Sylvain Gammacurta Hypnose
Rue de l'Oyat, 30800 Saint-Gilles

Sur RDV au 06 06 87 07 28
> Nous contacter

La théorie de l’attachement : répercussions et résilience

La théorie de l’attachement : les 3 types d’attachement construits dans l’enfance et leurs répercussions à l’âge adulte

La théorie de l’attachement 

Tirée du livre de John Bowlby, « Amour et rupture : les destins du lien affectif » , la théorie de l’attachement permet de mieux comprendre les problèmes relationnels des adultes, des parents et évidement des enfants.

On peut résumer cette théorie en 3 points fondamentaux :

  1. Un enfant a le besoin inné de s’unir à une figure principale
    d’attachement.
  2. Un enfant doit recevoir une attention continue de la figure
    d’attachement la plus importante au cours des premières
    années de sa vie
    .
  3. La relation d’attachement de l’enfant avec le tuteur principal
    conduit au développement d’une sécurité interne, une
    sécurisation affective.

Ce besoin d’attachement constitue vraisemblablement une condition essentielle au développement de l’enfant et à la constitution de sa sociabilité, autrement dit, l’attachement durant l’enfance va servir l’autonomie et non la dépendance.

L’enfant engendre l’adulte 

La théorie de l’attachement, que l’éminent Boris Cyrulnik à rebaptisé « biologie de l’attachement », n’a pas coulé de source tout de suite dans les communautés scientifiques. En effet, les travaux ont été vertement critiqués, y compris par des figures de renom.
Anna Freud et John Bowlby dans les années 1945-50 se sont beaucoup penchés sur la question et René Spitz avait constaté les troubles énormes provoqués par le manque d’altérité chez les tout-petits, qui se laissaient mourir en dépit de conditions biologiques saines. D’autres noms comme Lauretta Bender, William Goldfarb et David Levy ont énormément contribué à ce travail.

Néanmoins à l »époque, on n’avait alors pas les moyens scientifiques de prouver ces troubles de l’attachement. Certains allaient même à spéculer que l’attachement pré-verbal était une invention des hommes pour empêcher les femmes de travailler !
De nos jours bien heureusement, la théorie de l’attachement se trouve confirmée à maintes reprises par les neurosciences, avec les travaux de Stanislas Dehaene (psychologue spécialisé en neuropsychologie) notamment. 

Il est désormais prouvé, imageries médicales à l’appui, que les privations affectives provoquent de concrètes altérations cérébrales.

Les enfants ayant subit des troubles de l’attachement sont susceptibles de développer de nombreuses formes de détresses émotionnelles et de troubles de la personnalité, dont l’anxiétéla colère, la dépression et le détachement affectif, engendrés par une séparation (physique ou d’attention).

Dans « Amour et rupture » l’auteur offre une synthèse magistrale de la théorie de l’attachement. Il démontre son utilité dans l’aide à apporter aux enfants, aux parents et aux adultes confrontés à des problèmes relationnels. Il se place ainsi dans une véritable perspective thérapeutique tout autant que pédagogique et préventive.

Dans l’ouvrage de Bowlby, l’auteur fait constamment référence à la relation mère-enfant. La relation père-enfant n’est que très peu évoquée donc ne soyez surpris de constater par la suite que je vous expose divers résultats relatifs à l’attachement mère-enfant, et remplacez si vous voulez le terme mère par figure d’attachement. Cela est dû à l’époque (1958), il est d’ailleurs intéressant de constater que dans un ouvrage futur intitulé « Le lien, la psychanalyse et l’art d’être parent » paru en 1988, l’auteur y fait davantage référence. Aujourd’hui, il n’y a plus aucun doute sur le rôle important du père, encourageant l’exploration et la stimulation. « De très nombreuses études indiquent que les enfants qui ont grandi sans père encourent davantage le risque d’expérimenter la pauvreté, une réussite scolaire moindre, la consommation de drogue et d’alcool ainsi que la délinquance. En revanche, la sagesse d’un père se mesure aussi à l’espace qu’il laisse aux autres figures de formation. » Anna Oliverio Ferraris , Devenir père…pour la vie.

