Aujourd’hui j’aimerai partager avec vous ma dernière lecture en date et pas des moindres, car il s’agit de “Taproots” du psychothérapeute, auteur et conférencier américain découvert grâce à Jordan Verot, qui se trouve également être l’auteur de la préface.
Derrière ce titre étrange se cache une métaphore plutôt bien trouvée afin de résumer l’objectif premier de l’ouvrage. Dans le désert du Sud-Ouest américain se trouvent des plantes qui projettent des racines à des centaines de mètres afin de puiser l’eau dans les nappes souterraines. On les appelle “Taproots”, qu’il est possible de traduire en français par “racines pivotantes”. Ces racines pivotantes sont constituées d’une grande racine centrale et dominante à partir de laquelle d’autres racines poussent latéralement. De la même manière, Bill O”Hanlon désire mettre en lumière les principes sous-jacents qui donnent naissance à tout le travail d’Erickson, qu’il soit hypnotique ou non.
Bill O’Hanlon est un psychothérapeute, auteur et conférencier américain, il a écrit et co-écrit près de 30 livres, parmi ceux-ci plusieurs ont été traduits en français dont : Taproots, Guide du thérapeute au pays du possible, L’orientation vers les solutions, L’hypnose orientée vers la solution…
La philosophie d’Erickson
Ce qui est appréciable dans ce livre, que l’on s’intéresse à l’hypnose, la psychologie et la communication, réside dans le fait que l’auteur présente d’une façon claire et concise des réels principes fondateur de la pratique de Milton Erickson, père de l’hypnose ericksonienne.
Erickson, le psychiatre surnommé le maître de Phoenix, était d’abord et avant tout un thérapeute particulièrement observateur et passionné par les interactions humaines. Pour venir en aide aux personnes venant à sa rencontre, l’homme n’hésite pas à utiliser de nombreuses techniques, approches et procédures différentes parfois très originales, loin de ce qui est malheureusement enseigné dans la plupart des formations. Bien que son travail et ses articles aient été largement compilés, avant ce livre une lacune majeure dans la littérature de son œuvre continuait d’exister. L’hypnose était pour lui un outil important, mais ce n’était guère l’unique approche qu’il utilisait, son travail étant d’ailleurs infiniment plus large et plus flexible que cela.
“Chaque personne est un individu unique. Dès lors, la psychothérapie doit être élaborée dans le but de satisfaire à l’originalité des besoins de l’individu, plutôt que de chercher à ce que la personne s’adapte au lit de Procuste d’une théorie hypothétique du comportement humain.”
Milton Erickson 1979
On y découvre ou redécouvre l’approche d’une thérapie naturaliste, utilisationnelle, volontairement ambiguë, parfois extrêmement directive et parfois subtilement indirecte, orientée vers le présent et l’avenir mais surtout parfaitement adaptable à chacun, loin des sentiers battus et autres protocoles rigides. Autrement dit, respectueuse des singularités de chacun…
Clivage et liaison
On y découvre également le principe de « Splitting / Linking » autrement dit Clivage/Liaison, l’un des mécanismes mentaux assez commun. Les gens ont en effet tendance à diviser leur monde en plusieurs morceaux (corps/esprit, volonté/imagination, conscient/inconscient, bien/mal…), ces distinctions donnent du sens au monde, à nos comportements ainsi qu’a l’interprétation de nos expériences.
Erickson aimait effectivement « diviser » la personne en esprit conscient et esprit inconscient. Il se servait de cette tendance naturelle afin d’induire des transe et également pour pratiquer des interventions thérapeutiques. Le conscient est alors définit et relié avec des limitations ainsi qu’une forme de linéarité et l’inconscient définit lui tel un réservoir de ressources et de potentialités qui va permettre de faire émerger de nouvelle solution à une problématique.
Il est alors aisé de prendre tout ce qui gêne le sujet et le lier au conscient, puis ensuite présenter l’inconscient et le lier avec toutes les possibilités. La personne peut ainsi mettre tous ses tentatives de solutions infructueuses passés sur le conscient et s’allier avec l’inconscient pour en apprendre ce qu’il y a en apprendre, aller chercher les ressources ou simplement transformer ce qui doit l’être… Le but étant finalement de dissocier le sujet d’une forme d’incapacité induite pour l’orienter l’espace d’un instant à une situation où il peut réinterprété les choses sans être influencer par ses jugements, croyances ou interprétations limitantes. D’une certaine façon cela permet de créer un contexte permettant de briser ce qui constituait précédemment une unité en deux partie, ou plus, afin de se défaire des élément précédemment associés à l’expérience, l’histoire et/ou le comportement.
Conclusion
Il est clair que selon les méthodes explicités au travers de ces pages, nous comprenons que l’hypnose telle que l’a pratiquée généralement Erickson, n’a pas besoin d’être un rituel formel et que le sujet n’a même pas besoin d’être conscient que l’induction de la transe a commencé ou est en train de se produire.
Ce livre fournit un cadre qui réunit les approches ericksoniennes. On y retrouve des références solides allant de Bandler et Grinder à Jeffrey K. Zeig, en passant par Jay Haley ou Ernest Rossi. Il s’agit ici d’une tentative, à mon goût réussi, de simplification, mais sans simplifier à l’extrême, de la diversité du travail d’Erickson afin de le rendre plus accessible.
Lien vers le livre Taproots ==> https://www.satas.com/fr/accueil/6907-taproots-aux-racines-de-la-therapie-et-de-l-hypnose-de-milton-erickson-9782872932283.html