Sylvain Gammacurta Hypnose
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Vais-je m’endormir ou ne plus être « conscient » durant ma séance d’hypnose ?

Je reçois un nombre de questions important de personnes qui n’ont jamais pratiqué l’hypnose, ou plutôt qui croient ne l’avoir jamais pratiqué et qui me demande si l’on « perd connaissance » ou si l’on s’endort durant la séance.

Il est vrai que souvent on associé à tort ou à raison le mot hypnose au sommeil… Peut-être est-ce lié au travail expérimental du psychologue Pierre Janet sur la transe somnambulique, à cette fameuse toile d’André Brouillet représentant Jean-Martin Charcot et une patiente hystérique du nom de Blanche Wittman dans un état complet de léthargie ou encore est-ce dû à l’ hypnotiseur de spectacle qui depuis des lustres nous ordonne avec de gros yeux et une outrageuse assurance de DORMIR MAINTENANT !

Bien que cela se produise parfois, en thérapie, je ne recherche pas cela systématiquement, à vrai dire rarement, à moins que mon interlocuteur soit animé par cette croyance et cet engouement, qu’il peut être bien utile d’exploiter. Néanmoins, généralement s’attendre uniquement à ce phénomène serait une attente bien trop contraignante. Le plus souvent, j’aime à penser qu’il est intéressant de laisser venir ce qui vient, d’accueillir les phénomènes subjectifs que tout le monde peut ressentir en orientant le moins possible au départ dans une direction choisie au préalable par l’opérateur. Dans l’idéal, j’aime à croire, que l’état d’hypnose offre au contraire souvent à la plupart des gens d’être plus lucides, ou plus disponibles à eux-mêmes mais au-delà de la pensée logico-formelle et analytique au sens le plus prégnant du terme. En bref, co-créer un temps capacitaire intuitif par l’interaction et une relation hors du commun rationnelle.

Que vit-on lors d’une séance d’hypnose ?

Certaines personnes vont se trouver dans un état de catalepsie , plus ou moins marqué, d’autres vont vivre ou revivre certaines émotions enfouies, d’autres vont énormément visualiser et verbaliser ou encore être pris d’hallucinations (visuelles, auditives, kinesthésiques)ou de sentiment de « dépersonnalisation »( j’aime appeler cela le désencombrement du « moi ») . Souvent la distorsion de temps est évoquée, le temps parait passé plus rapidement et parfois le corps va bouger par lui-même… Bref il y a autant de phénomènes hypnotique que de personnes, et depuis que j’exerce cette profession je dois avouer qu’aucune séance d’hypnose n’est similaire (bien que certains phénomènes restent quasi universellement observables.)

Alors l’hypnose est parfois associée au sommeil… C’est une idée très répandue et ancrée dans l’histoire de l’hypnose et si c’est cela qui arrive, très bien, cela donne souvent des états très profonds et grandement intéressants à explorer. Il est alors utile et pragmatique d’être curieux de sonder jusqu’où vous êtes capable d’aller avec ce genre d’idée d’un sommeil hypnotique où vous continuerez néanmoins d’entendre les suggestions et d’y réagir.

Pour citer Jordan Vérot, formateur et auteur à succès de plusieurs ouvrages sur l’hypnose (Hypnose rapide, Levier de changements etc..https://www.amazon.fr/dp/173128599X/) :

« Les suggestions de sommeil hypnotique dans toutes mes séances au moins transitoirement, car « Dors » est la suggestion directe à effets indirects la plus puissante (lorsqu’on s’endort ou dort on vit la paralysie du sommeil, le rêve, l’amnésie, la distorsion du temps, la dépersonnalisation parfois …). Quand on dit « dors » on suggère tous ses effets indirectement.Se priver de cette suggestion serait pour moi une erreur majeure.Je vois souvent la question « comment approfondir l’état d’hypnose ? « . Il n’y a pas de grands secrets à cela, mais les deux plus gros sont :

– Ne surtout pas faire de meta suggestion cadrante minimisante comme « l’hypnose c’est comme quand on lit un livre » -> c’est ce que vous obtiendrez comme état hypnotique. Tellement dommage.