La base sécure stable des parents (estime accordée et l’acceptation du désir d’exploration) joue un rôle primordial dans l’épanouissement de l’individu dans ses relations avec les autres.

A partir des travaux de Lorenz (feedback négatif), Bowlby présente l’attachement comme un schéma comportemental qui dans des circonstances normales se met en place dans les premières semaines de la vie. Le sourire du bébé par exemple aurait la fonction de susciter le comportement maternel. L’enfant s’attache alors particulièrement à une ou plusieurs personnes , qui deviennent des « figures d’attachement » représentant une « base secure ».

La perturbation de ce lien 

Considérer le comportement d’attachement comme une composante normale et saine nous conduit aussi à concevoir l’angoisse de séparation comme une réaction naturelle et inévitable à chaque fois qu’une figure d’attachement se trouve inexplicablement absente

La perte d’une figure d’attachement ou de son attention constitue en toute vérité un deuil pour le jeune enfant. Se forme trop souvent un tissu cicatriciel qui, plus tard, conduit à des dysfonctionnements plus ou moins graves.

Le point central de cette théorie est qu’il existe une relation causale forte entre les expériences d’un individu avec ses parents et sa capacité ultérieure à établir des liens sociaux et affectifs. Et que les variations courantes de cette capacité se rapportent à des variations dans la manière dont les parents jouent leur rôle. Ainsi cela s’exprimera par la suite sous forme de problèmes de couples, dépendances, absence ou difficulté de self-contrôle, problèmes de comportement, difficultés avec l’éducation des enfants… Mais aussi à travers des formes plus pathologiques de symptômes névrotiques et des troubles de la personnalité.

Il est important de retenir que l’amour ne suffit pas, on entend souvent dire que lorsqu’il y a de l’amour, on a besoin de rien d’autre. Mais l’amour prend des formes différentes selon les moments. A l’amour tendresse il faut ajouter rapidement l’amour fermeté. Dans les familles qui arrivent à équilibrer les deux formes d’affections, les enfants ont davantage d’ingrédients nécessaires pour grandir et s’épanouir.

L’objectif n’est pas de chercher à être aimé à tout prix de l’enfant mais de savoir également imposer des règles claires et cohérentes. Grandir signifie également accepter de ne pas pouvoir tout avoir. Si l’on n’a pas connu la frustration, l’attente, le compromis et le renoncement, on risque de s’effondrer à la première occasion.

« Les enfants qui n’ont pas de limites deviennent tout-puissants et très vulnérables. Il faut un changement radical de culture parce que, oui, il faut bien-sûr une asymétrie dans la famille. »

Didier Pleux.

L’essor de l’éducation dite « positive », se voulant « bienveillante », aboutit à une écoute parfois inconditionnelle de l’enfant, au détriment d’un cadre propice à son épanouissement. Selon beaucoup de spécialistes, ne pas savoir se heurter au « non », faute d’avoir pu développer des stratégies d’adaptation, engendre une incapacité à supporter le réel. Cette frustration ou le fait qu’une pulsion ne peut être satisfaite devient dès lors une souffrance insupportable.

A contrario, attention de ne pas tomber dans le trop plein d’autorité, de règles rigides, dans la non-écoute, de croire en tout temps savoir ce qui est le mieux pour son enfant et ne pas se laisser surprendre et émerveiller par lui. En somme, trouver le juste milieu en fixant un cadre sécurisant mais en laissant assez de place à l’enfant pour s’exprimer, découvrir et s’adapter avec créativité.

