Sylvain Gammacurta Hypnose
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Petit traité de gestion du stress à l’usage des gens pressés

Quand la maîtrise du stress devient un art de vivre

Il existe des livres qu’on lit avec intérêt, et d’autres qu’on lit avec gratitude.
Le Petit traité de gestion du stress à l’usage des gens pressés, de Pierre Pilat detto Braïda, fait partie de ceux-là.
Derrière un titre modeste se cache un ouvrage d’une rare justesse, né de la rencontre entre la rigueur opérationnelle et la sensibilité humaine.

PETIT TRAITÉ DE GESTION DU STRESS À L’USAGE DES GENS PRESSÉS : maîtriser le stress en situation d’urgence, publié en cette fin 2025 aux éditions « Le rêve lucide. »

Un auteur de terrain, un pédagogue de l’humain

Ancien policier d’élite, l’auteur, Pierre Pilat detto Braïda a longtemps évolué dans ces zones de tension extrême où chaque seconde compte. Il a connu le stress au plus près, face à une porte derrière laquelle se joue des vies, ou encore sur les tatamis, juste avant la finale d’un championnat du monde.

Vous l’aurez compris, Pierre Pilat n’est pas un simple théoricien du stress, il l’a vécu, incarné, parfois combattu et il nous partages son expérience.
Vingt ans dans la police, dont onze au sein d’une brigade d’intervention formant avec la BRI la Brigade Anti-Commando et combattant aguerri, autant dire que le stress, pour lui, n’a jamais été un concept abstrait…
C’est une matière vivante et une compétence universelle clef, qui fait souvent la différence entre la lucidité et la panique, entre la présence et la perte de moyen.

Devenu ensuite hypnothérapeute, préparateur mental et formateur, il a su transposer ce savoir d’action en savoir d’accompagnement.
Son livre est un pont entre le terrain et la conscience, entre la performance et la bienveillance. Aujourd’hui, à travers cet ouvrage, il met cette expérience rare au service du plus grand nombre : étudiants, dirigeants, soignants, enseignants, parents, ou simplement humains face à la pression du quotidien…

Une approche claire, structurée, et valorisant l’effort

Le style est direct, efficace, fidèle à la culture de l’action, pas d’envolées mystiques, pas de discours lénifiant, mais une pédagogie pragmatique qui s’adresse à ceux qui n’ont pas le temps de paniquer.

Dès les premières pages, l’auteur pose un cadre simple et rassurant :

“Faites simplement de votre mieux. Soyez curieux. Et acceptez d’explorer comment vous fonctionnez.”

Aucune injonction à la perfection. Pas de recette miracle.
Seulement une invitation à coopérer avec soi-même, à apprivoiser le stress plutôt qu’à le combattre.

Il rappelle une idée essentielle, que je partage pleinement en tant que praticien en hypnose :
le meilleur outil, c’est vous.

Le stress réhabilité : du mal à la ressource

Dès les premières page, l’auteur reprend, avec clarté et pédagogie, les grands repères scientifiques du stress :
le syndrome général d’adaptation de Hans Selye (phase d’alarme, de résistance, d’épuisement),
les travaux du Dr Soly Bensabat, auteur de « Le stress, c’est la vie« , démontrant que le stress est loin d’être toujours néfaste et qu’il peut être source de dynamisme, de créativité.


Il s’appuie également sur des études récentes telles que :

Article associé : Stress : stratégies, coping et adaptation humaine

En d’autres termes, il partage un message d’une puissance psychopédagogique essentiel : le stress n’est pas fondamentalement un ennemi, mais un signal, un moteur.
C’est notre manière de l’interpréter qui le rend adaptatif ou destructeur.
Cette approche, loin du manichéisme habituel (“bon” ou “mauvais” stress), ouvre une voie de réconciliation avec notre propre biologie.

PETIT TRAITÉ DE GESTION DU STRESS À L’USAGE DES GENS PRESSÉS

Des techniques simples et puissantes pour les urgences du quotidien

A mon sens, l’une des grandes forces de cet ouvrage est sa praticité.
Tout est pensé et bien pensé, pour être immédiatement applicable : en trois minutes, en une posture, en quelques respirations. Néanmoins, l’auteur nous invite très justement à explorer, répéter, tester et refaire, car l’efficacité réelle de ces outils ne réside pas dans la simple connaissance mais dans la pratique incarnée et la réappropriation progressive. C’est en expérimentant, en affinant, en ajustant à soi que ces techniques révèlent toute leur puissance et deviennent de véritables réflexes d’autorégulation.

Pierre Pilat propose des outils efficaces pour ces moments où tout s’emballe :

  • avant un examen,
  • avant une prise de parole,
  • quand l’angoisse monte sans prévenir,
  • ou même en pleine attaque de panique.

Les pratiques sont courtes, concrètes et éprouvées.
Certains s’appuient sur la respiration, d’autres sur la focalisation corporelle ou des micro-visualisations inspirées de la sophrologie, du pranayama, de l’hypnose et des techniques d’optimisation du potentiel.

