Sylvain Gammacurta Hypnose
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Le problème des informations diffusées sur les réseaux sociaux

Aujourd’hui plus que jamais, les utilisateurs des réseaux sociaux abordent les problèmes de société dans lesquels nous sommes contraints d’évoluer.

Cela peut paraitre « positif » afin de communiquer, partager, échanger des idées, confronter et ouvrir nos diverses réflexions. Néanmoins, il semblerait que ces espaces publics numériques offrent malencontreusement les effets inverses, insistant de ce fait à une radicalisation de la pensée.

En effet, les réseaux sociaux ont tendance à transformer les débats constructifs en véritables proliférations d’avis tranchés, souvent fallacieux et validés par le partage de masse de nos « bulles cognitives ».

Une bulle cognitive est une limitation des connexions sociales dans laquelle une personne s’enferme par sa culture et les informations qui lui sont accessibles via les nouvelles technologies.

Autrement dit, plus on like et partage une information, plus les même types d’informations nous sont proposées. Ce qui renforce nos convictions en leurs vérités. (Cf : biais de confirmation).

Les réseaux ont semblerait-il contribué à abreuver les utilisateurs d’un flot d’informations déroutantes, constituant une altération du réel par volonté de propager (pour faire le buzz, discréditer un parti politique, réduire l’ambiguïté d’un phénomène complexe…) des informations fausses, incomplètes ou discutables, mais vraisemblables dans le cadre de nos opinions premières.

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Radicalisation des problèmes et désirs de simplification

Selon Spinoza, la connaissance par idées générales ne peut peut être qu’imaginative. Elle éloigne les hommes de la réalité et les incite à juger la nature en bien ou en mal. Elle éloigne également les hommes les uns des autres en les incitant à s’affronter, de façon stérile, sur des jugements qui varient nécessairement d’un homme à un autre.

D’un point de vue plus contemporain , nous nous laissons souvent submerger par des heuristiques de jugement, concept fréquemment employé dans le domaine de la cognition sociale ou des neurosciences.

Ces heuristiques sont des opérations mentales automatiques, intuitives et rapides, souvent efficaces, mais également sources de méprises , d’illusions de connaissance face à un sujet complexe.

Ajoutons à celà l’immatérialité des réseaux qui entraîne un phénomène bien connu en psychologie « la déréalisation » : le monde « tel qu’il est » avec ses variables, compte moins que sa représentation, d’où le phénomène « fake news « sujet à polémique.

Les informations sont selectionées, distordues, falsifiées (volontairement ou non) par les filtres de l’interprétation de l’émetteur.

Nous postons des invectives radicales ou relayons des images, des articles et vidéos sans bien souvent prendre la précaution d’en vérifier la véracité, la fiabilité des sources et sans avoir conscience de l’impact global de ces actions, basées sur des « croyances infondées » peuvent avoir sur notre communauté.

Mais qu’entend-on exactement par « croyance infondée  » ?

Je parle de croyance infondée quand il y a un déséquilibre massif entre la force de la croyance et la faiblesse de données empiriques ou d’arguments théoriques permettant de la soutenir. Cela n’implique pas qu’elle soit forcément erronée…

Plus inquiétant encore, l’immédiateté, l’absence de médiation, d’humilité et de nuance donne l’impression d’avoir accès à la réalité même, alors que la “réalité” est souvent issue d’un cadrage subjectif préalable de notre propre perception invariablement restreinte.

On peut alors déplorer l’appauvrissement tangible des débats, tombant dans les idées fixes, l’hermétisme d’opinion, les paralogismes, les sophismes, syllogismes fourbes et les préjugés les plus grossiers.

Ce réductionnisme retirant les pilotis de la réflexion, dissolvent les nuances, la bonne foi, le consensus, le discernement, l’élévation et exacerbent les oppositions dans des scandales acharnés, ponctués de colère, de haine et d’indignations. Et plus ceci sucite de réactions, plus ceci est visible, plus ceci est susceptible d’adhésion.