« Si l’enfant essaye de se coiffer, l’adulte au lieu d’être saisi d’admiration devant cette tentative, sent ses prérogatives attaquées ; il voit seulement que l’enfant ne se peigne ni bien ni vite, et qu’il n’atteindra jamais son but, alors que l’adulte pourrait le faire beaucoup mieux. C’est alors que l’enfant, en train d’accomplir avec enthousiasme cet acte constructeur de sa personnalité, voit cet immense adulte qui semble atteindre le plafond et qui lui paraît si puissant qu’il ne pourrait lui résister, venir vers lui pour lui prendre le peigne des mains en lui disant qu’il va le coiffer lui-même.« 


« L’enfant aimant réveille – non seulement le matin – les parents qui dorment trop longtemps et s’endorment dans leur vie!
Nous avons tous tendance à nous endormir sur les choses, et il nous faut un être nouveau qui nous réveille et nous garde éveillés avec les attitudes qui ne sont pas les nôtres, un être qui agit différemment de nous et chaque matin nous dit : « Regarde, il y a une autre vie, vis mieux! »
Vivre mieux, car l’homme aurait tendance à sombrer dans la dégénérescence et l’enfant l’aide à aller vers le haut. S’il ne prête pas attention à cela, l’adulte se perd, se couvre peu à peu d’une carapace dure et devient insensible.
 » L’enfant dans la famille de Maria Montessori.

Le paradigme de la situation étrange

Etre attentif aux besoins d’un enfant ne conduit pas à faire de lui un enfant gâté, ne laissant plus ensuite sa famille en paix par ses pleurs et ses caprices, bien au contraire. – Yvane Wiart

Le paradigme de la situation étrange, crée par Mary D.S Ainsworth permet d’évaluer les réactions d’un bébé au stress, le déclencheur du stress étant la séparation brève d’avec sa mère et la confrontation avec une personne étrangère. Se retrouver seul face à un inconnu sert de déclencheur du comportement d’attachement, mettant fin à l’exploration chez le bébé. La présence ou le retour de la mère (ou d’une autre figure d’attachement) constitue le signal d’extinction du comportement qui cesse alors.

C’est ce paradigme de la situation étrange qui a permis d’évaluer les réactions du bébé à la séparation d’avec sa mère et à la présence d’un inconnu, d’observer son comportement lors des retrouvailles ainsi que ses capacités d’exploration de l’environnement en fonction du contexte.

Deux schémas comportementaux autres que l’attachement sont évoqués : l’exploration et l’attention portée à autrui. Le pourvoyeur d’attentions a pour rôle de se montrer disponible et réactif quand on le lui demande. Et deuxièmement d’intervenir judicieusement si l’enfant se trouve en difficulté. 

C’est à partir de l’observation des réactions des enfants au retour de la figure d’attachement que les psychologues ont établi la classification de l’attachement des bébés en trois catégories :

  1. l’attachement insécure ambivalent/anxieux,
  2. l’attachement insécure évitant,
  3.  l’attachement sécure.

On a montré la stabilité considérable de ces schémas au cours des premières années de la vie, permettant de prédire le comportement d’enfants de maternelle entre 4ans et demi et 6 ans vis à vis des personnes nouvelles et de tâches inconnues*.

https://aprisme.blog/psychologie/la-theorie-de-lattachement/#page-content

La capacité limitée à reconnaître les figures appropriées et volontaires et/ou à collaborer peuvent se manifester à des degrés divers. Par exemple l’agrippement anxieux, les demandes excessives ou d’une intensité extrême, le non-engagement distant et la revendication d’indépendance. 

Une personne au fonctionnement sain est encore capable de changer de rôle au gré des situations. A un moment, c’est elle qui sert de base sécure. A un autre, elle est heureuse de s’appuyer sur l’autre qui constitue pour elle, une telle base à son tour. 

Servir de base secure à un enfant ou un adolescent c’est lui donner la liberté d’explorer le monde et de se construire sainement d’où il revient grandit avec la certitude qu’il sera bien accueilli à son arrivée, qu’on lui offrira de la nourriture tant physique que emotionelle, qu’il sera réconforté s’il est en détresse et rassuré s’il est effrayé. L’essence de se rôle consiste à se montrer disponible, prêt à agir en cas de demande pour encourager et peut être aider, mais n’intervenir activement qu’en cas de nécessité évidente. Pour y parvenir Bowlby nous conseil d’enseigner par l’exemple et non les préceptes, par la discutions et non par les consignes.

Ces personnes équilibrées oscillent entre d’une part l’initiative et le fait de compter sur soi (image et estime de soi, sentiment d’efficacité, besoin d’autodétermination…), et d’autre part la capacité à rechercher de l’aide et à en faire usage lorsque les circonstances l’exigent. Bien souvent ces personnes ont grandi dans des foyers qui n’hésitaient pas à fournir du soutien et des encouragements. 

