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Thérapie d’acceptation et d’engagement

La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT pour, thérapie d’ACceptation et d’engagemenT) représente une approche psychothérapeutique validée empiriquement, inscrite dans la troisième vague des thérapies cognitivo-comportementales.

La thérapie de l’acceptation et de l’engagement repose sur le contextualisme fonctionnel, une hypothèse philosophique qui informe une méthode d’analyse fonctionnelle du comportement englobant toutes les manifestations d’un organisme : actions, pensées, souvenirs, émotions, etc. Cette approche s’appuie également sur la théorie des cadres relationnels pour « comprendre » la cognition et le langage.

L’importance de la théorie des cadres relationnels

Pour comprendre la théorie des cadres relationnels, il est important de savoir que les êtres humains n’apprennent pas uniquement à partir d’expériences directes. Nous apprenons également de manière indirecte en associant des stimuli au-delà de leurs caractéristiques physiques immédiates. Cette capacité à donner une signification linguistique supplémentaire aux stimuli conditionne notre capacité à établir des relations et à utiliser ces relations de manière fonctionnelle. En d’autres termes, la théorie des cadres relationnels nous aide à comprendre comment notre façon de penser et de percevoir est influencée par nos expériences et par la manière dont nous organisons et utilisons le langage pour donner un sens à notre monde orchestrant des modèles plus ou moins prononcés de comportements.

Les modèles de comportement déterminés par les règles verbales nous montrent comment nos actions sont sensiblement guidées par le langage et les règles sociales intériorisées. Ces règles, bien que nécessaires, peuvent avoir des impacts négatifs sur notre bien-être et notre développement

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Selon Hayes et al., 2021, il y a trois façons de suivre les règles : la pliance, le tracking, et l’augmenting

  • La Pliance, implique une obéissance rigide aux règles, souvent au détriment de notre adaptation aux circonstances changeantes de notre environnement. Par exemple, l’idée selon laquelle « il faut souffrir pour réussir » peut limiter notre capacité à défendre nos droits fondamentaux en nous enfermant dans des schémas de sacrifice excessif , ou encore une personne peut suivre une règle telle que « je dois être parfait en tout temps », peut entraîner une anxiété excessive et une peur disproportionné de l’échec

Autre exemple intéressant, imaginons qu’une personne ait appris de ses parents la règle « ne parle pas quand les adultes parlent ». Si cette règle a été apprise à travers des récompenses ou des punitions en fonction de son respect ou non, si elle est liée à l’idée d’être un bon enfant et si ce comportement est motivé par le désir de plaire ou de ne pas déplaire à ses parents, alors le fait de se taire lorsque les adultes parlent représente un exemple de pliance.

  • Le Tracking des règles se traduit par des comportements axés sur des récompenses immédiates, mais qui peuvent entraver notre développement personnel à long terme. Par exemple, penser que « je dois fumer pour me calmer » peut nous priver de la possibilité d’apprendre d’autres stratégies de gestion du stress ou des émotions. Pour reprendre l’exemple de la règle “ne parles pas quand les adultes parlent”, si l’enfant se tait lorsque des adultes conversent car il trouve ce qu’ils disent intéressant et que son histoire lui a appris que dans une situation où quelqu’un dit quelque chose qui est intéressant, se taire permet de mieux en profiter, il y a une récompense, un intérêt immédiat, le comportement est un tracking.
  • Les Augmentals agissent en coordination avec les règles de pliance et de tracking en renforçant des attitudes envers nos expériences internes ou des attentes. Elles vont augmenter ou établir des fonctions appétitives ou aversives d’un stimulus donné par la transformation des fonctions de ce stimulus au moyen de la dérivation de relations. Ils spécifient des fonctions aversives pour nos expériences internes par exemple, « je ne peux pas vivre avec cette anxiété » ou des fonctions appétitives pour des états émotionnels idéalisés et inatteignables du genre « je dois toujours être heureux ». Les augmentals, que la publicité sollicite souvent renforcent une vision extrême et rigide de notre monde intérieur, ce qui peut contribuer à des schémas de pensée négatifs et à des difficultés émotionnelles.

Dans l’ouvrage intitulé “Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie” de Viktor Frankl* se trouve un exemple intéressant d’augmental à visé thérapeutique:

“Un médecin d’un certain âge est venu me consulter parce qu’il souffrait d’une grave dépression depuis deux ans. Il ne pouvait se remettre de la mort de sa femme, qu’il avait aimée plus que tout au monde. Que pouvais-je pour lui? Que lui dire? J’ai décidé de lui poser la question suivante:

  • Et si vous étiez mort le premier et que votre femme ait eu à surmonter le chagrin provoqué par votre décès?
  • Oh! pour elle, cela aurait été affreux; comme elle aurait souffert!
  • Eh bien, docteur, cette souffrance lui a été épargnée, et ce, grâce à vous. Certes, vous en payez le prix puisque c’est vous qui la pleurez.