« Nul ne ment autant qu’un homme indigné. » Friedrich Nietzsche

Les aveugles ont-ils des idées noires ? S’interroge un célèbre dicton. Dans ce contexte, il serait intéressant de se demander si les idées noires ne façonnent pas l’aveugle ?

Les foules ont de tout temps terriblement adhérée à ce genre d’idées qui éveillent une charge émotionnelle, induisant une reflexion bien éloignée de la rationalité.

De plus, la foule « épris » d’indignation à tendance à produire un phénomène de simplification. « Épris » car il faut bien reconnaître chez certains un enthousiasme pervers pouvant dissimuler un désir de reconaissance égotique face à une foule prête à boire leurs paroles.

« Le seul fait que les hommes soit rassemblés en foules les dote d’une sorte d’âme collective.» Cette âme collective fait agir les hommes de façon différente de celle dont ils sentiraient, agiraient isolément. L’individu ne semble pouvoir qu’être altéré par l’inertie de la foule. Soumis à l’inconscient, que Gustave Le Bon (médecin, anthropologue, psychologue social) définit comme « renfermant les innombrables résidus ancestraux qui constituent l’âme», l’individu régresse vers un stade primaire de l’humanité. La foule efface donc toutes les différences individuelles, l’hétérogène et s’éparpille dans l’homogène, où les qualités inconscientes barbares dominent.

D’après lui, aucune foule ne peut accomplir un acte relevant d’une intelligence élevée. Même si ce principe me parait quelque peu réducteur, il n’en reste pas moins un argument intéressant quand on observe l’attitude d’une foule en colère, qui s’empresse de réagir, guider par l’affect (légitime ou non).

« Les foules accumulent non l’intelligence mais la médiocrité.» Gustave Le Bon.

En situation de foule indigné, l’individu semble acquérir un sentiment d’irresponsabilité et d’invulnérabilité qui l’encourage à s’adonner aux instincts dominateur. Cet uniformisation des foules se crée selon trois phénomènes : l’imitation, la suggestion, la contagion. Je rajouterai à cela, le besoin d’appartenance à un groupe, défendant des valeurs communes et juger comme bonne par l’individu. N’oublions pas que c’est aussi par l’autre, qui nous aime, nous écoute, nous parle, nous regarde que nous existons. Nous sommes donc constitué par l’autre à la condition que nous l’ayons investi affectivement.

Le problème réside dans le fait que le groupe à tendance à mettre l’individu dans la certitude et non dans la quête du savoir.

Le savoir n’est plus l’aboutissement d’un processus long et réflectif mais est décerné par le collectif, engendré par le pouvoir des discours.

Il y a donc en situation de foule, une forme une d’accaparation de la morale ainsi qu’une disparition de l’écoute de l’opposition et du sentiment de responsabilité.

« Les instincts cruels, brutaux, destructeurs, sont des résidus des âges primitifs et sont réveillés, ce qui rend possible la libre satisfaction des pulsions. » S. Freud.

Il faut bien accorder à ses propos que l’esprit individuel se dissout dans le collectif, par un processus de régression à un niveau plus archaïque. C’est d’ailleurs la théorie de nombreux grands penseurs. Néanmoins il me parait essentielle de poursuivre avec un large bémol en évitant de généraliser les defaults des mouvement collectif et prendre conscience que nombreuses avancés sociales fondamentales se sont gagnés grâce et par la foule. Pour moi elle est donc capable du pire, comme du meilleure et c’est en cela qu’elle est représentative de l’humanité.

La crise sanitaire polarise les débats

Celui qui ne connaît que ses propres arguments connaît mal sa cause.De la liberté (1859) de John Stuart Mill

La crise à tendance à polariser les débats par la prise de positions clivantes, binaires, manichéennes, en particulier sur les réseaux sociaux.

Chacun à tendance à s’enfermer et s’enorgueillir sur un positionnement, se refusant d’admettre les arguments qui pourraient le contredire ou simplement assouplir son jugement. Souvent par hubris, péché d’orgueil, souci de cohésion mais surtout par l’incapacité de certains à affronter l’incertitude.

Pourquoi l’être humain à se besoin permanant de savoir, de croire, ou plutôt de croire savoir ?

