êtres mais d’autant plus d’aider à identifier les éventuelles motivations et systèmes de défenses qui façonnent en partie notre rapport au monde.

Dans l’existence, chacun évolue selon les circonstances de ses propres expériences et l’ennéagramme permet d’observer ses propres traits de caractères et ses propres habitudes, dans une optique d’évolution.

Son appartenance au courant de la psychologie transpersonnelle (qui s’intéresse à ce qui est “au-delà de la personne ») induit le respect du caractère unique de chacun.

J’avoue avoir ouvert ce livre avec beaucoup de méfiance, néanmoins, j’ai également été séduit par l’ouverture philosophique, son invitation à faire preuve de discernement et le côté non dogmatique de la méthode.

L’ennéagramme propose une théorie selon laquelle chacun façonne une personnalité en réaction à partir de se (ses) compulsion(s), c’est-à-dire ce que l’individu cherche à éviter à tout prix. Chacun possède les “9 forces/vertus/tendances” lors de processus d’intégration et “9 fierté/orgueil » lors de processus de régression, mais “une” dominante.

Chaque type possède une « attention première”, un mécanisme de défense ainsi qu’un centre instinctif prédominant instinctif (8,9,1), mental (5,6,7) et émotionnel (2,3,4)

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Ennéagramme
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Ennéagramme

(Source : Institut Français de l’Ennéagramme)

Le noyau fondamental de chaque personnalité est décrit par Claudio Naranjo comme ayant une double nature : une fixation associée à une passion.

Chaque passion va être sous-tendue par un préjugé cognitif appelé fixation, justifiant et perpétuant le comportement. L’intensité ou la répétition de la frustration d’un besoin peut entraîner un intense conditionnement cognitif, affectif et/ou comportemental. Il existe un certain degré de mentalisation, une conviction que c’est ainsi que l’on doit vivre. Ce sont des schémas de pensées introjectés qu’il est nécessaire de réviser.

On assiste alors à une « rigidification de la personnalité » en direction d’une ou plusieurs de ces 9 modalités.

Bien que chacun de nous exprime les neuf caractères de l’Ennéagramme dans des proportions qui lui sont propres, le sujet soumis à un ou plusieurs ennéatypes utilisera préférentiellement ces modalités de réponse au détriment d’une certaine flexibilité. L’enseignement traditionnel de l’Ennéagramme considère que chaque individu est soumis à un ennéatype principal. Cet ennéatype principal serait à la racine de toutes ses modalités de caractère ainsi que de sous-types.

Les sous-types sont 3 moteurs instinctifs de chaque type qui correspondent à nos préoccupations en termes de survie physique, de relations en tête-à-tête et de vie sociale. Si on décline les 3 sous-types possible pour chaque type, c’est à-dire 3 façons concrètes et quotidiennes d’incarner son type dans les comportements visibles, nous pouvons donc identifier 27 archétypes.

Identifier notre sous-type dominant va nous permettre de comprendre ce sur quoi nous mettons le plus d’attention et d’énergie. En prendre conscience est alors un moyen, à mon sens très efficace, de nous prendre en main et de nous distancier de nos automatismes et habitudes inconscientes.

Sous certain aspect ce travail me fait penser aux archétypes théoriser par C.G Jung : https://gammacoachinghypnose.com/jung-un-voyage-vers-soi-de-frederic-lenoir

Les 9 types

Le type 1 : Idéalisme

Vers l’intégration 

  • Force principale : Capacité de perfection
  • Vertu : Patience + tempérance, optimisme
  • Attention première : Ce qui est correct/incorrect chez moi et les autres
  • Mécanisme de défense : Réaction
  • Compulsion : Éviter la colère

Vers la régression :

  • Tendance principale : Colère
  • Fierté : “je suis droit, je travaille”
  • Orgueil : “je travaille” + envie

Ce qui importe : Avoir raison, être reconnu pour la qualité de ce qu’il fait.

Le type 2 : Amour

Vers l’intégration 

  • Force principale : capacité d’amour
  • Vertu : humilité + créativité
  • Attention première : Comment se rendre indispensable
  • Mécanisme de défense : Répression
  • Compulsion : Éviter le rejet

Vers la régression :

  • Tendance principale : Orgueil
  • Fiérté : “j’aide, j’aime”
  • Orgueil : “je suis indispensable” + excès

Ce qui importe : Aimer, être aimé, être reconnu pour sa qualité d’attention aux autres.

Type 3 : Réussite

Vers l’intégration 

  • Force principale : Capacité à réussir
  • Vertu : authenticité + loyauté, courage
  • Attention première : Que faire pour être approuvé
  • Mécanisme de défense : identification
  • Compulsion : éviter l’échec

Vers la régression :

  • Tendance principale : Tromperie + paresse
  • Fierté : “Je réussis, je suis efficace »
  • Orgueil : “j’ai du succès”

Ce qui importe : Réussir, être reconnu pour ce qu’il fait.