L’émergence d’une classification des types d’attachement

La principale caractéristique qui différencie un attachement sécure d’un attachement insécure est liée au fait que, dans le premier cas, le parent répond adéquatement aux signaux et aux besoins de l’enfant et ce dernier n’a pas d’effort particulier à faire pour être entendu et objet d’attention, d’affection. Dans le second cas, la réponse est soit inadaptéesoit incohérente, ce qui conduit l’enfant à devoir mettre en place des stratégies particulières d’adaptation (soit de type évitant, soit de type anxieux).

Attachement ambivalent/anxieux

Dans la première catégorie (attachement insécure ambivalent/ anxieux), les interactions entre la mère et son bébé se passent sans grandes difficultés mais sans véritable partage affectif non plus. La mère est jugée intrusive dans le sens où elle impose beaucoup sans tenir compte des envies de son enfant (de faire par lui-même, de décider de ses propres jeux, façon de de faire, voire d’être laissé tranquille…). Cette volonté de projet éducatif ne respecte pas nécessairement les capacités de l’enfant et conduit celui-ci à ne se sentir aimé qu’en cas de réussite.

Dans ce cas là, il apparaît néanmoins comme un enfant aimable et éveillé.

Attachement évitant

Dans la deuxième catégorie (attachement insécure évitant), l’enfant maîtrise ses émotions et est très indépendant avec peu d’interactions avec sa mère (surtout pas affectives). Il arrive même que l’enfant se montre plus enjoué avec un inconnu qu’avec sa mère, celle-ci se montrant souvent davantage intéressée par les visiteurs que par son enfant. Quand l’enfant exprime de la détresse ou de la douleur, sa mère détourne son attention.

Les parents évitants découragent les tentatives de rapprochement de leur enfant et les parents anxieux découragent les tentatives d’exploration.

Attachement sécure

Dans la troisième catégorie (attachement sécure), les bébés peuvent se montrer très inquiets lors de situations étranges et pleurer beaucoup. Mais les chercheurs ont remarqué que le niveau de l’hormone de stress (cortisol) augmente peu pendant l’expérience, comme si les pleurs fonctionnaient seulement comme un signal devant assurer le retour de leur mère, et non comme l’expression d’un désespoir profond.

Une quatrième catégorie a été ajoutée par Mary Main, autre chercheuse en psychologie : l’attachement désorienté/ désorganisé. L’enfant à l’attachement insécure désorganisé/ désorienté adopte un comportement chaotique et instable. L’enfant perd le lien avec ses émotions et sa vie affective.

Les spécialistes de l’attachement parlent d’une « peur sans solution”. Il n’y a pas de stratégie d’attachement repérable. Mais l’attribution d’une des trois premières catégories reste préservée, par rapport à celle dont l’enfant se rapproche le plus quand il n’est pas totalement désorganisé. Chez les enfants désorganisés/ désorientés, des ruptures et des incohérences apparaissent dans les stratégies d’attachement : ils sont susceptibles de s’immobiliser comme pétrifiés de peur au moment de rejoindre leur mère, qu’ils tentent parfois d’approcher de biais, ne parvenant pas à maintenir leur attention au point de paraître absents, confus, désorientés.

Les 3 types d’attachement

1. Attachement secure

L’attachement sécure est corrélé à la sensibilité de la mère (et ou d’une figure d’attachement autre) ainsi qu’au plaisir que cette dernière prend à s’occuper de son enfant.

La relation mère/enfant est fluide et les réactions cohérentes et appropriées de part et d’autre, sans indépendance ou dépendance marquée.

Les enfants dont l’attachement à la mère est évalué sécure à 12 mois se montrent plus actifs et plus enthousiastes dans leurs activités d’exploration, s’avérant aussi particulièrement disposés à jouer avec les psychologues expérimentateurs. Les enfants ont été jugés comme tels car ils jouent avec plaisir et explorent l’environnement avant la séparation, ils manifestent le manque de leur mère en pleurant et appelant, ils recherchent activement sa proximité à son retour avec un désir d’être pris dans les bras et, finalement, retournent tranquillement à leurs jeux une fois rassurés.