Aristote en son temps disait que la nature a horreur du vide. À vraie dire, je pense que notre cerveau en a davantage horreur.

Nous avons besoin de trouver du sens aux événements, et préférons souvent un sens illusoire à une absence de sens.

Il ne faut pas oublier que l’on ne connaît, ne comprend, ne reconnaît jamais tout, et il serait bon de « cultiver cette méconnaissance« .

Dans un contexte anxiogène, Il est rassurant plutôt que d’accepter le non-sens d’événements, venant frapper notre société, d’expliquer la catastrophe par un défaut interne, une intention isolable, une personne, un groupe de personnes. Ils nous faut un fautif, un responsable !

Chacun doit endosser un rôle bien particulier, que se soit la victime, le bourreau, ou le sauveur, il est facile de se coller ou coller des étiquettes à autrui afin de trouver une explication, un récit à partager.

En séance d’hypnose, nous sommes souvent face à ce genre de mécanisme psychologique. En effet, comment accepter l’accident d’un enfant qui meurt prématurément ? La perte d’un être cher ? Comment accepter le changement, quand celui ci s’avère inconfortable, inadmissible, quand il bouscule et chamboule notre vie ? La disproportion entre cause objective (bactérie, virus, attentat, accident…) et conséquence subjective (deuil, perte de liberté, inactivité, ressentiment…) nous fait chercher un coupable, un bouc émissaire, un complot, afin de cibler quelqu’un ou quelque chose pour décharger son venin, assouvir son désir de justice, de réparation, afin d’affronter l’horreur de la blessure ressentie.

Face à un événement global, il est toujours plus simpliste de croire que quelqu’un tire les ficelles dans l’ombre plutôt que d’admettre la réalité incertaine et complexe d’un fait.

« Ainsi le tremblement de terre de Lisbonne de 1755 fut interprété comme la punition du péché humain ou la conséquence du surpeuplement des villes. De même, l’accident tragique — médical par exemple— doit être le signe d’autre chose. Nos sociétés sécularisées ayant renoncé aux religions et autres grands récits consolateurs, l’absurde n’est plus pris en charge. Le bouc émissaire a remplacé la volonté divine comme facteur explicatif. Avant, c’était la sanction de Dieu, aujourd’hui, c’est la volonté d’une industrie, d’un lobby, d’un complot. Les réseaux sociaux créent des crises qu’ils figent ensuite dans des figures aussi redoutables que les démons ou les tabous de la superstition la plus archaïque. »

La radicalisation, le ressentiment : des formes de gestion psychologique courantes

Les discours extrémistes, radicaux, amplis d’ultracrépidarianisme et d’outrecuidance tendent à conforter les passions tristes, victimaire, d’injustice et de trahison, en se fondant par exemple sur l’idée que tous les médias, en collusion avec les autorités politiques, ne disent pas toute la vérité. C’est peut-être avéré, peu peuvent prétendre le savoir, néanmoins le sujet apparait comme bien plus complexe que cela.

Nous l’avons vue précédemment, la foule indigné à tendance à guider aveuglément l’individu. Néanmoins il m’apparait qu’elle à simplement tendance à mettre de l’huile sur le feu, sur des émotions inhérentes à chacun, accentuant de ce fait les forces qui lui appartiennent et le guident habituellement. La psychologie des foules m’apparait donc comme qu’une amplification de la psychologie individuelle.

L’individu sombrant dans le complotisme radical, associé aux théories du complot, est en lien avec la propagande et sa diffusion dans les médias (contre-vérités ou rumeurs de manière difficilement détectable). Souvent déçus, rancuniers, anticonformiste, il se détourne des médias traditionnels, pour lequel il exprime une forme de haine sans nuance et globalisante, pour se tourner vers d’autres formes d’informations alternative auxquels il accorde un crédit sans limite.

Ponctionnant littéralement son l’esprit critique, il se permet pour autant de juger violament celui d’autrui, sans pour autant remettre en cause ou simplement admettre un doute face aux fondements de ses propres arguments.