Type 4 : Sensibilité

Vers l’intégration 

  • Force principale : Capacité de créativité, sens artistique
  • Vertu : équanimité/sérénité + patience/perfection
  • Attention première : Ce qui manque, qui serait bien, mais indisponible, ou qui permettrait une sensation forte
  • Mécanisme de défense : Introjection + sublimation
  • Compulsion : Éviter la banalité

Vers la régression :

  • Tendance principale : Envie
  • Fierté : “je suis sensible, je suis différent”
  • Orgueil : “je suis unique”

Ce qui importe : Être à part, être reconnu pour son identité, sa différence.

Type 5 : Connaissances

Vers l’intégration 

  • Force principale : Capacité de connaissance, de précision
  • Vertu : Détachement + courage/simplicité
  • Attention première : Ce qui permet de rester distant et d’observer
  • Mécanisme de défense : Isolement
  • Compulsion : Éviter l’intrusion et le vide intérieur

Vers la régression :

  • Tendance principale : Avare de connaissances et de temps
  • Fierté : “je sais, je comprends” + intempérance (manque de modération, liberté excessive)
  • Orgueil : “je sais”

Ce qui importe : savoir, être utile, être au courant.

Type 6 : Loyauté

Vers l’intégration 

  • Force principale : Capacité de loyauté
  • Vertu : Courage + soutien, action “juste”
  • Attention première : Menaces, dangers réels ou imaginaires
  • Mécanisme de défense : Projection
  • Compulsion : Éviter la déviance, la trahison

Vers la régression :

  • Tendance principale : Peur
  • Fierté : “je suis loyal, je fais mon devoir” + tromperie (auto-justification)
  • Orgueil : “je suis loyal”

Ce qui importe : être prêt à toute éventualité, capable de survivre par lui-même, être reconnu pour sa droiture.

Type 7 : Optimisme 

Vers l’intégration 

  • Force principale : Capacité de joie de vivre et d’optimisme
  • Vertu : Sobriété + connaissance/détachement
  • Attention première : Occasion de sensation agréable (mentales et physiques)
  • Mécanisme de défense : La rationalisation
  • Compulsion : Éviter la souffrance, l’enfermement

Vers la régression :

  • Tendance principale : Intempérance, gourmandise
  • Fierté : “je suis heureux” + colère
  • Orgueil : “je suis agréable”

Ce qui importe : avoir du choix, être reconnu pour sa joie de vivre.

Type 8 : Force

Vers l’intégration 

  • Force principale : Capacité de courage
  • Vertu : Simplicité + humilité, amour
  • Attention première : Pouvoir contrôler
  • Mécanisme de défense : Déni
  • Compulsion : Éviter la faiblesse

Vers la régression :

  • Tendance principale : Excès, persévérance(trop)
  • Fierté : “je suis fort, je suis juste” + avarice
  • Orgueil : “je suis fort”

Ce qui importe : Etre fort, affirmer son autorité.

Type 9 : Médiateur

Vers l’intégration 

  • Force principale : Capacité de soutien, d’acceptation
  • Vertu : action juste + authenticité
  • Attention première : Connaitre l’opinion des autres et repérer ce qui peut conduire à son inconfort personnel
  • Mécanisme de défense : Abrutissement, narcotisation, anesthésie, inertie
  • Compulsion : Éviter les conflits

Vers la régression :

  • Tendance principale :  Paresse
  • Fierté : “Je suis bien calme, facile à vivre” + peur
  • Orgueil : “je suis bien”

Ce qui importe : Etre conciliant, ne pas être séparé de ce à quoi il tient.

Ennéagramme et Valeurs

Le modèle de l’Ennéagramme aspire à une description et à une « grille de compréhension » du psychisme et tendances des individus. Il semblerait que Au la répartition des « types » varie entre chaque individu en fonction de son héritage familial, de son histoire de vie personnelle, de son âge, de sa maturité mais également de ses états psychoaffectifs instantanés.

Néanmoins certains ennéatypes semblent plus prédisposés que d’autres à se rapprocher de valeurs psychologiques telles que la sécurité, la réalisation ou l’hédonisme. Les valeurs psychologiques ont été étudiées par les psychologues. Le psychologue social Sh. Schwartz (1992, 2012) et ses collègues ont identifié 19 valeurs individuelles universelles.

Attention néanmoins, Lorsque l’on observe la place de l’homme dans le vivant, on arrive à la conclusion que l’homme ne peut plus penser seul, qu’il est obligé de s’entourer d’une équipe, non pas pour sombrer dans un galimatias théorique mais simplement pour éclairer un même objet différemment.De nos jours, nous avons la puissance, mais pas la vraie connaissance et pas du tout la sagesse… Un autre vice et celui de la réduction.  La pensée complexe pourtant, essaie de voir ce qui lie les choses les unes aux autres, et non seulement la présence des parties dans le tout. Relier c’est sans doute le grand problème qui va se poser à l’éducation. Tout être vivant, et notamment humain, possède en lui l’organisation de son milieu. Autrement dit, le monde extérieur est à l’intérieur de nous dans un dialogue permanent. Article associé à ce sujet : https://gammacoachinghypnose.com/boris-cyrulnik-edgar-morin-dialogue-sur-la-nature-humaine

Limites des tests et études de la personnalité

« Ne confondez pas ma personnalité et mon attitude. Ma personnalité est qui je suis, et mon attitude dépend de qui vous êtes et de comment vous vous comportez ici et maintenant»

Cette citation souligne ce qu’on appelle couramment en psychologie, l’erreur fondamentale d’attribution. Le comportement d’un individu dépend d’au moins 2 éléments principaux ; sa personnalité et les contraintes de la situation dans laquelle se situe l’action. Festinger émet l’hypothèse que l’individu, tiraillé par ses contradictions entre attitudes et comportement notamment, se trouve souvent en état de « dissonance cognitive ».

En psychologie sociale, la dissonance cognitive est la tension interne propre au système de pensées, croyances, émotions et attitudes d’une personne lorsque plusieurs d’entre elles entrent en contradiction les unes avec les autres.

La notion de personnalité ne désigne pas l’humain concret, mais représente une construction, une représentation.

De plus l’auto-évaluation reste à mon sens critiquable car les réponses peuvent être influencées par la désirabilité sociales ou d’autres facteurs hautement subjectifs, contextuels et des influences environnementales.

Attention également à ce que l’on apel communément « l’effet Barnum » (biais de validation subjective), que l’on retrouve souvent dans des domaines tels que l’astrologie. Toute personne a tendance à se reconnaître dans une description vague de sa personnalité. D’où la difficulté pour certaine personne de s’identifier dans telle ou telle typologie, ou à l’inverse de se retrouver dans toutes les typologies proposées. Et pour des personnes mal intentionnées, ou sans réelle compétences en psychologie d’exprimer ce que chacun à envie d’entendre.

Les limites et dangers de l’ennéagramme

Ne dites pas « J’ai trouvé la vérité », mais plutôt « J’ai trouvé une vérité ». – Kahil Gibran

L’ennéagramme nous permet de reconnaître potentiellement certaines de nos tendances et de nos motivations.

Malgré le fait qu’il représente une grille de lecture intéressante, il ne peut et ne doit pas prétendre décrire entièrement la réalité complexe qu’est l’être humain.

Toute démarche holistique fondée sur l’ennéagramme s’en trouve alors impossible. A mon sens, nous pouvons ne retrouver dans chacun des types énoncés et cela peut changer radicalement en fonction des contextes, tu temps, de notre construction identitaire…

L’ennéagramme est malheureusement parfois utilisé comme un instrument sectaire et stigmatisant.

La Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) l’a d’ailleurs pointé dans son guide « Santé et dérives sectaires » paru en 2012.

Ce sont là des utilisations réductives, contre-productives et extrêmement dangereuses.

Les deux éléments les plus importants du sectarisme consistent à d’abord voir les caractéristiques qui identifient une personne et ensuite à continuer à ne voir que cela, de telle façon que tout le reste s’en trouve éclipsé dans un biais de confirmation permanent.

Le sectarisme en Ennéagramme consiste à regarder une personne, à voir d’abord son type et ensuite à interpréter tous ses comportements de façon à ce qu’ils correspondent à vos attentes sur son type. Un individu complexe est alors réduit à une caricature à la place d’une personne réelle. Il est possible de tomber dans des biais cognitifs que l’on peut appeler “prophétie auto-réalisatrice” ou encore s’inscrire dans une complaisance incitant à enfermer certains individus dans leurs névroses.

L’ennéagramme présente un autre danger, celui des « faux souvenirs induits ».C’est une technique de manipulation mentale ayant fait de nombreuses victimes.Il a clairement été démontré que des incitations à imaginer un événement fictif augmentent la probabilité d’inventer des souvenirs. Notre mémoire est malléable, sachez qu’il est possible d’implanter des  “faux souvenirs” par suggestion et/ou par la création de fausses informations, afin de respecter l’aspect parfois réducteur de la méthode.

Il est important de considérer l’Ennéagramme comme un moyen pour atteindre un objectif, prendre plaisir à se connaître, et non une fin ou un carcan réducteur.

L’étude de l’Ennéagramme constitue un outil fort intéressant qui peut vous aider dans une démarche de développement personnel. Si ce système fonctionne pour vous, c’est-à-dire s’il vous est adéquat pour vous, alors il en vaut la peine ; sinon sentez-vous libre d’y renoncer.

Sylvain Gammacurta Hypnose

Sources et pour aller plus loin :

https://www.enneagramme.com/

Claudio Naranjo: Ennéagramme, caractère et névrose

Un site que j’ai trouvé vraiment brillant : https://aprisme.blog/

https://www.fnac.com/ia7531/Rene-de-Lassus

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