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Le cerveau magicien : De la réalité au plaisir psychique, Roland Jouvent

Le cerveau magicien : De la réalité au plaisir psychique, Roland Jouvent

Le cerveau magicien est un essai paru en 2009 chez Odile Jacobe

L’auteur, Roland Jouvent, explique en quoi notre psychisme est comparable à une forme de magie. 

Le cerveau magicien, c’est en effet cette capacité qu’a notre cerveau de nous donner une représentation de la réalité, à nous raconter des histoires, à imaginer et à rêver.Cest une capacité évolutionniste qui dans l’idéal nous évite du stress ou du déplaisir et nous procure des satisfactions ou du plaisir psychique

Cette nouvelle approche du cerveau, qui a valu à Roland Jouvent, professeur de psychiatrie à l’université Paris-VI, la médaille d’argent du CNRS, fait comprendre pourquoi la “guerre des psychothérapies” n’aura pas lieu.

Toutes formes de thérapies (telles que la Psychanalyse, les TTC, l’hypnose ainsi que les psychotropes), à leur manière visent à réattribuer au cerveau ses pouvoirs magiques.

L’animal et le cavalier en nous 

“La pensée qu’on avait écartée et qui revient, il faut y prendre garde : elle veut vivre.” Jean Rostand.

Depuis leur origine, tous les organismes vivants partagent un double objectif commun : survivre et perpétuer l’espèce. L’attachement et l’amour sont alors les conséquences évolutives les plus abouties de ces deux lois initiales.

Il n’y a pas de pensée sans corps, mais il n’y a pas non plus de corps sans pensée… Ici le dualisme corp/esprit n’est en rien une option.

Pour l’auteur, comme pour beaucoup, les six premières années sont cruciales pour stimuler l’enfant et canaliser ses apprentissages, ce serait la période de la vie où la plasticité cérébrale est la plus grande.

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L’impact de l’environnement et des intéractions sociales sur le développement est alors, tout au long de la vie, d’une importance capitale sur nos styles perceptifs. En d’autres termes, le contexte sensoriel détermine en grande partie la manière dont chacun de nous décode et construit la réalité.  

Les cortex sensoriels et le système sous-cortical (amygdale, thalamus, noyau sous-thalamique, etc…) intègrent les perceptions et construisent le sens que nous attribuons au monde.

Les représentations sont ainsi le fruit d’une sélection et d’une organisation de l’information.

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Dans l’illusion du T inversé, les deux barres, pourtant identiques, paraissent avoir une longueur différente. Si nous avons tendance à percevoir la ligne verticale plus grande, c’est ici un conditionnement adaptatif lié à notre milieu. 

Les parties de notre cerveau plus primitives (sous cortical), appelés cerveau reptilien et limbique, forment ce que l’auteur, en s’appuyant sur les travaux de MacLean, nomme le “cheval”, c’est l’animal en nous.

C’est dans ce cheval que résident les racines des sentiments et des liens d’attachement.

Les deux grands systèmes que gère ce cheval sont : le système d’alerte/de survie mais aussi du renforcement issu du plaisir et de la sexualité.

L’autre partie du cerveau, le néocortex, que l’on considère comme la plus évoluée et que l’on qualifie souvent d’intellect ou de raison, représente ce que l’auteur nomme le cavalier. Il s’occupe du raisonnement, des opérations symboliques, du langage, de l’anticipation, de la planification, des associations, de l’imagination, de l’abstraction*…

(*L’abstraction de concepts à partir d’un ensemble d’objets spécifiques fait elle-même appel à une capacité de généralisation qui permet de s’affranchir des propriétés individuelles des objets pour ne retenir que l’information pertinente qui les unit et les différencie d’autres objets.)

Le cerveau magicien 

C’est le dialogue, le commerce entre le cavalier et le cheval qui représente alors ce que Roland Jouvent appelle : Le cerveau magicien.

Le cheval s’occupe des émotions et des besoins. En prise avec le présent et le passé, vigilant sur le monde immédiatement perceptible, il apprend de nos expériences et développe des automatismes propices à la survie ainsi qu’à la recherche de plaisir

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Le cavalier, lui, prend le temps de construire une interprétation à la réalité et sait s’en abstraire et anticiper ses changements. 

Les deux partenaires ont développé chacun des avantages adaptatifs, dont la capacité à simuler mentalement. Or imaginer, percevoir et agir ne sont pas des activités séparées : par exemple, voir un objet ou s’en souvenir activent des zones en grande partie identiques dans le cortex moteur. Simuler une action en pensée a déjà un effet sur notre être biologique, sans conséquence sur l’environnement. 

Le cerveau sert ainsi de « curseur du réel à l’imaginaire ».

L’héritage des apprentissages du passé, privilège du cheval, et la “construction d’un avenir”, mission du cavalier, participent à créer ou recréer du sens. Le cavalier donne le sens, le cheval donne les sens.