Il détient la vérité, il sait, point final, fin de discussion. Ceux qui ne pensent pas comme lui sont des cons, des personnes non-eveillés, des moutons…

La radicalisation est analysée par certains psychologue et anthropologue comme un processus d’endoctrinement dans des actions et réactions violentes (physique ou mental), avec une attention particulière aux pro­cessus d’influence émotionnels et cognitifs.

Selon la sociologue Farhad Khosrokhava, la radicalisation est directement lié à une idéologie extrémiste qui conteste l’ordre établi au niveau politique, social ou culturel.

Le terme émerge de la friction des relations intercommunautaires et il est associé à une situation de polarisation. Les pratiques de dialogue, de compromis et de tolérance entre les différents acteurs sont abandonnées, par au moins une des parties, en faveur d’une escalade de tactiques conflictuelles et violentes.

Le ressentiment quant à lui se définit par l’expérience et la rumination d’une certaine réaction affective dirigé contre un autre dans lequel l’individu se paralyse, approfondissant lui même le phénomène en s’auto-alimentant.

Il faut noter également que l’homme totalement aveuglé par le ressentiment, développe une incapacité à respecter quoi (et qui) que ce soit qui ne va pas dans son sens.

Dans le cas d’une théorie complotiste dirigé vers sa personne, le « on » devient une institution répressive chargé de nous contrôler, de nous asservir, nous opprimer et represente l’unique responsable de nos maux.

« On nous manipule, on nous empêche d’être libre, on nous menace, on nous ment… » sans prendre en considération une multitude incalculable de facteurs et de protagonistes.

Le ressentiment est chose naturel, parfois même nécessaire à un processus de résilience, à condition qu’il conduise à une sublimation, qu’il aide l’individu à s’adapter , à s’ajuster à trouver comment passer à l’action pour sortir d’un complexe individualiste vers une demarche créatrice et individualisante.

Il est necessaire, à me sens, de passer outre ce phénomène en faisant preuve d’humilité sur ses propres certitudes.

Le paradoxe de la sphère de Pascal démontre que l’inconnaissance et la connaissance progresse de concert :

Si la connaissance est une sphère, sa surface est en contact avec ce qu’elle ne contient pas, c’est-à-dire l’inconnu. De ce fait à mesure que la connaissance progresse, la surface de la sphère fait de même, l’air au contact avec l’ignorance ne cesse de progresser aussi“. 

L’importance des réseaux sociaux

Avant tout, il est important de connaître un facteur aggravant du déploiement de masses des théories du complot. Celles sont plus à même d’être partagées sur les réseaux sociaux.  Une étude de 2018  parue dans Science a montré que les fausses nouvelles se propagent plus vite et plus largement que « les vraies.« 

L’hypothèse des auteurs est que ce phénomène serait dû au degré de nouveauté plus important et à la réaction émotionnelle plus forte associés aux fausses nouvelles.

Le cerveau est très sensible à ce qui est saillant, tranché et emitionellement fort. L’activation des émotions signale au lecteur, au niveau neuronal, que l’information est pertinente.

Ceci s’applique aux théories complotiste par exemple, qui produisent ainsi naturellement du contenu viral, parce que sensationnel et excitant.

Parfois, des rumeurs se répandent par panique, confusion, raz le bol, parfois par malveillance, et parfois par manipulation délibérée, dans lesquelles une société ou un régime, paie les gens pour transmettre un message (même principe que les entreprises utilisent avec les influenceurs dont l’efficacité virale n’est plus à démontrer).

Quel que soit le motif, les idées et les faits se propagent maintenant de la même façon, à travers ce que les universitaires appellent une « cascade de l’information ». Comme le décrit Danielle Citron, juriste et experte en harcèlement en ligne : « les gens avancent sur ce que les autres pensent, même si l’information est fausse, trompeuse ou incomplète, parce qu’ils pensent avoir appris quelque chose de précieux ».

Il faut savoir que les algorithmes tels que celui qui alimente le fil d’actualité de Facebook sont malheureusement conçus pour nous donner toujours plus de ce que nous voulons. Ce qui signifie que la carte du monde que nous rencontrons chaque jour dans notre propre flux personnel a été organisée pour renforcer nos croyances et nos idées préexistantes, ce qui tend indéniablement à les confirmer.