Cependant, l’attachement secure n’est pas monolithique. Yvane Wiart (Docteur en psychologie et chercheur au Laboratoire de psychologie clinique de l’Université Paris – Descartes) écrit :

Les trois grands types d’attachement se placent en fait dans un continuum avec l’attachement sécure au milieu, certaines catégories en son sein comportant une proximité avec les styles évitant d’un côté, anxieux de l’autre.

Ainsi, certains bébés « sécures » se montrent indépendants et recherchent peu la proximité si ce n’est qu’ils ont d’importants changes affectifs avec leurs mères (sourires, regards, vocalises), la préférant au visiteur en cas de stress, ce qui les distingue des évitants.

D’autres, au contraire, ont besoin de beaucoup de contacts physiques et s’agitent lorsqu’ils ne peuvent les obtenir mais ils ne montrent ni colère intense ni passivité exagérée, à la différence des bébés avec attachement anxieux. Leurs mères semblent apprécier cette dépendance et encouragent ouvertement les câlins, sans interférence ni entrave notables dans les activités d’exploration de leur enfant cependant.

La troisième sous catégorie, la plus typiquement sécure, est celle où mère et enfant prennent manifestement plaisir à leur compagnie mutuelle, partageant situation de stress et situations de jeu. En cas de stress, l’enfant recherche sa mère qui le réconforte sans difficulté; en situation d’exploration, soit à distance, soit à proximité, le partage affectif est important, à l’initiative et de l’enfant et de la mère qui exprime, elle aussi, ouvertement ses émotions.

A l’âge de 6 ans, les enfants évalués sécures à 12 mois se montrent peu affectés par la séparation d’une heure avec leurs parents. A leur retour, ils les accueillent calmement mais avec plaisir, les associant volontiers à leur activité en cours.

A l’âge de 19 ans, ils présentent des récits structurés et cohérents de leur enfance et de leurs relations avec leurs parents, reconnaissant les enjeux et l’importance de l’attachement.

Ce schéma sécure se maintient la plupart du temps le long des années et est associé à une certaine flexibilité attentionnelle et cognitive alternant les points de vue et les centres d’intérêt, sans se mettre sur la défensive systématiquement en cas de contradiction.

2. Attachement évitant

Un attachement évitant est marqué par un évitement par l’enfant de ses états émotionnels qui ne sont pas reconnus et traités en tant que tels par les adultes. L’attachement évitant est caractérisé par un manque d’attention de la mère face à la détresse de son enfant, parfois par des réactions de colère ou des moqueries de la part de la mère.

Les enfants à l’attachement évitant expriment peu leurs émotions et inhibent leurs manifestations affectives pour en éviter les conséquences indésirables (les réactions négatives de la figure d’attachement…). L’accent est placé sur le raisonnement au détriment des affects.

Les enfants évalués évitants à 12 mois se remarquent par leur apparente indifférence à l’absence de leur figure d’attachement puis à son retour, continuant à jouer et explorer comme avant la séparation, même quand ils sont laissés seuls. Tout se passe comme si plus l’insécurité est grande (environnement et personnes inconnus), plus ces enfants adoptent une attitude nonchalante et attentive en même temps pour ne courir aucun risque de rejet de leur mère et s’assurer une proximité minimale en cas de danger extérieur.

A l’âge de 6 ans, ces enfants continuent de se montrer évitants lors des retrouvailles avec leur mère. Ils évitent subtilement les conversations par des silences ou des absences de développement sur les sujets abordés (exemple : réponses courtes, “je ne sais pas”, “rien”…).

A l’âge de 19 ans, ils présentent des expériences d’enfance globalement sous un jour positif mais ils sont incapables de fournir des détails précis pour alimenter cette image idyllique (voire se contredisent). Ils idéalisent souvent leurs parents et n’établissent généralement pas de lien entre ce qu’ils ont vécu enfants et leurs difficultés relationnelles/ comportementales actuelles. Ils vont même jusqu’à nier l’intérêt et l’impact de l’attachement (c’est-à-dire de l’amour même ou en tout cas de preuves d’amour).