– Et utilisez le sommeil transitoirement.Hormis le fait que se priver du sommeil et dire non à 250 ans d’hypnose (ce dont on pourrait se foutre si ce n’était réellement pas efficace), c’est aussi se priver de la plus belle suggestion directe à effets indirects et d’une efficacité redoutable.Si vous dites à quelqu’un « dors profondément » il a une référence de cela. Alors que si vous lui dites « rentre dans un état hypnotique profond » il va devoir être créatif, car vous ne lui décrivez pas ce que c’est du coup et s’il l’est ça marchera tout de même. »

Pourtant aucune similitude n’a pu être relevée par les nombreuses recherches électroencéphalographiques entre éveil, hypnose et sommeil profond ou paradoxal, bien que l’on ait récemment découvert des zones spécifiques du cerveau qui ne s’activent que durant la transe hypnotique. James Braid, créateur du terme « hypnose » en 1841 essaya de le modifier peu après avoir vérifié que cet état n’était en rien du sommeil… mais trop tard, le mot « hypnose » était déjà à la mode – et il est resté ! (source : http://hypnose-ericksonienne.com/fr/l%E2%80%99hypnose-est-elle-une-forme-de-sommeil/)

Cependant il est vrai que des études ont dernièrement montré que certaines parties du cerveau impliquées dans le sommeil sont aussi en activité lors d’un état d’hypnose profond (système PGO : ponto-géniculo-occipitale )

Vous comprenez donc le côté subjectif de la choseLes phénomènes hypnotiques s’apparentent, à mon sens, à une multitude de présupposés induits directement ou indirectement par un tiers faisant autorité.

Comment changer à l’aide de l’état d’hypnose ?

L’association américaine de psychologie (APA) définit l’hypnose comme : « un état de conscience impliquant une attention focalisée et une moindre sensibilité à l’environnement, caractérisé par une capacité accrue de réponse à la suggestion.” (Haag, Vinot-Coubetergues et al. 2014)

Dans la mythologie on dit souvent que Hypnos est le dieu du sommeil, mais l’on scrute plus loin dans l’histoire, on observe que Hypnos c’est celui qui reste éveillé quand tout le monde dort…

C’est peut être ça finalement la proposition originelle de l’hypnose, “d’habiter le monde en poète », cette notion d’être connecté, présent et éveillé en nous, un « autre nous », un autre « moi », tout en laissant dormir « les gardiens critiques habituels » relativement hermétiques au changement, souvent par volonté de cohérence et stabilité. Prendre le risque de la séparation avec ses habitudes réflectives pour vivre, davantage que pour se laisser vivre. 

 C’est un état qui, à mon sens, demande d’être actif, engager, curieux et d’être réactif…Sinon il est possible que pas grand-chose ne se passe.

Pour citer Irving Kirsch professeur de psychologue à l’université de Hull, en Grande Bretagne : « Les sujets doivent faire des choses pour que l’hypnose se produise, le fait de rechercher passivement pour qu’elle se produise n’est pas une bonne stratégie… Si vous dites uniquement à vos sujets qu’ils peuvent simplement se détendre et laisser faire, alors vous réduisez probablement votre efficacité… »

Garder cette phrase en tête est certainement un des atouts les plus précieux de l’hypnotiseur (et probablement de l’hypnotisé). Cela permet en séance de ne plus se concentrer sur soi mais d’être complètement attentif à l’autre.

Par l’hypnose, la finalité n’est en aucun cas la relaxation, encore moins le sommeil même si ceux- ci peuvent effectivement y être associés et utiliser de manière puissante. Il s’agit davantage d’inviter l’autre à modifier son état de conscience « ordinaire », découvrir, se sentir plus connecté, attentif, donc parfois, très actif. Si cela passe par une forme de passivité liée à un sommeil hypnotique, c’est très bien aussi, mais il y a une multitude d’autres voies à explorer.

Et si vous avez « peur » de «  »perdre le contrôle », peut-être est-ce l’occasion de travailler sur cette peur et de comprendre que si vous consulter un hypnotiseur pour un symptôme en particulier, c’est bien que vous avez, dans une certaine mesure, déjà perdu une forme de contrôle sur vous même, que ce soit sur un type de pensée, une addiction ou autre comportement que vous voulez modifier. C’est un paradoxe qui de mon point de vue mérite d’être approfondi.

Peut-être est-ce là une occasion précieuse de s’éloigner de l’individualisme afin de se laisser aller davantage vers l’individuation ? Se réapproprier une forme de liberté, de l’affirmation d’être à travers un champ élargi des possibles. En bref permettre à l’esprit de “grandir par émancipation.”

Autres articles démystifiant certaines croyances sur l’hypnose : https://gammacoachinghypnose.com/4-fausses-croyances-sur-hypnose

Sylvain Gammacurta, Hypnose.

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