Il n’a rien dit, mais il m’a serré la main et a quitté mon bureau calmement. La souffrance cesse de faire mal au moment où elle prend un sens. Elle devient alors un acte sacré, un sacrifice.”**

Il est crucial de comprendre ces modèles pour mieux naviguer dans nos comportements et nos pensées. En prenant conscience de ces schémas linguistiques, nous pouvons les remettre en question et choisir des voies plus adaptatives et positives pour notre bien-être mental et émotionnel.

“La souffrance cesse d’être insupportable au moment où l’on l’accepte son existence et où on lui définit un sens singulier. Elle devient alors un acte qui relève du sacré. Loin de moi l’idée d’insinuer que la vie est nécessairement besoin de douleur pour prendre un sens, cependant, lorsqu’elle est là, imposante, inévitable, il est crucial d’identifier et d’agir sur ses causes. Accepter de l’endurer sans nécessité relève davantage du masochisme que d’une noble bravoure d’âme.”***

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La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement

L’ACT attache beaucoup d’importance à la validation empirique des principes qui la fondent et à la documentation de son efficacité par l’expérimentation clinique. Une méta-analyses portant sur la thérapie ACT a été réalisée en 2020 par Gloster et ses collègues. Cette étude a conclu à l’efficacité de cette approche dans le traitement d’un large éventail de conditions, notamment l’anxiété, la dépression, le stress chronique, les troubles obsessionnels-compulsifs, ainsi que certaines affections physiques telles que la douleur chronique...

Initiée dans les années 1980 par le psychologue Steven Hayes et testée par Robert Zettle, cette thérapie se démarque par son approche singulière de la souffrance, mettant l’accent sur la flexibilité psychologique comme objectif thérapeutique central.

Selon l’ACT, la souffrance fait partie intégrante de la condition humaine, et les tentatives visant à éliminer ou à contrôler des expériences internes douloureuses (telles que les pensées, les sentiments et les sensations) s’avèrent souvent contre-productives.

L’essence de cette thérapie ne réside donc pas dans l’élimination des sensations de difficulté, mais plutôt dans l’apprentissage de la manière de naviguer à travers les défis de la vie et de progresser vers des comportements souhaités. Elle invite les patients à accueillir leurs émotions déplaisantes sans surenchère émotionnelle, à ne pas fuir les situations qui les suscitent. 

Il ne s’agit donc pas de se sentir bien en toutes circonstances, mais simplement de se sentir vivant.

Vers une plus grande flexibilité psychologique

La flexibilité psychologique est donc au cœur de l’approche ACT.

Voici une définition de celle-ci selon Steve Hayes, le fondateur de l’ACT :

“La capacité à être pleinement en contact avec ses pensées et ses émotions, sans défense inutile et dans le moment présent, et, en fonction des conditions de la situation, à persister ou à changer de comportement pour agir dans le sens de ses valeurs.

La flexibilité psychologique, englobe la capacité à être pleinement présent, conscient et ouvert à soi-même et à l’environnement, tout en agissant en accord avec ses valeurs (Harris, 2009). En développant ces capacités, être pleinement conscient, ouvert à l’expérience et agissant selon ses valeurs personnelles,  notre capacité à répondre de manière flexible et adaptée aux défis de la vie s’accroît, ce qui améliore sensiblement la qualité de nos pensées et par extension de notre vie. De plus, en s’engageant dans la vie selon nos valeurs, nous donnons un sens et un but singulier à notre existence, et expérimentons une sensation de vitalité. Le terme « vitalité »désigne ici le fait de se sentir pleinement vivant et d’embrasser pleinement le moment présent, indépendamment de nos émotions du moment. Il nous invite à accueillir aussi bien la peine que la joie comme des manifestations de la vie elle-même.

Pour y parvenir, l’approche ACT met alors en avant la notion de flexibilité psychologique, qu’elle définit à travers 6 processus clés : le contact avec le moment présent, la défusion cognitive, l’acceptation, le moi observateur, la connaissance de ses valeurs, l’action engagée

Hexaflex

Hexaflex de l’ACT (adapté de Harris; Flaxman, Blackledge etBond, Hayes et coll )

L’Hexaflex est une représentation en hexagone des six dimensions de la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement. Ces 6 dimensions sont toutes interreliées dans un processus évolutif et dynamique. 

  • Acceptation : L’acceptation implique la capacité de s’ouvrir aux émotions, pensées et expériences intérieures avec curiosité avec le moins de jugements ou luttes inadéquates. Cela contraste avec l’idée de combattre contre ses propres pensées et émotions, ce qui peut souvent aggraver les problématiques. L’acceptation implique une attitude d’ouverture, de bienveillance, de non-contrôle, d’exploration et de curiosité envers notre expérience intérieure, quel qu’en soit le contenu (agréable ou non). Il est important de noter que le terme “acceptation” ne signifie pas résignation, mais plutôt une acceptation active et une “expansion” du contact avec nos expériences vécues.
  • Défusion cognitive : La fusion représente cette tendance à considérer de façon littérale ses pensées, c’est-à-dire considérer leur contenu comme une représentation de la réalité. La défusion cognitive est au contraire la capacité de prendre du recul par rapport à ses pensées et de ne pas les considérer comme la réalité absolue. Cela permet d’observer les pensées simplement comme des événements mentaux, sans forcément y adhérer et s’y identifier complètement. En d’autre terme, elle est l’habileté à considérer ses pensées comme le produit de l’interaction entre un organisme ayant une histoire d’apprentissage particulière et un environnement, un contexte particulier présentant certaines caractéristiques spécifiques. Fusionner avec ses pensées peut s’avérer être problématique dans certains contextes car cela revient à voir le monde à travers le prisme de l’émotion et des biais cognitifs. Dans cet état, nous sélectionnons les pensées et les informations internes (comme les souvenirs) et externes (comme les éléments de l’environnement) qui correspondent à cet état émotionnel, et nous considérons ce produit comme étant la réalité, plutôt que comme le résultat de nombreux facteurs. En revanche, défusionner de ses pensées revient à regarder un événement interne pour ce qu’il est : simplement un événement interne, une pensée, un souvenir ou une image mentale.
  • Moment présent : Nous avons souvent tendance à nous concentrer sur le passé ou le futur, ce qui se manifeste par la rumination, la planification excessive, l’inquiétude, la distraction, la dissociation et la vigilance constante. En revanche, nous possédons également la capacité de diriger notre attention vers le moment présent, ici et maintenant. Cette aptitude est mise en œuvre dans des activités telles que la méditation et le sport. Être au contact du moment présent est un aspect central de l’hexaflex. Cela consiste à se concentrer sur les expériences sensorielles immédiates et  favorise la présence à l’expérience plutôt que de se perdre dans des pensées interprétatives ou symboliques. Cette pratique est étroitement liée à la pleine conscience.
  • Soi comme observateur : Le concept du soi comme contexte, ou du soi observateur, offre une perspective depuis laquelle une personne peut observer ses pensées et ses émotions, un espace où ces éléments internes peuvent évoluer sans les dominer. On accède à cet espace psychologique en étant conscient de notre capacité à remarquer nos propres pensées et émotions, ou en étant conscient de notre propre conscience, une forme de métacognition. C’est une forme de modalité qui facilite l’acceptation pour les individus qui ont peur de leurs expériences internes, et qui encourage la défusion lorsque les individus sont trop identifiés à leur concept du soi. Cette idée suggère que notre identité va au-delà des étiquettes et des récits que nous nous racontons. Il s’agit de réaliser que nous sommes des êtres dynamiques, évolutifs, conscients et non pas simplement définis par notre passé, ou l’idée que nous nous faisons du futur par anticipation. Pour se faire, nous pouvons employer la métaphore de la scène où évoluent les acteurs (pensées, émotions, sensations physiques). Le soi comme contexte observe alors la scène de son siège, comme un spectateur qui à vue sur l’ensemble des protagonistes.
  • Connaissance de ses valeurs : Identifier et définir nos valeurs le plus clairement possible est essentiel pour orienter nos actions. Savoir ce qui compte vraiment pour nous nous permet de prendre des décisions alignées, en phase avec nos aspirations les plus profondes. Les valeurs sont essentielles car elles forment le moteur de l’action, facilitent l’acceptation et guident l’individu dans la planification d’une vie satisfaisante et empreinte de sens. Vous pouvez vous poser plusieurs questions afin de les identifier clairement : Quelles sont les choses qui sont importantes pour vous? Qu’est ce qui compte dans la vie? Dans quelle direction souhaitez-vous vous diriger? Qu’aimez-vous faire? Pensez-vous à des moments où vous vous sentez engagé, en vie ? Que feriez-vous s’il n’y avait pas d’obstacles? etc… Clarifier ce que nous désirons faire dans notre vie revient à clarifier les augmentals naturels pour nous. Les rendre conscient a en principe un effet d’altération du comportement ou de la valeur des conséquences de nos comportements.
  • Action engagée : Enfin, identifier nos valeurs ne suffit pas, il est essentiel d’appliquer un mouvement, des actes, des faits concrets congruents avec celles-ci pour vivre une vie la plus adaptée possible. L’ACT recommande d’adopter des actions de plus en plus variées, guidées et motivées par nos valeurs. L’individu agit de manière flexible, s’adaptant aux défis de la situation en persistant dans son comportement ou en le modifiant en fonction du contexte, afin de vivre pleinement selon ses valeurs. L’ACT distingue l’envie de la bonne volonté, du fait d’être d’accord de faire. Une limite importante de l’envie est qu’elle est parfois considérée comme un stimulus discriminatif essentiel à l’action. La méthode propose de poser le comportement dans une dynamique opérante, en diminuant l’impact du stimulus «envie» au profit de la «bonne volonté» à réaliser une action, et ce, au service de se mouvoir en direction d’une valeur importante aux yeux de la personne.

Conclusion

La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT) offre une approche incroyablement efficace pour la transformation personnelle et le bien-être psychologique. Au cœur de l’ACT se trouve l’idée de cultiver une flexibilité psychologique en apprenant à accepter pleinement nos pensées et nos émotions tout en agissant selon nos valeurs profondes.

Comme j’aime le souligner au personnes que j’accompagne en hypnose : 

“L’inconscient collectif met en lumière une forme d’impératif au bonheur, ce qui conduit beaucoup à considérer la tristesse comme un état à éviter, une faiblesse, voire un symptôme d’incapacité à s’adapter. Cette perspective ne fait qu’aggraver le fardeau d’une tristesse inhérente à la vie en encombrant notre cœur d’un poids supplémentaire, celui de la tristesse d’être triste.”****

L’ACT propose de mettre en place des actions guidées par nos valeurs, ce qui signifie agir de manière alignée avec ce qui est vraiment important pour nous. Au lieu d’être limités par nos pensées ou émotions habituelles, l’ACT nous encourage à nous engager activement dans des comportements qui nous rapprochent de nos objectifs et aspirations.

Cette approche favorise la persistance dans l’action, même face à des défis ou des obstacles, en encourageant l’adaptation selon le contexte. Cela signifie que nous apprenons à ajuster nos comportements tout en restant connectés à nos valeurs fondamentales.

En intégrant l’ACT dans nos vies, nous libérons le pouvoir des valeurs et de l’action pour créer un sens plus profond et une vie plus riche.

En conclusion, la Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT) représente un véritable changement de paradigme dans le domaine de la psychologie clinique. En adoptant cette approche, nous pouvons transcender les limites imposées par nos pensées et émotions, et découvrir un nouveau chemin vers la réalisation de soi et l’épanouissement personnel. La clé réside dans l’acceptation de nos expériences intérieures et l’action délibérée en accord avec nos valeurs, ouvrant ainsi la voie à une vie plus authentique et pleine de sens.

Sylvain Gammacurta

NB :  Bien que j’incorpore certains éléments de la thérapie ACT que j’utilise en combinaison avec l’hypnose, je ne suis pas un psychologue spécialisé dans cette thérapie. Si cette approche vous intéresse, je vous conseille vivement de consulter un collègue diplômé dans ce domaine pour bénéficier d’un suivi adapté à vos besoins.

Sources : Hayes, S. C., Strosahl, K. D., & Wilson, K. G. (2012). Acceptance and Commitment Therapy: The Process and Practice of Mindful Change. Guilford Press.

Hayes, S. C., Barnes-Holmes, D., & Roche, B. (Eds.). (2001). Relational Frame Theory: A Post-Skinnerian account of human language and cognition. Springer Science & Business Media.

*Selon Viktor E.Frankl, Professeur de neurologie et de psychiatrie à la faculté de médecine de Vienne (1905-1997), ancien élève de Freud et Adler, on peut découvrir le sens de sa vie de trois façons différentes :

1) A travers une oeuvre ou une bonne action (le sens de l’accomplissement)

2) En faisant l’expérience de quelque chose ou de quelqu’un (le sens de l’amour)

3) Par son attitude envers une souffrance inévitable (le sens de la souffrance)

** Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie, “les témoignages et leçons de vie d’un grand homme », Titre original : “MAN’S SEARCH FOR MEANING” Collection J’ai Lu, page 135-136.

*** Au-delà de la raison, Sylvain Gammacurta

**** Ibid

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