Comme disait Socrate : « un trésor de belles pensées vaut mieux qu’un amas de richesses »

Penser sans corps 

Certains patients présentent une désynchronisation entre le “tout mental” et le corps au repos. L’inhibition anxieuse, qui associe une exacerbation de la vigilance interne avec une raréfaction des expressions motrices, en est un exemple fréquent.

Dans ces cas-là, les ruminations et la mentalisation s’emballent, privées de la soupape permise habituellement par l’expression corporelle où le cavalier délègue au cheval la dégustation de la vie : jouir pleinement de la vie !

“Parfois je pense, parfois je suis” avait opposé Paul Valéry au cogito cartésien.

La simulation

Denis Le Bihan (médecin, physicien) a prouvé que la perception d’un objet et sa remémoration provoquaient l’activation des mêmes aires sensorielles. Le monde des pensées n’est en rien séparé des processus sensoriels et des actes moteurs, mais il est au contraire unifié. On le comprend plus concrètement quand la peur du faire protège du faire.

On dit que le soir dans sa chambre, le futur triple champion olympique Jean-Claude Killy chronometrait son parcours mental. Puis il recommençait sa simulation pour essayer de gagner quelques dixièmes de secondes. Le lendemain, il paraît qu’il pouvait prédire avec un écart de moins d’une seconde le temps qu’il mettrait à effectuer un slalom qu’il n’avait encore jamais descendu dans la réalité. Plus de vingt ans avant les scientifiques (Jean Decety et Marc Jeannerod), Killy avait découvert que l’imagerie mentale motrice était une simulation synchrone de l’action.

La simulation, c’est aussi la capacité à nous représenter un événement agréable: une baignade au bord de la mer ou l’anticipation d’un départ en vacances. Les réseaux de neurones pour faire et pour imaginer une action sont les mêmes.

“Le plaisir étant éphémère et le désir durable, les hommes sont plus facilement guidés par le désir que par le plaisir.” Gustave Le Bon

L’envie d’avoir envie

“Un jour vient où vous manque une seule chose et ce n’est pas l’objet de votre désir, c’est le désir.” Marcel Jouhandeau.

L’esprit, comme le corps, tend en permanence à rentabiliser son activité. La dépression est de ce point de vue une spirale conduisant inéluctablement à la faillite de l’économie neuronale. La machine à plaisir psychique ne peut plus, ne veut plus fonctionner. La fabrique d’envie tourne au ralenti, l’imaginaire est gelé, le plaisir cède la place au déplaisir et à la douleur.

La dépression est un exemple en psychopathologie, de l’enrayement de la mécanique adaptative des individus.

Face à une vie douloureuse, les personnes souffrant de dépression ont alors, en partie, appris à renoncer… Les choses du monde et parfois aussi de soi-même sont comme desséchées, dévitalisées…

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Souvent le visage est moins mobile, moins expressif, les émotions mimiques sont atténuées, amorties et la musique de la voix est assourdie. Afin de diminuer ma peine, j’ai également appris à éteindre mon plaisir.

Il faut savoir que moduler son affectivité dans des situations adverses est l’une des premières armes défensives de l’homme. Ce processus se déroule dans nombre de situations non pathologiques, une forme de dissociation temporaire à ses émotions.

Ce qui distingue la tristesse de la dépression, c’est que dans le deuxième cas elle s’installe de façon permanente, c’est en cela que l’humeur dépressive n’est pas une émotion mais une vrai maladie. Le système émotionnel ne joue plus son rôle régulateur, le cerveau magicien ne sait plus fabriquer d’avenir (le système d’envie et de récompense s’en trouve altéré).

Un point particulier concerne la mémoire autobiographique, où les personnes en dépression procèdent davantage par généralisation, sans capacité à se remémorer un point précis et une difficulté à reconstruire un souvenir agréable d’un point de vue d’acteur, avec une vue de la scène de l’intérieur (Cédric Lemogne et Philippe Fossati).

Au delà d’un fonctionnement purement psychique qui s’en trouve “déréglé”, les épisodes dépressifs ont tendance à laisser des cicatrices (mise en place de l’information plus rigide, déficit de la mémoire et des fonctions exécutives, réduction des volumes, anomalie structurale dans de nombreuses régions cérébrales, voir travail de Sheline et Frodl 1999 et 2004).

L’attitude psychologique qui consiste à mettre en avant le négatif, le laid, à énoncer la nullité des événements peut apparaître comme une adaptation de haut en bas (du cavalier au cheval, top-down). En valorisant le négatif, je fais une apologie de la douleur comme intention et une économie sur le plan de l’énergie psychique dépensée. En d’autres termes je ne cherche pas à sublimer, mais simplement à subir la vie.

Dans un univers neutre, il faut savoir qu’il est beaucoup plus facile et rapide de décider qu’il est négatif que de chercher un motif de le colorer positivement.

Le “ça ne marchera pas” évite l’inventaire du réel, dispense de chercher dans le monde environnant les prétextes à création, des motifs de croire et d’entreprendre.

