Sylvain Gammacurta Hypnose
Rue de l'Oyat, 30800 Saint-Gilles

Sur RDV au 06 06 87 07 28
> Nous contacter

Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité

Cette semaine j’ai eu la chance de lire l’ouvrage : Le plus grand défi de l’histoire de l’humanité de Aurélien Barrau. En voici ici un aperçu regroupant les idées générales ainsi que des commentaires ajoutés par mes soins.

Aurélien Barrau est un astrophysicien français spécialisé en relativité générale, physique des trous noirs et cosmologie. Il est directeur du Centre de physique théorique Grenoble-Alpes et travaille au Laboratoire de physique subatomique et de cosmologie de Grenoble.

Ce livre n’est en rien une simple posture idéologique, c’est une conclusion logique.

En effet, l’écologie ne doit plus être pensée comme une simple “coloration”, un plus dans les programmes électoraux, une idée abstraite nous donnant bonne conscience. Nos esprits trop étroits et formatés par des enseignements stéréotypés, nos comportements dictés par notre nature primitive et renforcés par des lobbys, des grands groupes industriels ou « des influenceurs » doivent cesser !

L’enjeux est crucial, il est impératif d’arrêter de considérer la vie, la planète, comme un bien à disposition et d’inventer des nouvelles modalités de partages, de nouvelles connivences pas encore envisagées.  

La croissance qu’il serait plus réaliste de nommer aujourd’hui “prédation suicidaire” peut être légitimement considérée de nos jours comme une des premières causes d’effondrement de la vie sur Terre.

Aurélien Barrau : Face à la catastrophe écologique et sociale

L’impératif d’un changement profond au service de la vie

Pas de culpabilisation dans cet écrit, l’auteur ne se positionne guère en donneur de leçons, il se permet davantage d’énoncer une tout autre manière de penser le monde. “La vie , sur Terre, est en train de mourir. L’ampleur du désastre est à la démesure de notre responsabilité. L’ignorer serait aussi insensé que suicidaire. Plus qu’une transition, je pense qu’il faut une révolution.”

Le constat est aussi simple que dramatique : aucune espèce vivante ne s’était encore comportée comme les humains dans toute l’histoire de la terre et la sixième extinction massive de l’histoire est en cours.

Unilatéralement, nous avons décidé que la Terre serait l’enfer pour nombre de vivants qui la peuplent.

Malgré les timides efforts employés aux niveaux individuels et collectifs, la vie se meurt et la tendance est à l’accélération. 

Les chiffres sont alarmants, en 40 ans c’est environ la moitié des populations d’espèces sauvages qui a périclité.

C’est un crime de masse global qui est en train d’être perpétré en toute impunité.

Les humains représentent 0.01% des créatures vivantes mais ont causé 83% des pertes animales depuis le début de la civilisation. De plus, l’expansionnisme débridé des territoires humainement impactés a atteint des degrés hallucinants tout en continuant de s’accroître tristement à une vitesse vertigineuse. C’est une situation catastrophique sans précédent qui commence également à nuire profondément aux humains eux-mêmes.

La loi du plus fort n’est pas seulement éthiquement indéfendable, elle se retourne presque toujours contre celui qui en abuse. Attaquer le problème par son socle est impossible, nulle personne n’a réussi à véritablement l’identifier et celui-ci est bien trop massif pour nous… Aurélien Barrau pense alors qu’il vaut mieux l’effriter, un peu comme une contre-logique de l’oxydation : la carcasse métallique du monstre prédateur ne peut pas être insensible à la rouille.

Dans un premier temps, l’auteur énumère “des rustines”, des pistes de réflexions intéressantes à court terme afin de tenter de limiter la casse.

Le premier axe d’action, le plus essentiel, réside principalement dans la diminution de la consommation. Une croissance exponentielle de l’utilisation des ressources n’est pas tenable éternellement dans un monde fini.

