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Edgar Morin, Encore un moment.

Les points majeurs abordés par Edgar Morin

Dans ce livre intitulé « Encore un moment… » écrit par Edgar Morin , le lecteur est invité à explorer diverses facettes de la vie, de la pensée et de la société humaine. Le titre initial du livre n’est donné qu’au premier chapitre, « Encore un moment, monsieur le bourreau ». Ce furent en 1793 les dernières paroles de la comtesse du Barry au bourreau Sanson devant la guillotine.

Vous pouvez retrouver cet ouvrage passionnant ici aux éditions DENOËL : https://www.denoel.fr/catalogue?search_api_fulltext=edgar+morin

À 102 ans, le philosophe conserve son appétit pour la réflexion, abordant la complexité du réel et l’avenir de la société. Il met en lumière la « conversation savante » comme moyen de communication profondément linguistique, retrouvant une profondeur malheureusement en berne dans d’autres médias.

L’auteur examine l’auto-organisation étonnante de la vie sur Terre, soulignant l’émergence de la vie avec ses caractéristiques distinctives. Il rappelle à quel point il est étonnant que nous soyons si peu étonnés de vivre.

Au fil des pages, Edgar Morin aborde également la mission de l’intellectuel, soulignant la nécessité de respecter la complexité, de lutter contre l’erreur tout en reconnaissant le caractère mythique de nos croyances. Il insiste sur la nécessité de la problématisation plutôt que de la critique pure, et encourage à quitter le rôle de souverain juge.

Le livre explore la conscience humaine, de sa dualité à son caractère réflexif et subjectif. Morin souligne la complexité de la pensée et critique le réductionnisme de certains neuroscientifiques. Il évoque l’émergence de l’esprit et la nécessité de reconnaître la pluralité des traditions médicales, soulignant l’importance de la communication entre elles.

Morin défend les humanités, rappelant que la philosophie éclaire les zones d’ombre ignorées par la science seule. Il aborde également les défis démocratiques, appelant à une éducation qui permette aux citoyens de comprendre des questions techniques complexes.

L’auteur souligne la nécessité de changer de cap dans nos vies, de résister à l’hégémonie du profit, de la pensée prosaïque et de reconnaître notre communauté. Il appelle à embrasser la diversité des connaissances et à reconnaître le rôle crucial de l’esprit dans la santé.

Edgar Morin, encore un moment aux édition DENOËL 2023
Edgar Morin Encore un moment…

La merveilleuse complexité de la vie

Sur la troisième planète de notre Soleil s’est produit la merveille d’une extraordinaire auto-éco-organisation née de rencontre entre des constituants moléculaires divers, purement psycho-chimique, d’où ont émergé les qualités propres à ce qu’on nomme la vie : la cognition, l’autoreproduction, l’autoréparation, la mobilité, l’assimilation continue d’énergie extérieure pour lutter sans cesse contre la dégradation et la mort

Et le plus étonnant est que l’on s’étonne si peu de vivre.

Si cet univers comporte des principes d’ordre comme la gravitation, ces principes permettent néanmoins aux éléments de subir le désordre des agitations, de se combiner en organisation, ou au contraire de s’entre-détruire.

A travers ses interactions et rétroaction, l’univers est inséparablement ordre, désordre, organisation, c’est-à-dire complexe. 

Edgar Morin, Encore un moment…

La mission de l’intellectuel

L’auteur avoue avoir essayé de remplir sa mission d’intellectuel pour le mieux en cherchant à respecter et à restituer la complexité des problèmes, dans le diagnostic et le jugement, et en évitant les imprécations et l’hystérie.

Il tente de formuler cette mission en résumant les points suivants (non exhaustif) : 

