Sylvain Gammacurta Hypnose
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Le deuil périnatal : Comment y faire face ? Ce que les parents n’ont pas envie d’entendre.

Le deuil périnatal qu’est ce que c’est ?

Selon la définition de l’Organisation Mondiale de la Santé, on parle de deuil périnatal lorsque des parents perdent leur bébé entre 22 semaines d’aménorrhée et le 7e jour après sa naissance. A mon humble avis, il serait légitime de réviser cette définition afin d’en éviter la minimisation des sentiments vécus par des familles endeuillées dont la durée de vie de l’enfant ne correspondrait pas à cette norme.

En effet, pour certains, une fausse couche tardive (après 14 semaines d’aménorrhée), une interruption médicale de grossesse (IMG) ou encore une interruption volontaire de grossesse (IVG) peut être vécue de façon aussi dévastatrice. Il est impératif de bien comprendre que pour certains parents, selon leur valeurs, leurs expériences et parcours de vie, un fœtus est déjà un « vrai bébé » avec qui une relation est déjà engagée. De plus, le deuil périnatale c’est faire aussi le deuil d’être mère, d’être père aux yeux de la société.

Chaque couple donc est en droit de réagir en fonction de son histoire et de ce qu’il a investi et projeté dans cette grossesse.

La particularité du deuil périnatal réside dans le fait que la mort intervient à un instant qui était destiné à l’arrivée de la vie.

Cette épreuve, bien qu’elle puisse générer les pires souffrances, n’est pas une maladie et n’a donc pas à être traitée comme telle.

Les manifestations de douleurs, de tristesse et de désespoir sont une expression momentanée dans un processus naturel et non pathologique. Néanmoins, les risques psychopathologiques sont quant à eux grands face au stress post-traumatique, à la dépression, au deuil pathologique et aux troubles anxieux qui en découlent.

Ce deuil représente un véritable traumatisme et contrairement à un deuil « ordinaire », si je peux m’exprimer ainsi, qui n’est pas un deuil du passé, mais un deuil de l’avenir, de la vie qui n’aura pas lieu, un deuil des projets, des rêves, des utopies. Toutes les images et projections se brisent en un seul coup.

La mort d’un enfant, de la chair de sa chair est une véritable épreuve dans la vie d’une femme touchée physiquement et psychiquement mais aussi d’un homme, celui-ci souvent triste oublié de l’histoire. En fonction de leur sensibilité et de leurs capacités de dialogue les papas se trouvent souvent dans une position délicate et cherchent parfois à épargner leur femme et n’expriment pas leur souffrance, leurs émotions, ce qui peut être interprété malheureusement comme de l’indifférence.

Ce chemin est souvent celui du chagrin, de l’incompréhension, de la colère et du sentiment d’injustice auquel s’ajoute un sentiment de vide, voire de honte et de culpabilité.

Ce que les parents n’ont (généralement) pas envie d’entendre

Pour ces couples endeuillés, l’enfermement dans la douleur n’est pas la seule issue possible. Bien que douloureuse, l’élaboration de cet événement, quand elle est rendue possible, peut permettre une construction/reconstruction psychique étonnante. Encore faut-il que les mères, mais aussi les pères, n’aient pas à dilapider toute leur énergie à maintenir vivante la mémoire de cet enfant mort avant d’avoir vécu ni même de réguler les mots parfois blessant des proches ou moins proches.

Pour la plupart de l’entourage des parents endeuillés, l’être perdu n’était pas ou peu présent physiquement et ne laisse donc pas d’absence remarquable ni de souvenirs concret, ce qui complique grandement l’assimilation de la réalité du décès. La famille, les amis, les collègues se trouvent alors très souvent dépourvus et impuissants face à cette terrible épreuve.

Pour permettre aux parents de faire leur deuil, il est alors primordial d’éviter, à mon sens, certaines suggestions et phrases superfétatoires, souvent lancées avec une volonté bienveillante néanmoins d’une extrême maladresse. Comme je le répète assez régulièrement dans mes accompagnements et dans mes articles :

« l’enfer est pavé de bonnes intentions. »

Ces bonnes intentions sont très souvent vectrices de ce que l’on nomme « des douleurs parasitaires ». Par là voyez toutes ces douleurs qui viennent se greffer sur la souffrance principale liée à la perte.

Voici alors un aperçu non exhaustif des phrases que je vous conseille d’éviter afin de ne pas alourdir une peine ou une colère déjà bien trop présente chez les couples victimes du décès de leur(s) enfant(s) :

  • « Vous êtes encore jeunes. »
  • « Vous pourrez en faire un autre. »
  • « Pas d’inquiétude, vous allez arriver à devenir parents. »
  • « Ce n’est pas si grave, il était petit. »
  • « Il vaut mieux maintenant que plus tard. »
  • « C’est le destin. »
  • « La nature est bien faite. »
  • « Il faut passer à autre chose. »
  • « Tout arrive pour une bonne raison. »
  • « Ce n’était pas un vrai bébé. »
  • « Il m’est arrivé la même chose tu devrais faire… , ne pas faire… »
  • « Moi aussi j’ai des problèmes. »
  • « Ce n’est pas normal de ressentir encore ça après « x » semaines, mois, années… »
  • Changer de sujet quand les parents essaient de parler de leur enfant.
  • Ne plus oser prendre de nouvelles.
  • A contrario ne leur parler que de cela.
  • « Vous pouvez vous estimer heureux car vous avez d’autres enfants. »
  • « Je sais parfaitement ce que tu vis, moi je… »
  •  « Il faut toujours positiver. »
  • « Il/elle est dans un monde meilleur. »
  • « Ce doit être horrible pour la maman » (sans légitimer ou questionner la douleur du papa)

Bien évidemment j’invite les victimes de ces mots pouvant être blessants, à prendre du recul et faire preuve de clémence face aux interlocuteurs qui se trouvent tristement démunis et sans outil dans ce genre de situation. Il ne s’agirait pas, en plus de traverser une douloureuse étape de vous isoler et de vous laisser ronger par le ressentiment.

Article associé : Guérir de ressentiment

Par ailleurs ces phrases ne sont pas non plus à diaboliser, le but n’est pas non plus de culpabiliser ceux qui les ont prononcé, certaines s’avérerons rassurantes ou aidantes selon l’état d’esprit, le timing et les croyances des parents, soyez simplement cohérent et respectueux de leurs pensées à cet instant précis.

Exemple : « Vous allez arriver à devenir parents » peut devenir un moteur intéressant si le couple est dans une dynamique de reconstruction et qu’il à avancer dans le deuil de l’être perdu.

Les mots et attitudes qui aident


Heureusement, les mots de l’entourage peuvent aussi faire la différence et aider à traverser ce malheur.

« On peut traverser bien des malheurs si on en raconte une histoire ou si on raconte une histoire à leur sujet. » Karen Blixen.

A cela j’ajouterai la citation de Georges Canguilhem qui définit la guérison comme une affaire d’invention de la nouvelle norme de vie à produire; telle une création. Il est essentiel de garder en tête de ne pas chercher à sauver autrui mais davantage viser une aide afin de relancer son élan capacitaire, relancer SA création.

Quand on se trouve dans l’incapacité de raconter son histoire, c’est bien souvent malheureusement elle qui nous raconte et nous définit.

Pour être certain d’agir en cette direction, que l’endeuillé redevienne sujet, il est important de ne pas proposer une interprétation, un conseil que l’on aurait aimé entendre soi, mais davantage d’écouter, poser des questions ouvertes afin que l’intéressé utilise ses propres mots, dévoile ses propres émotions, symboles et ressentis à ce sujet.

La verbalisation réactive souvent la souffrance sur le moment mais l’apaise également… Voyez cela comme une forme de purge émotionnelle.

Il ne faut pas sous-estimer à quel point une simple attitude d’écoute et d’empathie peut aider. Reconnaissez bien évidemment cet enfant, n’hésitez pas à présenter vos condoléances et faites également savoir à la personne que vous pensez à elle, que vous êtes la si besoin sans faire preuve pour autant d’un surplus d’insistance ou d’angoisse à son sujet. Si l’enfant possède un prénom il est important aussi de ne pas s’interdire ou avoir peur de le prononcer.

Si vous avez vous-même des enfants ou en attendez, ne vous empêchez pas d’en parler bien au contraire c’est votre droit le plus précieux. L’idée n’est pas de faire attention à la moindre de ses paroles, néanmoins essayez de modérer vos propos quant à vos difficultés ou incommodités rencontrées sur le sujet (exemple : « C’est horrible, je suis fatigué, il me réveille toutes les nuits. » « Profitez tant que vous n’en n’avez pas après c’est chiant. » « J’espère vraiment que ce ne sera pas un garçon/une fille, un brun/un blond… » « J’en ai raz le bol de cette grossesse c’est vraiment trop long », etc…).

Il est essentiel d’afficher son affection via des attentions, des mots, des pensées pour permettre d’alléger « un peu » la tristesse des parents car ce « un peu » même s’il parait parfois insignifiant, sera déjà une bouffée d’oxygène immense pour eux. Il est d’ailleurs important de rappeler votre présence si besoin et de respecter les envies de la personne si ce n’est pas le bon timing pour elle. Accueilliez l’autre sans jugement de valeur (faites passer les critères de l’autres avant les vôtres dans un premier temps), dans le respect de son identité et de son histoire tout en conservant votre singularité et sensibilité personnel.

Chaque personne gère le deuil à son rythme, et il n’est jamais trop tard pour manifester son soutien.

Pour les victimes du seuil périnatale n’hésitez pas à en parler, échanger au sein des groupes de parole et demander l’aide d’un professionnel si vous en ressentez le besoin.

Sylvain Gammacurta, Hypnose.

Pour aller plus loin : https://5livres.fr/meilleurs-livres-deuil-perinatal

Lien utile : https://association-agapa.fr/lassociation/

Sources :

https://www.revmed.ch/revue-medicale-suisse/2014/revue-medicale-suisse-417/etre-la-quand-on-ne-peut-rien-faire-accompagnement-du-deuil-perinatal#tab=tab-references

Sylvain Gammacurta

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