Migrer davantage vers une alimentation végétarienne s’avère également pour l’auteur être une mesure très bénéfique pour l’écologie et la santé. L’industrie de la viande est l’une des plus polluantes qui soient, 1kg de bœuf demande 10 000 litres d’eau, 1 seule calorie de viande demande 4 à 11 calories végétales et l’élevage émet plus de gaz à effet de serre que toute autre activité humaine. Selon moi, qui ne suis même pas végétarien, il est en effet nécessaire d’adopter au minimum une autre approche de l’élevage, on voit que selon le mode de production considéré, le résultat varie du simple au décuple…

Des gestes du quotidien sont évoqués, parmis eux moins de déplacements motorisés, privilégier des produits locaux, boycotter les emballages plastiques, plus de partage, mise en place d’un salaire minimum et maximum pour assurer une sérénité sociale…Et au niveau politique afin d’endiguer le problème systémique, révision du modèle agricole, interdiction légale des comportements irresponsables de la mutilation de la vie, mise en place d’une action massive de dépollution des océans…

Il est souvent argué qu’il suffit de taxer drastiquement les entreprises les plus polluantes pour résoudre les problèmes, c’est évidemment nécessaire mais loin d’être suffisant. Un changement radical de la part des consommateurs doit être abordé.

Les entreprises produisent ce que nous achetons, elles reflètent avant-tout nos attentes.

Néanmoins, comme le mentionne l’auteur, on ne combat pas des bombes atomiques avec des épées de bois, on ne combat pas une crise d’ampleur planétaire par des mesures d’ajustement. Le problème est systémique, la solution doit être systémique. Il doit être question d’une refonte éthique, psychologique et politique qui redéfinissent le sens même du commun, de l’enviable et du devenir. 

Pour aller plus loin et se donner une chance de sauver la planète, l’auteur affirme qu’une révolution plus profonde doit impérativement avoir lieu, une mutation de nos valeurs.

C’est en effet toute notre conception de la nature qui doit être urgemment repensée, s’extraire de la logique de domination et d’appropriation paraît évident. 

Il est vital de faire de l’écologie la priorité absolue. Il ne devrait pas y avoir de ministre de l’écologie, celui-ci devrait être le premier ministre, le président, car la nature ne relève pas d’un ministère, elle est le nom de notre Monde. La rigueur et la raison ne sont aujourd’hui pas du côté des apôtres de l’hubris dogmatique d’une consommation irréfléchie, nous devons donc exiger une politique et des lois qui nous restreignent

Il faut que la loi intervienne pour enfreindre les velléités individuelles qui ne sont plus compatibles avec la vie. Et paradoxalement, en dépit de son aspect certes coercitif, une évolution législative plus contraignante quant à l’interdiction de certains comportements tendrait in fine vers une liberté accrue. Ce sont autant de chemins d’enrichissement et d’apaisement qui s’ouvriront. 

De toute façon, même si certaines critiques qualifient ces mesures de liberticides, il est légitime de se demander à quoi servira la liberté quand il n’y aura plus de vie ? 

Modifier les valeurs et les systèmes de pensées

La décroissance ne doit plus être un mot tabou lorsque nous parlons de décroissance matérielle, il n’est en aucun cas ici de freiner la production intellectuelle, créative etc…

L’obligation de réapprendre un certain ascétisme tendanciel n’est pas une mauvaise nouvelle, un espace de vie et de création s’ouvre à nous à cette occasion.

Se penser dans la continuité des autres vivants, dans une logique de coopération plutôt que de compétition, dans une éthique de connivence plutôt que de concurrence, retrouver une sacralisation de l’autre humain et non humain, exige une déconstruction profonde de certains fondamentaux de nos prismes sociaux.