La popularité des réseaux sociaux et des algorithmes de recommandation qui les rendent addictifs a amené un triste clivage, une radicalisation des points de vue, une exacerbation des tensions en ligne, et une impossibilité parfois chronique à se faire entendre et respecter.

La faute, en partie, à un phénomène bien connu des psychologues appelé « dissonance cognitive », concept du psychologue Leon Festinger, qui décrit l’état de désarroi et les stratégies d’évitement, d’argumentation fallacieuses, de justifications delirantes face à des opinions contraires aux siennes.

Ce filtrage informatif, fait craindre un isolationnisme intellectuel et culturel, générant une étroitesse d’esprit mais aussi une absence de confrontation d’idées préjudiciable à « la vie civique »Cette bulle filtrante, crée l’impression que notre petit intérêt personnel est la seule chose qui compte.

De nombreux autres phénomènes cognitif consistent à protéger et maintenir une sorte de zone de confort intellectuel, comme le biais de confirmation (consistant à privilégier les informations favorables au renforcement de ses idées), biais de saillance

Ce sont des processus de l’esprit entièrement naturel que l’être civilisé se doit de connaitre afin d’en déjouer les tours.

Qui sont les plus enclins à sombrer dans ces pièges ? Et comment pouvons-nous leur venir en aide.

Attention, je ne parle évidement pas ici de profils émettant de simples doutes, critiquant le gouvernement ou les medias en défendant de manière raisonné et respectueuse leurs avis souvent pertinents.

Il est sujet ici de personnes victimes de délire et de paranoïa, souffrant de psychoses créant des problématiques nuisibles bien plus importante qu’une simple croyance personnelle. Libre à chacun d’adhérer à ses propres croyances. Croyances qui s’avèrent d’ailleurs essentielles à une stabilité psychologique et émotionnelle.

Dans un article publié fin mars par la revue Social Psychiatry and Psychiatric Epidemiology, deux chercheurs se sont intéressés aux caractéristiques psychologico-sociales des personnes qui y adhèrent sans nuance à certaines théories fallacieuses.

Contrairement à ce que certains pourraient penser, cela n’a rien à voir avec des capacités intellectuelles restreintes, très loin de là.

Par contre il se dessine le profil d’individus en général seul, émotionnellement fragilisé par la vie, sensible, parfois au niveau d’études peu élevé ou exclus du marché du travail. L’étude, révélerai que leur niveau de revenus est très nettement inférieur à la moyenne. Ils ont souvent rencontré des difficultés ou traumatismes encore non cicatrisés (séparation, perte d’un être cher, rejet, accident, harcèlement… ) et leur réseau personnel réel est en moyenne moins large et développé. Ceci peuvent également être des personne aigris, suscitant très peu d’espoir en l’avenir, soufrant de colère et d’amertume.

Il se peux également que les mécanismes d’adhésions profondes aux discours complotistes radicaux mettent en évidence des facteurs de prédisposition (défiance envers l’autorité, faible disposition à accepter l’incertain, desirs de violence après des humiliations etc.), des déclencheurs (essentiellement des événements à fort pouvoir émotionnel) et des biais de raisonnement (sources d’informations sélectionnées, biais de confirmation, rigidité cognitive, confiance absolu aux intuitions, penchant pour la pensée magique…).

Il est important de comprendre que nous pouvons tous être potentiellement sujet à l’endoctrinement.

Les constructions mythiques proposées par des « visions du monde réductrice » que nous avons utilisées tout au long du processus évolutif (animiste, religieuse ou même scientifique) sont fragmentaires et susceptibles de se transformer en un système de croyance des masses.

L’histoire de l’humanité nous montre que les dispositifs que nous concevons pour nous réconforter ne sont jamais totalement suffisants et parfois dangereuses…

Une étude de l’université de Princeton montre que les personnes qui se sentent rejetées et exclues socialement observe davantage que les autres une tendance à adhérer d’une manière disproportionné à ce genre d’information.