  1. La conscience que l’intellectuel est acteur, au-delà de l’alternative entre l’engagement et la tour d’ivoire, dans le jeu de la vérité et de l’erreur, qui est au centre du jeu de l’histoire humaine.
  2. L’obsession permanente du problème de l’erreur. L’erreur et le risque permanent de la connaissance et de la pensée, donc de l’intellectuel. L’erreur qui accable particulièrement notre temps est l’erreur idéologique. Les intellectuels ont par idéologie accumulé les plus fatales erreurs ; d’où la nécessité d’une vigilance incessante pour détecter toutes les sources d’erreurs possibles et prendre garde à l’intrusion sournoise de l’erreur. La lutte contre l’erreur comporte la détection des mythes qui nous anime, mais elle ne saurait être la démystification.  L’élimination du mythe ne peut être qu’une illusion, le mythe comme l’imaginaire font partie de la réalité humaine. Le vrai problème est de reconnaître le caractère mythique de nos mythes, et de les élire en tant que tel, de faire dialoguer notre rationalité avec nos mythes. La lutte contre l’erreur comporte l’étude attentive des informations diverses et des documents contradictoires. mais elle ne se borne pas à la vérification des faits. Elle suppose la volonté cognitive de respecter la complexité des phénomènes humains, sociaux, historiques, afin d’éviter les thèses brillantes mais frivoles et unilatérales, ainsi que les imprécations.
  3. La problématisation comme activité fondamentale de l’intellectuel, plutôt que la critique qui sélectionne en fait arbitrairement cessible et ne sait pas se critiquer elle-même.
  4. La nécessité de quitter le site du Souverain Juge de toute chose. Il est du devoir de l’intellectuel de tenter de se décentrer et d’essayer de trouver un méta point de vue par rapport aux évidences établies et aux idées reçues.
  5. La sauvegarde de l’éthique du débat par opposition à celle du rejet. Afin de résister à la tendance qui transforme l’affrontement des idées en combat où l’on ne veux percevoir les idées adverses sinon en les défigurant. Il est rare que les intellectuels pratiquent ce qu’auraient dû normalement développer leur culture : la tension au discours d’autrui, la capacité d’entendre un argument sans le déformer. 

La conscience de la conscience 

Dès le départ la notion de conscience comporte deux définitions indiquant deux types de conscience : l’une portant sur soi, l’autre, sur le monde extérieur. Immédiatement, la définition oscille entre son caractère intuitif et son caractère réflexif. 

Peut-être pourrons-nous surmonter l’antinomie entre ces deux termes ?

Son étymologie, cum scientia, c’est-à-dire “avec connaissance », indique que la conscience englobe la connaissance dans une activité cognitive de type réflexif : la conscience est une connaissance qui se réfléchit elle-même.La conscience d’un problème extérieur mobilise la subjectivité parce qu’elle ne se réfère pas seulement à l’objet de l’attention mais à moi en tant qu’observateur qui perçoit.Mais cette conscience à la fois de la chose extérieure et du fait que cette chose me concerne est immédiate, quasi intuitive, la réflexivité qu’il la suscite est inconsciente

Article relatif : Les processus inconscients

Ce caractère immédiat, quasi intuitif, occulte le caractère réflexif spontané de la conscience. La conscience est donc à la fois réflexive, intuitive, subjective et objectivante. 

La conclusion du cogito est alors la suivante : « Je suis objectivement un être subjectif. »

Nous sommes ici dans une situation de complexité ou le sujet et son propre objet tout en demeurant sujet.La vraie conclusion à tirer du cogito est celle-ci : je suis un sujet pensant, conscient de lui-même, grâce à une boucle rétroactive qui relie le je au moi puis le moi au je. 

La conscience humaine résulte de toute évidence d’activités neuronales, elle-même inséparable de l’ensemble des activités du cerveau.

La pensée réductionniste de certains neuroscientifiques tant à dissoudre la conscience pour la ramener à des opérations interne neuronales.Ce réductionnisme ignore un phénomène fondamental et propre à tout système vivant : l’émergence de propriété non présente dans les éléments constitutifs du système.

Ainsi l’eau possède-t-elle des propriétés qui ne sont pas présentes dans ces constituants : l’hydrogène ou l’oxygène, prix isolément.

De même, une bactérie est composée de molécules psycho-chimiques, mais son organisation complexe produit des activités telles que l’autoreproduction, l’autoréparation, la nutrition, la cognition qui sont des propriétés émergentes.Une cellule vivante est composée d’éléments psycho-chimiques (les atomes, les molécules) mais dispose de qualités propres complexes, inopérantes et invisibles à la seule échelle des molécules.

Ces émergences, on peut les nommer “vie”.

Conclusion

Après avoir dévoré ce livre, je ne peux que le recommander vivement. Son exploration des intrications de la vie, de la pensée et de la société humaine, menée avec un esprit indépendant, offre une perspective riche et profonde. À travers ses réflexions sur la complexité du réel, la mission de l’intellectuel, la conscience humaine, et bien d’autres sujets, Morin éveille notre curiosité et nous pousse à repenser notre manière d’appréhender le monde. Ce livre semble plus pertinent que jamais, offrant des clés de compréhension pour les défis actuels et incitant à une réforme de la pensée et de l’éducation. Une lecture incontournable pour ceux qui cherchent à approfondir leur compréhension du monde.

Sylvain Gammacurta

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