Il s’agit ici de ne plus penser les animaux et végétaux comme des ressources, mais comme  des entités ayant sens en elles-mêmes, avec lesquelles il est évidemment possible d’interagir, mais hors de la logique réificatrice qui prévaut aujourd’hui

Il est naïf de croire que la majorité des économistes, formés dans les mêmes écoles, évoluant dans les mêmes cercles, les mêmes chambres d’écho, soient capables de remettre en cause le dogme ô combien antiscientifique de la croissance éternelle.

Il est clair que dans un marché mondialisé, un pays qui prendrait la décision de freiner sa croissance se mettrait en difficultés par rapport à ses voisins. Il sera donc de la responsabilité des Etats de se mettre d’accord sur un infléchissement mondial, collectif et raisonné.

Autrement dit, pour ma part, une mission impossible malheureusement…Surtout  lorsque l’on assiste au spectacle politico-médiatique futile et affligeant qui se joue sous nos yeux depuis bien des années maintenant. 

Sans parler non plus de la plupart des individus incapable de respecter leurs propres corps ou encore de d’outrepasser les exigences primitives du striatum, cette petite structure nerveuse subcorticale incitant le cerveau à fuir toutes les formes de tempérance pour chercher les récompenses et plaisirs immédiats. Qu’il s’agisse de recherche de nourriture, de partenaires sexuels, de statut et reconnaissance sociale, le striatum est inondé de dopamine et le comportement en question est renforcé…L’avidité pour le prestige, les situations de domination, la recherche de privilèges, et tous ces comportements égocentrés asphyxient les esprits non seulement en polluant les rapport entre les hommes, mais également en causant des dégâts irréversibles sur la vie tout en étant valorisés, en particulier de façon outrageuse sur Internet, les réseaux sociaux où la boulimie du striatum atteint selon moi son paroxysme. 

Il est impératif de nous réapproprier notre capital attentionnel : https://gammacoachinghypnose.com/apocalypse-cognitive-le-nouvel-essai-de-gerald-bronner.

Comme le dit si bien l’auteur, si nous décidons que c’est impossible, nous choisissons explicitement la mort. Tout n’est pas compatible avec tout et le néolibéralisme n’est pas compatible avec une écologie profonde et authentique. La mutation écologique doit également s’inscrire dans une mutation sociale et philosophique.

Il n’est évidemment pas question de prôner un stalinisme écologique, mais davantage un changement radical de la pensée, du symbolique, de l’esthétique…

« Quand on pense qu’il suffirait que les gens n’en achètent plus pour que ça ne se vende pas » comme disait Coluche.

Se trouver au volant d’une berline surpuissante alors que la vitesse est limitée n’est pas un motif d’exaltation, mais cela le devient lorsque nous décidons d’y attribuer une puissance symbolique positivement connotée.

“Nous sommes des créateurs de mondes.” N. Goodman.

Par cette citation, le philosophe américain Nelson Goodman a alors suggéré que le monde s’appréhende comme un ensemble de mots et de symboles parmi d’autres versions possibles…Au lieu d’être un donné, ou plutôt dicté par certain lobbys, chacun de nous peut, à son échelle, envisager une possible reconstruction au gré de la culture et de l’histoire.

Nous sommes démiurges en la matière, sans contrainte économique ou financière. Libre à nous de choisir ce que nous souhaitons valoriser et d’inventer une nouvelle axiologie, et pour cela il devient impératif de sortir de la pensée binaire. La pire atrophie intellectuelle aujourd’hui est de poser un prisme unique sur le monde, l’auteur invite alors à un activisme fractal. Autrement dit, il est urgent de ne plus se limiter à une modalité identifiée ! Il n’existe pas de cause ni de solution unique, les facteurs sont si nombreux et enchevêtrés qu’une démarche multi-échelles est la seule encore viable aujourd’hui.

Certains disent que ce n’est pas l’étouffement des “libertés” qui réglera les crises du XXIe siècle, mais les efforts des savants et des ingénieurs qui ont doublé l’espérance de vie sur Terre en un siècle. Aurélien Barrau n’est pas de cet avis, bien au contraire, il dénonce cet état d’esprit espérant une solution technologique miraculeuse ne servant qu’à finalement repousser la catastrophe et perpétuer le dénis.

Les affres de la pensée réductionniste

Alors certes, certains propos de ce livre tirés hors de leur contexte pourraient aisément être raillés, balayés ou pire comparés à des idéologies horribles que l’on a pu rencontrer par le passé en utilisant un certain cynisme. Comme le dit l’auteur lui-même, tout essayiste suffisamment prolixe a écrit ou prononcé des phrases que l’on pourrait aisément juger de scandaleuses.

Ainsi, à l’ère réductionniste des réseaux sociaux, limitant la pensée à 240 malheureux caractères, les punchlines et les appels à l’émotion sans une once de recule ou de discernement ne manqueront pas de détruire une pensée construite et intellectuellement exigeante. 

De plus, à lire de façon partisane, noyé dans les conflits d’intérêt, par biais de confirmation ou encore par manque de finesse, il devient possible de tout soutenir ou de tout démolir par un fact-checking qui ne prendra en compte qu’une partie du problème.

Philosophiquement, l’auteur s’intéresse à la phénoménologie, à l’exploration des modes du désordre pour tenter de frayer un sens dans une certaine pensée du chaos et du multiple, ce qui n’est pas pour me déplaire. De plus, il prône la créativité, la poésie, l’art, l’empathie (ou mieux d’excorporisation) et l’amour, sans rentrer dans une forme de mièvre utopie, il reste extrêmement nuancé (même face au scientisme naïf qui supposerait que la science appréhende la totalité du réel) et d’une humilité qui force le respect.

“Parce que, finalement, au-delà des batailles “globales” que nous n’avons plus le choix de mener, je pense qu’il ne faut jamais oublier, dans une vision assez épicurienne, que le monde est aussi et avant tout local. Hic et nunc. Dans une sorte de paralogie du clinamen. Nous sommes tous multiples. Ne reconstruisons pas une fausse unité entre ces modes gracieux de leur hétérogénéité.”

(Clinamen : Dans la physique épicurienne, c’est l’écart ou une déviation spontanée des atomes par rapport à leur chute dans le vide, qui permet aux atomes de s’entrechoquer. Cette déviation, qui est spatialement et temporellement indéterminée et aléatoire, permet d’expliquer l’existence des corps et la liberté humaine dans un cadre matérialiste.)

Conclusion

Le seul espoir face à la catastrophe est alors d’inventer un autre rapport à la nature et à nos semblables. Peut-être alors que la nécessité écologique, devenant une quête commune et une prise de conscience de nos interdépendances sera à l’origine d’un renouveau social tant attendu ? Permettons-nous de rêver et d’habiter le monde en poète…Les temps sont décisifs, mais pour beaucoup d’entre nous, nous nous enlisons toujours dans les mêmes schèmes : la douleur et la mort sont infiniment plus acceptables quand elles ne nous touchent pas ici et maintenant

Néanmoins Aurélien Barrau, dans ce prodigieux essai est formel, la pire cécité, la pire violence, la pire hypocrisie serait précisément l’immobilisme et les vrais “radicalisés” sont ceux qui désirent continuer à aller vers le mur.

Alors certes, il y a quelques longueurs et quelques redites, mais il faut bien marteler les faits, expliquer, réexpliquer, argumenter, déconstruire les dogmes et définir clairement la prédominance de certaines valeurs afin que le message rentre dans les esprits de manière efficace.

Pour ma part, je ne peux qu’être d’accord avec le message du livre, j’ai d’ailleurs du mal à envisager qu’il soit possible d’y être honnêtement opposé.

Un livre à partager, diffuser et discuter massivement et j’espère que par ces quelques lignes, je vous aurai donné envie de vous y pencher quelque temps et en parler à votre tour. 

Sylvain Gammacurta.

Sources :

Wikipédia

Aurélien Barrau

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *