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Boris Cyrulnik & Edgar Morin : Dialogue sur la nature humaine

Boris Cyrulnik & Edgar Morin : Dialogue sur la nature humaine (Édition de l’Aube, 2000)

Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et Edgar Morin sociologue et philosophe. Dans ce dialogue riche et passionnant, les deux penseurs évoquent certains sujets tels que la sociologie, la psychiatrie et bien d’autres en ayant pour maître mot l’interdisciplinarité.

Une lecture instructive et étonnante que je vous conseille, et si vous n’avez ni le temps ou l’envie de parcourir l’ouvrage dans sa totalité, je vous propose ici un résumé regroupant les idées fondamentales des deux protagonistes. 

Dialogue sur la nature humaine

1/ Culture et réductionnisme

Qu’est ce que la culture ? C’est le fait de ne pas être désarmé quand on vous place dans différents problèmes ! En fait, le vrai problème est de pouvoir faire la navette entre des savoirs compartimentés et une volonté de les intégrer, de les contextualiser ou de les globaliser.

Les auteurs partent d’un constat commun, l’anthropologie, surtout en Occident, est quelque chose de souvent tronqué, de mutilé. Une fragmentation qui a donné le pouvoir technique et intellectuel que nous connaissons aujourd’hui.

Le fantasme, l’imaginaire ou le mythe sont des réalités humaines fondamentales.La pensée occidentale a fini par croire que la partie peut être séparée du tout, alors que la partie est un élément du tout.  

Lorsque l’on observe la place de l’homme dans le vivant, on arrive à la conclusion que l’homme ne peut plus penser seul, qu’il est obligé de s’entourer d’une équipe, non pas pour sombrer dans un galimatias théorique mais simplement pour éclairer un même objet différemment.

De nos jours, nous avons la puissance, mais pas la vraie connaissance et pas du tout la sagesse… Un autre vice et celui de la réduction.  

La pensée complexe pourtant, essaie de voir ce qui lie les choses les unes aux autres, et non seulement la présence des parties dans le tout. 

Relier c’est sans doute le grand problème qui va se poser à l’éducation. Tout être vivant, et notamment humain, possède en lui l’organisation de son milieu. Autrement dit, le monde extérieur est à l’intérieur de nous dans un dialogue permanent.

Penser en terme contextuel nous fera certainement faire des progrès décisifs et pas seulement cognitifs. Nous avons développé ce que l’on appelle une intelligence aveugle au contexte,incapable de concevoir les ensembles, or nous vivons dans un monde où tout est en communication, en interaction…

Descartes en coupant l’homme et l’animal, le corps et l’âme, a pu constituer un objet de science mais en même temps cette coupure didactique a empêché de développer une autre structure de pensée permettant de concevoir en conjonction et implication mutuelle source d’émergence.

2/ La deuxième naissance de l’homme, un être toujours en devenir

Paul Valéry parlait de la deuxième naissance de l’homme, la naissance parolière rendue possible par et après la naissance biologique. L’homme naît d’abord, puis il naît à la condition humaine.

En biologie, le mot néoténie désigne la capacité, pour une espèce animale, de se reproduire à l’état larvaire. Par extension, la néoténie humaine est l’idée que l’être humain présente, tout au long de sa vie, des caractères juvéniles. Cette thèse presque centenaire reste trop souvent négligée par la biologie moderne.

Les neurologues disent qu’à partir du stade foetal, les cellules cérébrales commencent à disparaître alors que d’autres bourgeonnent et créent de nouvelles voies synaptiques, de nouveaux circuits neuronaux. 

L’avantage de la néoténie est que l’homme peut continuer à façonner son cerveau, sous l’effet de pression de l’environnement. Même la société peut donc participer à la structuration du cerveau. 

En expérience éthologique, les animaux isolés sont appelés les Gaspar Hauser, en référence à la légende de l’orphelin de l’Europe.

Par exemple, un singe privé de ses parents ou ayant subi un isolement sensoriel, ne peut même pas développer son programme génétique. Il ne peut même pas devenir singe s’ il est privé d’un autre singe. Et un homme qui se trouve privé d’altérité humaine ne peut développer ses promesses génétiques ou encore son aptitude au langage qui s’abolit au bout d’un certain nombre d’années. 