3. Attachement ambivalent (ou anxieux)

L’attachement ambivalent/anxieux s’illustre par un fonctionnement quasi exclusif sur un mode émotionnel chez l’enfant, là encore engendré par des réactions parentales qui peuvent être opposées telles que l’hypervigilance anxieuse (surprotection) ou au contraire le désintérêt ou la négligence.

En l’absence de sa mère, le bébé à l’attachement ambivalent/anxieux est agité et pleure intensément. La figure d’attachement arrive rarement à le calmer à son retour.

A l’âge de parler, l’enfant anxieux/ambivalent pourra manipuler volontairement l’autre particulièrement en feignant des émotions qui ne sont pas réelles ou en exagérant celles qui le sont. Ces stratégies coercitives de maintien du lien peuvent s’exprimer d’autres manières : opposition, agressivité, mensonges, fausses excuses, séduction, critiques, plaintes…

La séduction alterne avec l’agressivité par manque de confiance en soi et manque de confiance en l’autre.

Les répercussions à l’âge adulte

Une des fonctions de l’attachement est de permettre de se sentir en sécurité, de façon à pouvoir partir à la découverte de ce qui nous entoure. Cela est très important pour le développement intellectuel et moteur du bébé, mais demeure une constante dans la vie adulte, sous forme de curiosité intellectuelle, curiosité relationnelle et absence de crainte face à la nouveauté ou à l’inconnu. 

Yvane Wiart

La plupart des études récentes montrent que les personnes à l’attachement évitant, dont l’enfance a été marquée par un manque affectif, sont extrêmement déstabilisées dès qu’on leur parle d’attachement, d’émotion et d’amour

Elles sont incapables d’évoquer leur enfance de manière réaliste et elles nient souvent l’impact.

Une représentation du monde et des autres négative

Quand les parents ne fournissent pas aux enfants une base sécure vers laquelle se replier à tout moment, en rejetant leurs comportements de rapprochement, en se moquant d’eux, en ne leur prêtant aucune attention ou simplement en n’étant pas présents ni disponibles, les enfants sont limités dans leurs explorations qui s’avèrent bien trop dangereuses dans ces conditions.

Yvane Wiart prévient :

Ce qui se joue avec le bébé ou le petit enfant risque fort de se reproduire ultérieurement car il est peu fréquent qu’on change d’environnement familial et lorsque les conditions changent, c’est souvent dans des conditions dramatiques. Ainsi, un schéma de ce type aura tendance à se trouver renforcé jour après jour aboutissant à la construction d’une représentation du monde comme un lieu plein d’inconnus et de menaces potentielles, où l’enfant devenu adolescent puis adulte, se sentira incapable d’affronter seul toute nouveauté, où il se dira que les autres ne sont pas fiables, qu’ils ne sont pas disponibles en cas de problème et que de toute façon, il ne mérite pas d’être aidé.En outre, ce qui vaut pour les situations d’exploration de l’environnement physique vaut aussi pour ce qui est de l’environnement psychique, à savoir la connaissance et la compréhension de soi et d’autrui, le droit de poser à ses parents des questions personnelles, d’avoir une réponse authentique, de pouvoir exprimer ses émotions, donner un point de vue.

L’attachement évitant

Les personnes à l’attachement évitant apparaissent comme des personnes calmes, responsables et prévisibles, en apparence agréables à vivre par la transformation de leurs affects en façade positive. Pourtant, ces stratégies résistent plus ou moins bien au stress et l’effondrement peut être brutal et spectaculaire, se traduisant par des colères, des sarcasmes et une prise de distance, voire une décompensation dans la dépression quand les affects douloureux ne peuvent plus être contenus.

L’attachement anxieux/ambivalent

Les personnes à l’attachement anxieux/ambivalent sont marquées quant à elles par l’irrégularité des réactions parentales subies dans l’enfance et qui engendrent d’importants sentiments de frustration, de colère et de peur (liés au fait de ne pas être pris en compte, de ne pas être entendu, de risquer d’être abandonné).