Les Techniques d’Optimisation du Potentiel (TOP) s’inscrivent dans une approche à la fois scientifique, pragmatique et humaniste de la performance. Conçues à l’origine pour les forces armées, elles visent à aider chacun (soldat, soignant, enseignant, sportif ou cadre…) à mieux mobiliser ses ressources physiques, émotionnelles et cognitives dans les moments clés.
Elles reposent sur un triptyque simple mais redoutablement efficace : respirer, se centrer, visualiser. Par la respiration, on régule le système nerveux autonome et l’on retrouve une stabilité intérieure. Par la centration, on aligne corps, pensée et intention. Par la visualisation, on prépare l’action en mobilisant l’imaginaire au service du réel.


Les QR codes associés à chaque technique et qui renvoient à des audios guidés sont un vrai atout et facilitent la mise en pratique et transforment la lecture en expérience vivante.

Une pédagogie rigoureuse, parfois un peu cadrée

Petit bémol tout à fait personnel, qui n’engage que moi et pourrait au contraire convenir parfaitement à d’autres :
Le style de l’auteur, certainement marqué par son parcours, est parfois un peu structuré, méthodique, presque “militaire” dans la forme.
Cette rigueur sera sans doute précieuse pour les esprits les plus scolaires et méthodiques.
Certains lecteurs plus sensibles à l’esthétique, à la créativité ou à une approche plus contemplative pourraient parfois le trouver les pages légèrement redondantes.

Mais ce cadre a aussi ses vertus : il cadre, structure et sécurise.

Cela n’enlève rien à la richesse de l’ouvrage, le cadre offre un fil conducteur clair, un espace rassurant où le lecteur peut se repérer et assimiler progressivement les concepts. C’est sans doute cette cohérence formelle qui rend le livre accessible, même si elle peut paraître répétitive à ceux qui aiment être davantage surpris ou bousculés.

Une ouverture vers l’autonomie

Ce livre est vraiment l’un des plus pratiques que j’ai pu consulter afin d’avoir accès concrètement à une éducation à l’autorégulation.Il figure parmi les ouvrages les plus concrets et pratiques au sens où il offre des outils immédiatement applicables pour développer son potentiel face à l’épreuve. À ce titre, il rejoint L’incontournable de l’autohypnose de Jonathan Bel Legroux, un auteur d’ailleurs cité à de nombreuses reprises dans l’ouvrage, que je présente plus en détail dans un autre article.

L’incontournable de l’autohypnose par Jonathan Bel Legroux

Pierre Pilat le précise lui-même, ce livre n’a pas vocation à remplacer un accompagnement thérapeutique approfondi. Son ambition est véritablement autre, plus pragmatique, plus incarnée. Il s’agit d’apprendre à reconnaître, comprendre et mobiliser cette énergie qu’est le stress, non comme un ennemi à fuir, mais comme une compétence à apprivoiser.

L’auteur nous invite à faire de ce stress un allié, à savoir accélérer ou freiner selon les circonstances, à ajuster notre niveau d’activation pour rester efficace sans se laisser submerger. Le cœur de sa démarche repose sur une idée clé, à savoir évaluer avec lucidité la situation afin de rééquilibrer ce qu’il appelle la « balance des perceptions » — c’est-à-dire la différence entre la demande réelle et la demande perçue, entre nos ressources réelles et nos ressources perçues.

En effet, ce modèle, qui s’inscrit dans la lignée des travaux du psychologue Richard Lazarus, père de la théorie transactionnelle du stress, qui démontre que le stress n’est pas un phénomène purement physiologique ou environnemental, mais le produit d’une évaluation cognitive. Autrement dit, c’est la manière dont nous interprétons une situation qui détermine si nous la vivons comme une menace ou un défi.

Balance des perceptions = Demande perçue / Ressources perçues
Le stress devient problématique non pas quand il est fort, mais quand il est déséquilibré.

Apprendre à équilibrer cette balance, c’est déjà retrouver une juste tension intérieure, une « zone d’activation optimale » où le stress devient moteur plutôt qu’obstacle. Cet ouvrage, résolument orienté vers la prévention et la performance, s’adresse donc non pas à la psychopathologie, mais à toute personne souhaitant mieux réguler son stress pour en faire une force d’adaptation et de maîtrise de soi au quotidien.

L’auteur encourage à combiner, tester, adapter.
À ne pas suivre aveuglément, mais à construire son propre protocole.


C’est là, à mon sens, la marque des ouvrages vraiment utiles, ils ne nous enferment pas dans une méthode, ils nous restituent notre pouvoir d’agir.

L’auteur lui-même nous invite d’ailleurs en fin de l’ouvrage à regarder plus loin que l’intervention d’urgence, au-delà des simples gestes de sauvetage psychique que l’on mobilise quand tout vacille. Il nous convie à découvrir une autre dimension, plus poussée, celle de la préparation mentale, patiente, construite, intériorisée.

En conclusion

Petit traité de gestion du stress à l’usage des gens pressés est un outil de terrain aussi bien qu’un compagnon de route.
On y apprend à ne plus subir le stress, mais à coopérer avec lui, à en faire un allié de croissance, une force d’adaptation.
Pierre Pilat, de manière intelligente offre un regard lucide, pratique, mais profondément humain sur ce qui nous traverse tous, à savoir, la tension entre le contrôle et le lâcher-prise.

Un livre que je recommande vivement à tous ceux qui veulent retrouver du souffle, du calme et de la présence, sans attendre des conditions parfaites pour commencer.

Sylvain Gammacurta