Il faut absolument rompre avec cette idée que l’homme surgit, tel Minerve, de la cuisse de Jupiter avec la raison, le langage et la technique prêt à fonctionner.

Il faut effectivement cesser de voir l’humanité comme quelque chose de donné, de fixé, mais plutôt comme le produit d’un devenir toujours très ambivalent…

Il est clair que les adultes ignorent qu’ils demeurent des êtres infantiles, du reste à la fois pour le pire et pour le meilleur, puisqu’il gardent des curiosités d’enfants, sont capables de chercher…Malheureusement dans nos sociétés bureaucratiques, toutes ces qualités s’atrophient très souvent.

3/ Les 3 degrés de liberté, le monde des idées

3 degrés de liberté :

  • Stocker la graisse équivaut à stocker dans son propre corps l’énergie qui va lui permettre de se déplacer, permet de s’échapper à l’immédiateté des stimulations du contexte : il a un premier degré de liberté biologique.
  • La deuxième est l‘homéothermie, c’est-à-dire la température interne qui reste stable quand la température extérieure varie.
  • Le troisième est le rêve, le sommeil paradoxal, le récipient biologique à rêves. L’aptitude biologique à fabriquer du rêve existe chez les animaux.

Ce qui est intéressant, quand apparaît le sommeil paradoxal, c’est que les animaux peuvent acquérir de l’expérience, en somme que la mémoire devient plus forte.

A partir du moment où l’on devient capable d’habiter le monde virtuel, que l’on invente nos récits, on peut très bien se haïr et désirer logiquement se tuer, pour l’idée que l’on se fait de l’autre et non pas pour la connaissance que l’on en a.

A cet instant, on échappe aux mécanismes régulateurs de la nature et l’on devient complètement soumis au monde que l’on crée.

4/ Le trésor de la diversité et la richesse des paradoxes

Dans le monde végétal, il existe des stratégies, les radis sont terribles, ils empoisonnent le sol et empêchent les autres plantes de pousser à côté d’eux.

Un mécanisme naturel existe qui permet de mélanger les programmes génétiques. Si un programme génétique se répète, il finit par mener à la routinisation du programme, ce qui peut être une facilité ou une économie de gestion mais cela vulnérabilise l’espèce car la moindre variation écologique pourra l’éliminer.

Si un être vivant est trop spécialisé, il fait des performances de plus en plus grandes et devient de plus en plus vulnérable, puisque la moindre variation condamne l’espèce à la mort. 

C’est d’ailleurs pour cette raison (en partie) que 99% des espèces vivant à l’origine ont disparu.

Les espèces qui persistent sont justement néoténiques, qui produisent le même mécanisme au niveau du mélange des gènes, des rencontres des gamètes pour les espèces sexuées.

Tout cela nous confirme que le trésor de la vie et de l’humanité est la diversité.

La diversité qui ne nie nullement l’unité, car il faut prendre garde, de ne pas tomber dans l’alternative. Ou bien l’on ne voit que la diversité et l’on oublie l’unité, ou bien on ne voit que l’unité, on homogénéise tout et on ne donne plus aucune importance à la diversité.

Les idées intelligentes existent également dans le monde animal, mais la différence c’est que l’intelligence consciente de l’homme se sert du langage et des mots. Nous créons une noosphère, c’est-à-dire une sphère de produits de nos esprits.

Par ailleurs, nous ne réalisons pas que les idées, qui sont désormais nos intermédiaires nécessaires pour communiquer avec la réalité, elles vont aussi masquer la réalité et nous faire prendre l’idée pour le réel.

On est capable de tuer ou de mourir pour une idée. Si l’on ne la nourrissait pas avec nos activités cérébro mentales et culturelles, elle s’effondrerait…

Au cours des 19 et 20 ème siècle on parvient à faire des objets de laboratoire purs, sans double injonction, sans paradoxe contrairement à ce que l’on trouve dans  le vivant. C’est peut-être ce qui nous permet d’évoluer, d’innover. 

Si l’on prend l’exemple des couples opposés, on se rend bien compte que dans la biologie et dans le cerveau même, les stimulations ou les molécules qui provoquent le plaisir sont très proches des stimulations ou des molécules qui provoquent la souffrance. 

En psychologie, on sait très bien que pour un poil, un mot, un regard, on passe de l’angoisse à l’extase, de la mélancolie à l’agitation euphorique, et inversement. Dans le vivant, on est donc sur la crête du rasoir. 

C’est pour cela que la mort et l’amour, comme disent les romans à l’eau de rose, sont biologiquement associés.

Héraclite, dans sa formule “vivre de mort, mourir de vie” a énoncé cette cette relation paradoxale qui aujourd’hui peut enfin être élucidée car on sait désormais que ce qui différencie une machine vivante d’une machine artificielle, bien que constituée de pièces extrêmement fiables, commence à se dégrader dès qu’elle se met en marche. 

Alors que l’être vivant, constitué de protéines (ce qu’il y a de moins fiable car se dégradent sans arrêt) , reconstitue justement ses molécules, les cellules meurent, mais se reconstituent de nouvelles cellules

Le processus humain n’est pas un processus d’usure classique comme dans la machine, c’est d’une certaine façon un rajeunissement. 

En effet, à chaque respiration, je prends de l’oxygène qui détoxifie les cellules; le battement de mon cœur est la pompe qui fait circuler ce sang oxygéné et refouler le sang toxifié.

L’herbivore se fait manger par le petit carnivor qui va se faire manger par le gros carnivor qui en mourant devient une nourriture pour les insectes et les vers de toutes sortes, dont les bactéries vont se nourrir, jusqu’aux sel minéraux qui vont êtres resucés par les racines des plantes : le cycle de la vie est en même temps un cycle de mort !

Un thermodynamicien autrichien du nom de Trincher disait que la vie ne peut exister qu’à la température de sa propre destruction .

L’organisation vivante doit toujours se régénérer. Cela conduit à une de mes «vérités» fondamentales, qui vaut pour la société, la politique, l’éthique : tout ce qui ne se régénère pas dégénère. 

Idem pour la pensée, ni trop solide, ni trop liquide, la vraie pensée ne peut se former qu’à la température de sa propre destruction.

Faire vivre une idée, c’est  la débattre , la combattre, chercher à tuer certains éléments qui la composent. 

Nous savons de toute façon que les causalités linéaires sont abusives, c’est nous qui les fabriquons pour donner au monde un visione réductrice et donc sécurisante.

5/ Théorie vs doctrine, empathie, rationalité vs rationalisation

Selon Morin :

  • Théorie = système d’idées qui se nourrit dans l’ouverture avec le monde extérieur, en réfutant les arguments adverses ou en les intégrants s’ils sont convaincants, et en acceptant le principe de sa propre mort, de sa propre biodégradabilité si par exemple des événements infirment la théorie.
  • Doctrine = Théorie fermée. Elle se réalimente sans cesse par la référence à la pensée de ses fondateurs dits infaillibles. Ces dernières veulent être en confirmation permanente de l’idée quand quelque chose semble la contredire. 

Bien sûr, les doctrines peuvent vivre plus longtemps car elles se blindent. 

Les doctrines satisfont des désirs, des aspirations, des besoins.

Nous pouvons et devons vivre avec de l’incertitude. 

« La vie est une navigation sur un océan d’incertitudes, à travers des archipels de certitudes.« 

Bien entendu on risque alors d’être submergé par l’angoisse. A mon sens la riposte à l’angoisse est la communication, la communauté, l’amour, la participation, la poésie, le jeu…toutes ces valeurs qui font le tissu même de la vie.

Les sociétés et les cultures ayant pensé la métempsycose (réincarnation) ont fourni très peu de racisme, puisque les hommes s’entraînent à se mettre à la place d’autres êtres vivants. Ce que les philosophes nomment l’empathie.

Se mettre à la place d’un autre c’est s’enrichir, mais c’est un effort, c’est aller à la découverte d’un nouveau continent mental, d’une nouvelle manière d’être un homme. 

Edgar Morin différencie la rationalité de la rationalisation qui ont la même source, à savoir le besoin d’avoir une  conception cohérente de la réalité. Seulement la rationalité admet qu’il ne peut y avoir de cohérence absolu, il y a quelque chose qui résiste à la réalité.

Comme le disait Shakespeare, il y a plus de choses dans le ciel et sur la terre que dans toute notre philosophie et, bien entendu, dans toute notre science. 

Les seuls à avoir des certitudes sont les délirants, l’évidence étant probablement le plus grand piège de la pensée.

6/ La raison et l’affectivité

Freud avait appelé la rationalisation la forme cohérente donnée par la pensée servant uniquement à justifier nos émotions. Il est  intéressant d’envisager que c’est pour des raisons irrationnelles que nous rationalisons.

Il faut donc cesser de dire que l’intelligence doit se faire au détriment de l’affectivité.

La foi et le doute sont deux notions qui peuvent non seulement coexister, mais aussi dialoguer l’une avec l’autre.

Théorie de Mac Lean : 3 cerveaux (triunique)

  • cerveau reptilien (siège l’agression)
  • cerveau limbique, animal (intelligence et affectivité)
  • néo cortex cérébral (opération logiques dites rationnelles)

D’après Mac Lean il n’existe pas de souveraineté du rationnel sur l’affectivité, mais des hiérarchies en permanente permutation, où nos instincts les plus bestiaux vont parfois contrôler notre intelligence pour réaliser des finalités.

Notre raison ne controle pas notre affectivité et nos pultions les plus profondes et ce desequilibre permanent est à la fois source de ce qu’il y a de plus horrible (destruction, meurtre) et de plus beau ( invention, créarion, poésie, imagination…)

Si la rationalité contrôlait tout, il n’y aurait pas d’inventivité dans l’espèce humaine.

Comprendre tout cela demanderait une grande réforme de l’enseignement. Lire Montaigne,c’est pratiquer une hygiène de l’esprit, s’auto-observer, réfléchir sur le rôle de la civilisation, créer les barrières qui empêchent le déchaînement.

7/ Ordre et désordre, liberté et communauté

Paul Valéry disait que deux grands dangers menacent l’homme, le désordre et l’ordre.

Si l’on vit dans le désordre on ne peut donner forme au monde que l’on perçoit. On perd sa cohérence, on est confus, on part dans tous les sens, on ne peut plus éprouver. Il faut donc un ordre, mais pas seulement, car l’ordre se pétrifie, se transforme en doctrine et finit par être désadapté du monde vivant.

Le désordre pur, c’est la dissolution générale, l’ordre pur, la congélation général…

Ordre et désordre, nous sommes en fait devant deux forces opposées qui doivent se marier pour fonctionner ensemble.

(Les neurobiologistes nous apprennent que lorsqu’il y a une section du lobe préfrontal ou une altération des tubercules mamillaires, les sujets ne perçoivent que le présent, ils vivent dans des successions de présents.

il n’y a plus dans ces lieux cérébraux de connexion avec la mémoire, ni de possibilité d’anticipation.)

Il faut adopter cette notion du dépassement de Hegel qui dit que ce qui est dépassé doit être conservé. Dépasser n’est pas oublié, ni détruire fondamentalement, c’est intégrer.

Ordre et désordre, c’est aussi comprendre les risques que la liberté engendre.

Car la liberté c’est l’autonomie, la capacité d’initiative et créative,mais c’est aussi la capacité de crime. Il est évident que nous ne pouvons souhaiter la liberté que si les esprits libres possèdent en eux, le sens de la communauté.

Sinon la liberté devient plus destructrice que productrice.

Si l’on veut que la complexité existe sur le plan humain avec un minimum de coercition, on ne peut s’appuyer que sur le sentiment de solidarité et de communauté en chacun des membres.

8/ Récit personnel et moralisateur

En ce qui concerne l’individu, il semblerait que nous fassions chacun notre propre récit intime grâce à des événement sélectionnés auxquels on a été rendus sensibles. 

On construit donc  notre identité alors que , probablement, la sélection des événements qui nous construisent est une production faite par nous-même et pas forcément un acte réel.

(Un ultraviolet dans un monde de requin n’à aucun sens, car il n’est ni perçu ni représenté. A l’inverse dans le monde de l’abeille, l’ultraviolet parle, il est un événement. Pour un bébé c’est le visage maternel et les informations sensorielles que la mère porte sur elle, la voix, l’odeur, tout ce monde qui n’est  pas incohérent et qui, dès la naissance, est au contraire formé par la sensibilité du bébé.)

On est tous fondus ensemble comme disait Darwin, seuls nos mots découpent des morceaux du réel, ce qui est irréel.

On assiste dans ce livre à un dialogue en bâtons rompus, passant sans cesse d’un sujet à un autre, les deux hommes étant tentés de voir les liens et non pas les distinctions entre les choses.

Quand on est petit, nous sommes totalement soumis au contexte. Puis nous n’avons que des certitudes et aucun doute, puis nous commençons à traiter des informations de plus en plus éloignées de notre corps et accéder aux perceptions du corps et aux émotions de l’autre mais également à me figurer les représentations de l’autre. 

Il faut savoir que les grands pervers sont de grands moralisateurs.

Il y a de leur part une grande stratégie, celle qui fait que l’on se cache très bien en se mettant en lumière. En effet, c’est souvent dans des groupes de défense moraux, où ils vont se protéger, que l’on trouve les plus grands pervers. 

Les grands crimes contre l’humanité ont été perpétrés au nom de la purification, au nom de la vérité, la seule et l’unique.

9/ Terre patrie, appartenance et rencontres

Edgar Morin aborde également l’idée de “terre patrie”

Mettre le mot patrie sur notre terre où l’on ne nie pas pour autant les enracinement mais où ceci doivent s’intégrer dans un enracinement plus profond. La planète ne pourra pas se civiliser si cette idée d’appartenir à une communauté terrienne ne s’enracine pas chez les humains.

La principale masse vivante sur terre n’est d’ailleurs pas l’homme mais le ver de terre, ce qui rend un peu d’humilité.

Quand on fait une carte de l’histoire de l’homme, on voit des flèches dans tous les sens. La notion de nation est un abus, une convention guerrière qui permet de tracer des limites, qui englobent des hommes venus d’horizons très différents.

Pourtant il est nécessaire “d’appartenir” à quelqu’un

Lorsque l’on travaille avec des enfants sans famille, on se rend compte qu’il n’ont qu’une idée en tête “appartenir”

Dès l’instant où l’on appartient à une mère, une famille, une langue, une culture, on se constitue son identité, on devient quelqu’un

Néanmoins, il est abusif de croire qu’il n’y a que ce mode d’appartenance possible.

L’avantage des mères est qu’on leur appartient quand on est enfant, ce qui nous permet plus tard de devenir autonome et de les quitter.

La fonction maternelle consiste donc à avoir un enfant pour lui donner les moyens de la quitter.

Même raisonnement pour la biologie, il faut de la matière pour échapper aux lois de la matière, devenir homme et habiter le monde des signes, des mots et des récits.

Une culture doit à la fois s’ouvrir et se fermer. 

Se fermer dans le sens où elle doit maintenir sa structure, son identité, parce que l’ouverture totale est la décomposition. Mais s’ouvrir est la seule façon de s’enrichir , c’est-à-dire intégrer du nouveau sans se laisser désintégrer.

Prenons un exemple musical, celui du flamenco : il a des sources indiennes, ibères, arabes, juives. C’est justement ce qui à permis de créer quelque chose d’original, qui est en plus le message chanté du peuple gitan. Le flamenco risquait de se dissoudre mais s’il a ressuscité c’est parce que quelques- uns ont voulu le garder.

Les identités sont faites d’intégrations. Au fond de mon “je”, de mon “moi”, il y a d’autres “moi”. Il y a des parents qui ne sont pas moi , je porte le nom d’une famille de gens que je n’ai même jamais connus. Il y a aussi l’influence de ceux qui m’ont nourri, qui sont en moi et peuvent enrichir mon identité.

L’ouverture à soi et l’ouverture à l’autre sont effectivement deux faces de la même chose. La rencontre crée du nouveau, comme le sexe.

C’est pourquoi, plus que jamais, le discours du rassemblement, de la connexion, de la communication, de l’empathie, de la communauté et de la communion est important.

Et cela contraint à se forger, à devenir soi-même pour rencontrer un autre qui, lui aussi, est un autre soi-même.

Sylvain Gammacurta, hypnose.

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