Sylvain Gammacurta Hypnose
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Comment agir de manière adéquate face à un échec ?

Comment agir de manière adéquate face à un échec ?

Dans cet article je vais tenter d’orienter vos réflexions afin de vous aider à surmonter de manière plus adéquate l’échec, cette épreuve souvent douloureuse et inconfortable à laquelle nous sommes tous un jour confrontés.

Qu’est ce que l’échec ?

L’échec est l’état ou la condition qui fait que l‘objectif désiré ou prévu n’est pas atteint, et peut être alors admis comme l’opposé de succès.

L’échec peut faire naître, au plus profond de nous, des émotions d’une intensité critique et créer par là-même des marqueurs, parfois inconscients, dans notre mémoire, nos croyances et nos interprétations qui vont orienter fortement  notre état émotionnel ainsi que nos décisions futuresLe choc psychologique provoqué par l’échec peut se traduire, chez l’individu concerné, par une certaine frilosité à l’idée de s’engager dans des comportements risqués à l’avenir (Välikangas et al., 2009).

Ben-Shahar, un écrivain spécialisé dans le domaine de la psychologie positive et du leadership, rappelle à ce sujet que personne n’aime l’échec bien évidemment, mais qu’il y a une large divergence entre l’appréhension et la peur paralysante

La première, plutôt active, incite le sujet à prendre les précautions nécessaires et à mobiliser davantage de ressources afin d’augmenter ses chances de réussite (ou simplement de ne pas subir les affres d’un nouvel échec).La seconde est quant à elle “un handicap”, le sujet devenant dans ce cas-là une “victime” incapable de prendre les risques nécessaires à la pleine réalisation de son potentiel.

Quand on veut on peut ! Ne jamais abandonner… Vraiment ?

Sur internet, notamment dans la sphère idéaliste du développement personnel, je vois souvent passer des conseils intéressants, dont ceux-ci en particulier :

“Il faut se mettre en tête que l’échec n’existe pas, qu’il n’y a que des leçons.“ “Il ne faut jamais abandonner”, “ tout échec est bon à prendre”…

Bien que ce genre de messages apparaissent séduisants, sur lesquels je suis plutôt en accord sur le fond, je ne peux m’empêcher d’admettre une position bien plus nuancée à leur égard

La réévaluation cognitive (tenter de voir le bon côté d’une mauvaise situation) s’avère souvent efficace mais n’est pas l’unique façon de vivre l’échec… ou toute forme d’autres expériences désagréables.

Aujourd’hui j’ai alors cette envie de vous dire que l’échec existe bel et bien et que le nier sert au mieux à faire preuve d’un relativisme lucratif et au pire à occulter des émotions qu’il serait à mon humble avis utiles d’explorer.

Bien évidemment j’encourage chacun à dépasser le fatalisme qu’il est possible de rencontrer face à toute forme de déception. Néanmoins, l’injonction à en nier son existence, à en tirer absolument des leçons, à persévérer envers et contre tout, peut parfois s’avérer culpabilisante, énergivore, voire humiliante pour qui l’émotion reste paralysante ou simplement désagréable malgré le martèlement de “pensées positives”.

Il est parfois bon de rappeler la réplique inspirante de Thomas Edison auquel on reprochait les insuccès : « Je n’ai pas échoué des milliers de fois, j’ai réussi des milliers de tentatives qui n’ont pas fonctionné ».

Pour sûr, l’expérience d’hommes ou de femmes ayant fait de leurs échecs une force est généralement vectrice de motivation. Argumenter en ce sens ne servirait qu’à enfoncer des portes ouvertes. Néanmoins si une théorie est validée par la force de quelques expériences, cela ne prouve en rien qu’elle soit inconditionnelle.  

Nous ne sommes certains de rien, nous donnons le sens que nous pouvons, parfois de manière inconsciente, à nos expériences et, à mon sens, l’échec est là pour nous le rappeler. Peu importe notre savoir, notre expérience, nos capacités, la rencontre de l’échec et la sensation que celui-ci provoque en nous appartient à notre condition de simple être humain. En cela, il est une façon de ne pas succomber à la tentation de l’hubris (péché d’orgueil).

Progresse-t-on toujours davantage face à la déception ? Ce qui ne tue pas rend-il forcément plus fort ? Une défaite est-elle plus profitable qu’une victoire sur le chemin de l’élévation ? Sans pour autant faire preuve de cynisme, permettez-moi d’en douter.

Avec du recul, pour le commun des mortels, un échec est rarement suivi d’emblée d’une réussite spectaculaire.Les grands sportifs, écrivains, chefs d’entreprise ou tous ceux qui sont passés par plusieurs échecs retentissants avant de briller aux yeux de la société ne représentent malheureusement qu’une minorité

Après un échec, une large partie d’individus ne connaîtra qu’un autre échec, ou un succès mesuré qui sera pris avec davantage de modération et d’humilité

Bien qu’une réussite flamboyante et un “happy end” ne soient pas toujours à la clef, l’individu est capable de s’adapter, de continuer à vivre sans se sentir défini par son échec et s’il est triste, en colère parfois défaitiste et bien justement, cela est ok et même ne le détermine en rien, c’est simplement humain ! Et si la peur paralysante, les stratégies d’évitement, l’abandon ou tout autre comportement étiqueté comme ceux des “loosers” n’étaient finalement que des mécanismes de protection qu’il s’agirait avant tout de reconnaître, observer, aimer avant de vouloir radicalement les transformer en quelque chose jugée plus “productif”, “positif”.

L’impératif catégorique et la pression de se sentir de bonne humeur et positif peut avoir, parfois, pour résultat d’amplifier les émotions « négatives« , alors qu’accepter les humeurs plus sombres peut aider à se sentir mieux à long terme. (Source : Journal of Personality and Social Psychology)

La peur, la déception, le dégoût, la colère sont des signaux d’alarme mais, comme tout ami étrange dont on ne comprend pas les choix au premier abord, il est intéressant de rejoindre sa vision des choses et d’extraire les informations qu’il vous donne.

J’ai cette croyance que si notre cerveau, face à certaines situations a le choix de fuir, de combattre, de plaire ou de se paralyser, ces quatre fonctions ont toutes leur intérêt en fonction du contexte, timing et du but recherché.

Toujours rebondir rapidement, toujours croire en soi, en ses capacités, sortir de sa “zone de confort”, faire de ses failles des forces, se prouver à soit même ou aux autres que l’on est plus forts que l’adversité ne constitue pas une attitude paradoxale cherchant à camoufler une fragilité narcissique ? Je ne pointe pas du doigt ce genre d’attitude de “winner”, comme quelque chose qui ne fonctionne pas, encore une fois, je me permets seulement d’en émettre quelques réserves.

L’image utopique d’une confiance en soi inébranlable, voire d’immodestie, constitue parfois une façade qui dissimule parfois une réelle incertitude en ses capacités à vivre une phase compliquée.C’est un peu comme être pris soudain d’insomnie et se dire qu’il faut absolument dormir, qu’il y à quelque chose à faire, que nous devons à tout prix retrouver le sommeil..

Parfois ces types d’injonctions pourtant fondamentalement intéressantes sur le fond, ne le sont pas toujours sur la forme. Le message ne passe pas, la communication est brisée !

C’est en ce sens que la philosophie stoïcienne m’apparaît d’une sagesse incroyable. 

Dans ses “Entretiens”, Épictète prend l’exemple d’un athlète qui souhaite concourir aux jeux Olympiques : il doit prendre conscience des efforts que ce défi implique et réaliser qu’il peut être vaincu le jour J. 

Le deuxième volet de l’éthique d’Épictète est la “soumission sereine” au destin, même s’il contrarie nos plans : « Ne cherche pas à faire que les événements arrivent comme tu le veux, mais veuille les événements comme ils arrivent »

Alors on dira de l’échec qu’il est le verdict du réel et qu’il s’agit parfois de l’accepter simplement.

Les psychothérapies dites de la troisième vague cognitivo-comportementale ou contextuelles partagent cette approche d’acceptation du stress ou des émotions négatives plutôt que, comme les psychothérapies dites de la deuxième vague, de viser leur modification.

Par exemple, la psychothérapie d’acceptation et d’engagement (ACT) vise à améliorer la flexibilité psychologique, c’est-à-dire la capacité à être en contact avec les émotions et les pensées du moment présent (pleine conscience), mais sans que celles-ci empêchent de poursuivre ses objectifs ou ses valeurs.

Pas de victimisation, pas de tentative pour en faire une force, ni de culpabilisation non plus : les déboires peuvent avoir des raisons qui excèdent nos pouvoirs.

==> Les 4F : Fight, Flight, Freeze, Fawn

Jadis, l’humanité vivait dans un environnement beaucoup plus hostile que celui que nous connaissons pour la plupart d’entre nous. Face à un danger, nos ancêtres se retrouvaient bien souvent face à la mort s’ ils n’avaient pas une réaction adaptative extrêmement rapide.

Fight = Combattre

Flight = Fuir

Freeze = Se paralyser

Fawn = Se soumettre (celui-ci est davantage d’ordre relationnel)

En revanche, ces 4F sont toujours « enregistrés » dans notre cerveau. Nous sommes toujours programmés pour avoir ces formes de réponses face à une situation dangereuse ou simplement interprétée comme telle, donc comme après avoir essuyé un échec

Ces réactions peuvent toutes avoir une utilité, la fuite, malgré sa mauvaise réputation, sera parfois et pour certains la solution la plus appropriée.

L’idéal serait de déclencher la réponse la plus adéquate pour vous dans un contexte précis et de pouvoir moduler en cas de besoin, et nous ne sommes malheureusement pas tous égaux sur ce plan là.

Un adulte s’étant construit dans une famille « sécure », aura tendance à développer une bonne souplesse par rapport à ses réponses adaptatives et pourra évoluer plus librement de l’une à l’autre, s’assurant une protection générale adéquate de son intégrité physique et psychique.

En revanche, ceux ayant connu étant enfants un environnement plus problématique dans leurs relations d’attachement apprennent à survivre en utilisant de façon excessive seulement une ou deux de ces réponses. Le modèle comportemental utilisé aura tendance à se rigidifier avec le temps et à enliser l’individu dans un fonctionnement.  

Nos réponses adaptatives, même celles qui nous aident à faire face à un échec, comportent une charge émotionnelle très forte, les expériences et interprétations restent comme imprimées dans la mémoire implicite et colorent la perception que l’on a des événements.Il est donc primordial de comprendre qu’aussi paradoxal et désagréable que cela puisse paraître, si des réactions délétères ou “inadaptés socialement” se manifestent suite à un événement douloureux, cela signifie qu’à un moment donné dans la vie de l’individu, ce comportement s’est avéré nécessaire.

Ces modèles adaptatifs sont extrêmement imbriqués à l’histoire de l’individu et donc à ses croyances. Comme Merleau-Ponty nous dit que la croyance nous “met hors de nous”, elle est donc aliénation, expulsion du sujet hors de lui-même, de sa conscience et de sa rationalité.

Les réactions aux événements sont subjectives, il n’existe pas une échelle des facteurs de stress ou de résilience.

La pensée systémique diffusée, notamment, par Paul Watzlawick, ou dans une autre mesure la psychodynamique de Roberto Assagioli, décrit les systèmes vivants comme des ensembles complexes en équilibre instable, composés d’éléments qui interagissent en échangeant pour assurer la survie ou le développement de l’ensemble.

Quand on parle de volonté, on en a une représentation qui nous est personnelle et subjective. Parfois chacun de nous se trouve enlisé dans une forme d’acrasie, de procrastination, déstabilisé par des désirs et envies délétères et une dissonance entre ce que l’on veut faire et ce que l’on fait vraiment…  

Dans ces cas précis un message du type quand on veut on peut, aura tendance à lester un individu déjà en train de se noyer. 

Recettes miracles vs solutions personnelles et contextuelles

Nous ne sommes donc pas égaux face à l’échec dans la mesure où chacun va l’interpréter et le vivre différemment.

Une recette miracle une fois de plus n’existe pas, une suggestion utile pour un individu pourra s’avérer contre-productive pour un autre. 

De plus chacun possède ce que l’on nomme un “locus de contrôle” évolutif et différent, l’amenant à considérer que sa vie lui appartient ou bien lui échappe. 

Nous ne sommes jamais totalement enfermés dans l’un ou l’autre de ces locus, néanmoins selon les contextes il est important, grâce à la “métacognition”, de s’en extraire afin d’effectuer “un pas de côté” sur l’histoire que nous nous racontons. 

“La défaite nous ment quand elle nous fait croire que nous sommes un raté. Le succès nous ment lorsqu’il nous invite à confondre une réussite conjoncturelle ou une image sociale avec ce que nous sommes au fond.” Charles Pépin

« Lorsque nous échouons, nous nous identifions à l’échec, explique l’auteur, nous nous persuadons que c’est nous qui sommes des ratés ! Nous confondons l’échec de notre projet avec celui de notre personne. Nous vivons dans un vieux pays qui fut jadis une grande puissance. Nous percevons implicitement le succès comme une fidélité à la norme, au passé. Et l’échec comme un manquement à cette tradition ou à cette norme, et non comme une expérience enrichissante ou une preuve d’audace.« 

==> Style d’attribution et biais cognitifs

L’art d’agir de manière adéquate face à l’échec est selon moi dans un premier temps de se permettre d’en identifier les bonnes causes. On peut expliquer nos échecs de manière externe (la malchance, les autres, la vie…) ou de manière interne (nos décisions, nos compétences…).

En psychologie, on observe deux styles majeurs d’attributions particuliers :

  1. Les personnes croyant que leur performance ou leur sort dépendent surtout d’eux-mêmes ont un lieu de maîtrise dit « interne ».
  2. Celles persuadées du contraire (c’est-à-dire que l’issue est avant tout déterminée par des facteurs extérieurs, hors de leur influence) ont un lieu de maîtrise « externe ».

Dans ces deux cas, il s’agit de biais cognitifs, c’est-à-dire d’une vision biaisée de “la réalité”

Les causes externes sont pratiques car elles nous dédouanent de notre responsabilité dans l’échec, elles peuvent agir comme un mécanisme de défense pour mieux gérer la culpabilité et le sentiment d’échec. 

En revanche, en internalisant de trop, nous avons tendance à culpabiliser même lorsque nous ne sommes pas responsables

Pour tirer de réels enseignements, il est important d’identifier les mécanismes de mise en œuvre ainsi que les causes éventuelles de l’échec et d’admettre les automatismes de défense inhérents à nos personnalités sans pour autant les diaboliser. 

L’objectif n’est donc pas de se culpabiliser en se cherchant une responsabilité interne ou externe à tout prix, mais d’interpréter ou de réinterpréter la dynamique psychologique en question.

Les recettes miracles reposent sur l’illusion que l’être humain serait soumis à des mécanismes universels, linéaires, qui n’évoluent ni dans l’espace ni dans le temps.

Notre esprit rationnel est souvent enclin à recourir à une échelle unidimensionnelle pour réfléchir à des caractéristiques complexes. Nos institutions culturelles et sociales, en particulier nos écoles et le monde de l’entreprise, ont eu tendance à renforcer cette illusion, le manichéisme, la conception du bien et du mal, du juste et de l’injuste comme deux forces égales et antagonistes.

De mon point de vue, face à l’échec, il n’y a fondamentalement pas une “bonne” ou “mauvaise” façon d’agir ou plutôt de réagir. Parfois certains jugent bonne la capacité à se relever rapidement après un échec, néanmoins peut-on associer sérieusement un rythme de croissance ou d’apprentissage à un gage de qualité ? Le “plus vite” est-il toujours synonyme de “mieux”, ou d’adéquat ?

A vrai dire, je me sens complétement incapable de répondre à cette question et qui tenterait d’y répondre à votre place se baserait sur sa vision du monde, sur ses propres capacités, sur sa propre sensibilité… Ce qui ne peut, à mon sens, que réduire les possibles et l’ouverture de vos mécanismes intrapsychiques.

Sylvain Gammacurta, Hypnose

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