Malheureusement il y a souvent un cercle vicieux qui s’installe et intensifie le processus d’aliénation : les proches ont en effet tendance à s’éloigner d’eux s’ils n’adhérent pas à ses théories.

Au final, ceux qui vouent un culte aux théories du complot se retrouvent donc encore plus exclus, et rejoignent des communautés de complotistes extrémiste dans lesquelles ils se coupent encore plus d’autres points de vue.

Pire encore, ils arrivent fréquemment que ces personnes s’isolent d’elles-mêmes en refusant catégoriquement et avec véhémence les opinions d’autrui.

Alors comment aider si l’un de vos proches est victime de cette tourmente :

Il est important de conserver une positon accueillante, compatissante, ouverte et compréhensible vis à vis de ce proche.

Ajuster ce que nous pensons, faire évoluer nos croyances, réfléchir sur nos valeurs et notre identité est un processus complexe qui prend parfois du temps et de nombreuse heures de discutions, d’écoute active et de metacognition.

Gardez en tête que ces théories radicales offrent l’avantage d’une solution simple à un problème très complexe et que cette façon de penser n’est que le symptôme, souvent protecteur, qui recouvre quelque chose de bien plus complexe encore.

Il est donc tout à fait naturel que la personne s’y accroche.

Le but n’est pas de chercher à convaincre, à se porter soit même comme un garant de la vérité.

Considérez la personne pour ce qu’elle est dans son integralité, sans porter de jugement péjoratif à son sujet. Evitez d’être péremptoire, d’adopter une position haute ou agressive. Evitez également les propos qui laisserai entendre que la personne est ignorante, stupide ou folle bien évidement, donner l’exemple en montrant que vous-même avez l’esprit ouvert.

Ne commettez pas l’erreur de pointer une incohérence en argumentant avec une source en rapport avec les médias traditionnels qui serai automatiquement discrédité.

Sentez vous libre par contre de privilégiez des phrases du type :

« Je suis d’accord, qu’en ce moment, avec la multitude d’informations paradoxales qui circulent il est légitime d’avoir des doutes et très compliqué de savoir qui croire. »

Il est aussi important de proposer à cet personne des articles, vidéos alternatives, proposant un point de vue différent, dans l’idéal sourcés et argumentés. Même si celle-ci ni adhère pas et c’est son droit, cela à l’avantage d’ouvrir le champ des possibles.

Il est judicieux de lui rappeler qu’en des temps incertains, certaines personnes mal attentionnés, même sur internet ou les réseaux sociaux vont tenter de profiter de nos peurs pour nous manipuler à des fins personnels ( politique, économique, narcissique…).

En cas de désaccord trop profond et de quelqu’un en face de vous qui parait trop hermétique, libre à vous de lui proposer de ne plus aborder le sujet avec lui ou elle, mais évitez de la rejeter complétement (à moins que vous vous sentiez menacé), ce qui aurait pour effet d’accentuer son mal.

Il est important également pour nous-mêmes, d’aller au-delà de nos « bulles cognitives » et donc de ne pas s’enfermer sur des sources restreintes d’informations.

Pour conclure, je pense plus que jamais qu’il est essentiel de rendre accessible et vulgariser la philosophie et les mécanismes cognitifs, de mieux comprendre les logiques structurantes et le soubassement social des conduites personelles afin de se défaire au maximum des pièges pernicieux des nœuds sociopsychiques que nous payons aujourd’hui à prix fort.

Sylvain Gammacurta, praticien en hypnose.

Sources :

Guillaume Von der Weid, https://www.challenges.fr/tribunes/comment-les-reseaux-sociaux-transforment-le-debat-public-en-catastrophe-democratique_584743

Farhad Khosrokhava (sociologue)

Le Bon, G. (1895). Psychologie des foules

Freud, S. (1921). Psychologie des foules et analyse du moi.

Schils N., Laffineur J., Comprendre et expliquer le rôle des réseaux sociaux dans la formation de l’extrémisme violent

http://www.theguardian.com/media/2016/jul/12/how-technology-disrupted-the-truth

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