Comme l’énonce le célèbre adage : “La critique est aisée, mais l’art est difficile ».

L’économie est double : simulatrice et intentionnelle.

Cerveau et mémoire plastique 

La neuroplasticité peut se définir comme l’ensemble des manifestations traduisant la capacité des neurones à se modifier et se remodeler tout au long de la vie. Tous ces mécanismes contribuent à une adaptation des neurones à un environnement moléculaire, cellulaire et fonctionnel extrêmement changeant et par voie de conséquences à des modifications fonctionnelles.

Il en est de même pour la mémoire, c’est ce que l’on appelle la plasticité mnésique. Le but est d’une part de garder tout l’utile du réel sans s’embarrasser de l’excès mais aussi de pouvoir manier les souvenirs à l’infini afin de les rendre plus adéquats si nécessaire.

On sait aujourd’hui que la remémoration d’un souvenir le « fragilise », et qu’il nécessite une reconsolidation. Les êtres vivants ne sont pas des ordinateurs, les souvenirs ne sont pas restitués de manière juste, ils sont plastiques et adaptables, doivent pouvoir se modifier, évoluer.

Un souvenir, c’est un ensemble de feuillets disséminés (une représentation visuelle, une auditive, une connotation émotionnelle, etc…) dans plusieurs bibliothèques, prêts à se réunir.

On peut ainsi comprendre que le rappel d’un souvenir le vulnérabilise, il est relativement aisé de perdre un feuillet, et même facile de le remplacer par un autre.C’est tout l’intérêt adaptatif du système.(G. Chapouthier 2006)

« L’ancienne théorie voulait que, une fois qu’un souvenir est fixé dans votre cerveau, il demeure inchangé », a expliqué le Pr Nader, « Mais notre découverte indique qu’une fois que réapparaît un souvenir, ce dernier ne demeure pas fixé dans votre cerveau; il s’en détache et doit être restocké de nouveau, c’est-à-dire qu’il doit subir une reconsolidation. »

Les travaux d’Elizabeth Loftus ont également montré que la mémoire peut être trompeuse, qu’un souvenir peut évoluer. Ses travaux montrent que le souvenir peut être modifié lors de la remémoration par l’introduction de nouveaux éléments contextuels.

Alors nous pouvons aisément faire l’hypothèse que parler, être accompagné par un professionnel, évoquer des souvenirs, s’éfforcer à modifier ses points de vue, chercher à trouver un sens à cela est un processus de sublimation salvateur.

Là encore il existe un dialogue entre le cheval et le cavalier. Le cheval invite à fixer le souvenir et le généraliser, à le rendre heuristique (exemple si j’ai eu un accident de voiture, le cheval va avoir tendance à encoder “voiture=danger”) afin de nous protéger. Par la suite, le système de récompense aide à l’aseptiser en inhibant la peur par le biais de la fabrication d’intention, le rationaliser afin de refaire l’histoire et se l’approprier. Réinventer notre passivité subie, notre soumission au monde réel en création psychique de la volonté, quitte à transformer notre vision du monde.

“Ce que nous ne pouvons éviter, nous devons feindre de l’organiser.” Nietzche.

Le langage, l’imaginaire et l’art deviennent alors les armes du cavalier, comme un entraînement à tisser des réseaux associatifs, de nouveaux réseaux intentionnels.

Turlututu chapeau pointu, je peux écrire n’importe quoi de toute manière personne ne lit l’intégralité des articles !! Pouet , Pouet ! Test pour un sondage, si vous avez lu cette phrase faites-moi signe !

Paul Ricoeur disait  que l’expérience humaine, dans sa dimension temporelle profonde, ne cesse d’être défigurée. Les neurosciences actuelles tendent à lui donner raison.

Lors d’une séance de thérapie, nous co-créons, nous utilisons nos compétences afin de refaire le passé, le peupler de nouvelles intentions, dans le but de modifier le présent et ainsi l’avenir.

En ce qui concerne les divergences entre qui peut exister entre scientifiques, psychanalystes, psychologues, hypnothérapeutes et j’en passe… Du point de vue de l’auteur chacun a sa place, il n’y a pas de rivalité mais une complémentarité.

Très schématiquement, les thérapies agissent directement ou indirectement sur l’activation excessive des réactions émotionnelles, en particulier de peur, par le biais d’une redirection attentionnelle ainsi que de la création de nouveaux apprentissages plus adéquats pour le sujet. 

Pour conclure, au vu de la forte malléabilité du cerveau humain, de sa mémoire, de son imaginaire, la condition la plus importante à mon sens lors d’une méthode thérapeutique psychologique réside dans le fait que celle-ci vous invite à plus de flexibilité.

Notre privilège humain est le plaisir psychique, subtil mélange de nos rêveries et des actes que nous inscrivons véritablement dans le réel.

Sylvain Gammacurta, Hypnose.

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