On se retrouve alors en présence soit d’une personne qui se montre invulnérable et en colère (position de bourreau qui fait porter la responsabilité aux autres), soit d’une personne vulnérable et peureuse (position de victime qui persuade autrui de lui porter secours).

Les personnes à l’attachement anxieux/ambivalent ont besoin à outrance de l’autre pour exister, même si les relations sont chaotiques (associant agressivité et soumission).

Type d’attachement et relations amoureuses

Les adultes sécures n’ont bien souvent aucune difficulté à devenir intimes et à faire confiance à leur partenaire. Ils sont en même temps capables de reconnaître et exprimer les affects négatifs engendrés par la relations et d’imaginer des issues positives en cas de conflit.

Les adultes ambivalents/anxieux ont des demandes affectives démesurées et leur peur d’être abandonnés les mène à douter de la sincérité de l’amour de l’autre.

Les adultes évitants se caractérisent par un rejet de l’attachement et de la dépendance affective. Ils ont tendance à se maintenir à une certaine distance physique et/ou psychologique de leurs partenaires. Ils se protègent des expériences de détresse affective par une désactivation des émotions douloureuses (ce qui leur permet de ne rien ressentir mais les empêchent de savoir s’ils sont heureux ou non…). Cette maîtrise affective s’étend aux émotions positives : pas d’explosion et de grande démonstration de joie donc !

Pas de déterminisme immuable : prise de conscience, neuroplasticité et tuteurs de résilience

Daniel Siegel, neuroscientifique américain, fournit une approche neurodéveloppementale de l’attachement, montrant comment la structure même du cerveau est modelée par les interactions avec autrui, et tout particulièrement les interactions précoces.

La répétition d’un certain type de réponses obtenues à une stimulation, les pleurs de bébé ou au contraire ses tentatives de contact créent un conditionnement, une association neuronale spécifique qui rapidement s’active en présence de stimuli semblables, voire dans la simple anticipation de tels stimulis.

Pour mieux comprendre :

Pour autant, le cerveau est plastique et peut se reconfigurer à tout moment de la vie. Il suffit que dans un sous ensemble, un élément nouveau apparaisse, suffisamment proche pour ne pas être rejeté comme incompatible, et cependant suffisamment différent et porteur d’une forte valeur informative pour que l’ensemble du système s’en trouve modifié.

Ou alors on peut assister à l’intégration d’éléments différents proches entre eux, dont l’accumulation finit par introduire une masse critique faisant basculer les paramètres du schéma d’origine.

C’est tout l’intérêt d’un accompagnement thérapeutique : dans une démarche constructiviste, les accompagnants cherchent à relancer l’évolution vers davantage d’intégration et de complexité dans le système relationnel humain et dans les connexions neuronales qui le sous tendent au sein du cerveau en présentant de nouveaux contextes et en introduisant davantage de flexibilité.

Il est également possible d’envisager une reprise dans une évolution bloquée :

  • soit par une action thérapeutique professionnelle,
  • soit par une rencontre avec une personne sécure qui peut parvenir à faire évoluer les modalités d’attachement insécure d’un partenaire,
  • soit par une prise de conscience personnelle sur ce qu’il y a de mieux à faire (mais ce cas est extrêmement rare et difficile).

Sylvain Gammacurta, hypnose

Sources : 

L’attachement, un instinct oublié de Yvane Wiart

*The development of infant-mother interaction among the Ganda, Ainsworth M.D 1963

https://livre.fnac.com/a3614893/Yvane-Wiart-L-Attachement-un-instinct-oublie

Le lien, la psychanalyse et l’art d’être parent et Amour et rupture : les destins du lien affectifde John Bowlby

https://www.lepoint.fr/societe/enfant-roi-un-petit-tyran-en-grande-souffrance-28-02-2018-2198597_23.php

Devenir père pour la vie de Anna Ferraries

L’ATTACHEMENT. 2ème édition

1 réflexion sur “La théorie de l’attachement : répercussions et résilience”

  1. Ping : Comment agir de manière adéquate face à un échec ? - Sylvain Gammacurta - Hypnotherapeute

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *