Stop au conseils non sollicité entre bienveillance maladroite et intrusion corporelle
Quand “aider” devient envahissant : Merci mais non merci.
Il existe une habitude tenace dans les salles de sport : faire intrusion dans la pratique d’autrui pour corriger un geste, donner un avis ou “sauver” un mouvement.
Sous couvert d’aider, certains expert (généralement autoproclamés) imposent leur vision, provoquant gêne, honte implicite et sentiment d’infériorité chez les pratiquants.
Or, la majorité des adhérents viennent précisément pour retrouver un espace d’autonomie, loin des injonctions et du regard normatif du quotidien et non pas pour être observés ou corrigés par des inconnus.
De plus, neuf fois sur dix, ces interventions sont inadaptées et octroyé par des individus manquant de compétences rigoureuse dans le domaine. Et bien souvent qui ignorent le contexte, le niveau, la morphologie ou l’intention de l’autre…
En psychologie sociale, on parle de biais de surconfiance (Kruger & Dunning, 1999) : plus on maîtrise partiellement un domaine, plus on surestime sa compétence à juger ou conseiller autrui, j’y reviendrai plus tard.
Donner un conseil non sollicité, c’est souvent croire que son expérience personnelle a valeur universelle, oubliant que l’autre n’a ni le même corps, ni les mêmes contraintes, ni les mêmes objectifs etc…
Ces conseils non sollicités traduisent à mon sens une erreur profonde : confondre bienveillance et intrusion.
NB : Dans cet article, je ne souhaite pas essentialiser ce que j’appellerai les « experts auto-proclamés » ou les « donneurs de conseils ». Mon propos n’est pas de juger leur valeur ou leur personne, mais de m’intéresser à un comportement particulier, une facette d’eux-mêmes qui, malheureusement, peut parfois nuire à l’expérience des autres.
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L’intention n’est pas toujours le problème
La plupart de ceux qui prodiguent des conseils non sollicités, du moins j’ose l’espérer, ne cherchent pas à nuire.
Ils pensent “rendre service”, “partager leur expérience”, ou “prévenir une blessure”.
Mais la bienveillance ne justifie pas l’ingérence.
Aider sans qu’on vous le demande, c’est supposer que l’autre n’est pas compétent, un geste qui révèle une absence d’écoute et parfois une recherche de validation narcissique, une absence flagrante de modestie.
Dans la relation d’aide véritable, l’intention doit s’accompagner d’humilité, de demande explicite, et d’un fondement solide.
Le psychologue Mark Andersen rappelait que les interactions sportives sont des “espaces d’écho du soi” : corriger l’autre sans y être invité, c’est souvent se rassurer soi-même sur sa propre compétence.
Le véritable expert, lui, sait se taire, observer, poser des questions et attendre la demande.
C’est une question de consentement social, mais aussi de psychologie de la relation.
Aidez seulement quand on vous le demande, si vous êtes réellement habilité à le faire et seulement si vos propos reposent sur des références sérieuses pas sur un “on m’a dit” ou une simple expérience ou projection personnelle.
Comme le souligne E. Goffman dans La Mise en scène de la vie quotidienne, tout espace public implique un “jeu de façades”, chacun endosse un rôle. Le “coach improvisé” peut chercher à renforcer sa propre identité valorisante au sein de cette micro-société, tout en croyant aider. La salle de sport n’y échappe pas, c’est parfois un théâtre des corps et des egos, un lieu où certains viennent soulever plus que de la fonte car ils tentent de soulever leur propre « insignifiance ». Ici, le muscle et l’assurance fait office de maquillage social, elle masque souvent les fissures de l’estime, les frustrations rentrées, la peur d’être quelconque.
Nous le faisons tous, d’une manière ou d’une autre, c’est un peu ce que je fais ici également, chercher à exister un peu plus fort, à prouver que notre trace compte. Simplement, certains confondent élévation et exhibition, force et surcompensation. Ils oublient que la grandeur humaine dépend également d’une prise de conscience humble face à ce que nous sommes : des êtres limités, vulnérables, qui se débattent avec le même besoin d’être reconnus.
Le “coach improvisé”, lui, ne se contente pas de jouer son rôle, il s’en invente un. Il s’érige en figure de savoir, souvent sans que personne ne l’ait nommé. Sous couvert d’aider, il renforce subtilement sa propre valeur symbolique : il se met en scène comme celui qui sait, face à celui qui ignore. C’est une économie du prestige : l’autre devient miroir, prétexte, alibi narcissique. Le plus tragique, c’est que beaucoup de ces “sauveurs” sont persuadés d’être bienveillants ; ils ne voient pas que leur main tendue peut humilier plus qu’elle ne soutient.
L’autre, au fond, sert d’écran de projection, du care performatif, du souci de l’autre à but esthétique. Une gentillesse qui brille fort, mais éclaire peu.
Enseigner c’est d’abord apprendre….
Quelques nuances
Cependant, il serait évidement simpliste de condamner tout conseil.
Le sport, en particulier en salle, s’inscrit à mon avis dans une culture de transmission gestuelle. L’apprentissage du mouvement, du rythme, de la sécurité nécessite parfois l’intervention spontanée de ceux qui ont plus d’expérience et sont véritablement conscients de leurs compétences ainsi que de leurs limites.
Dans certains cas, le conseil peut relever d’une véritable « éthique du care » ( philosophie morale contemporaine fondé par Carol Gilligan), c’est-à-dire d’une attention sincère portée à autrui, animée par le souci de son bien-être plutôt que par le désir de se valoriser. Cette forme de sollicitude n’attend pas toujours une autorisation explicite : elle émane souvent d’un réflexe empathique, d’un élan d’aide spontané.
Cependant, cette intention bienveillante ne justifie pas tout. La manière de faire est essentielle : la politesse, le respect et la curiosité doivent en être les piliers. Donner un conseil à quelqu’un sans qu’il l’ait demandé exige en amont de reconnaître son autonomie, d’écouter avant de parler, et de formuler son aide comme une proposition humble, non comme une injonction. L’éthique du care, lorsqu’elle s’incarne réellement, ne consiste pas à corriger l’autre, mais à prendre soin de la relation qui rend possible le dialogue et la confiance.
Dans certains contextes, l’absence de conseil peut être perçue comme de l’indifférence, voire du mépris.
On retrouve là le dilemme moral décrit par Levinas : “La responsabilité pour autrui précède la liberté” (Totalité et Infini, 1961).
Autrement dit, ne pas intervenir peut être, dans certains cas, une faute d’omission… « Venir en aide » sans blesser, infantiliser ni imposer, c’est tout un art, à la croisée de la psychologie, de l’éthique et de la philosophie. Le respect se traduit aussi dans la forme : ton, regard, gestes, la posture.
Une aide donnée sans délicatesse blesse plus qu’elle ne soigne.
Aider convenablement, c’est renoncer à l’ego du sauveur pour adopter la posture de l’allié.
C’est préférer le lien à la démonstration, et c’est, au fond, oser reconnaître que nous avons tous besoin les uns des autres, mais que cette dépendance ne justifie jamais de prendre la place de l’autre dans sa propre histoire.
Les effets délétères des conseils non sollicités

1. Gêne, honte et repli
Des études récentes (Thual, Sociologie du corps et du mouvement, 2021) montrent que la surveillance implicite en salle de sport décourage de nombreux pratiquants, en particulier les femmes et les débutants.
Le “corrigé” se sent jugé, évalué, exposé.
Ce regard, bien que parfois bien intentionné, déclenche des réactions physiologiques similaires à une menace sociale : activation du stress, crispation musculaire, perte de coordination (Ryska, 2002 ; Andersen, 2011).
Comme le disait Jean-Paul Sartre dans L’Etre et le Néant, “la honte, c’est être vu en train d’être”.
Sous ce regard, le corps cesse d’être vécu de l’intérieur : il devient objet du regard d’autrui.
Le pratiquant n’explore plus son geste : il s’exécute.
Et dans cet espace où la liberté du mouvement devrait primer, le corps devient spectacle.
C’est là toute la violence subtile du conseil non sollicité : sous prétexte d’aider, il installe une hiérarchie invisible entre celui qui “sait” et celui qui “exécute”. Le regard extérieur, censé être bienveillant, devient normatif. Il impose ses critères, ses modèles, son idéal du “bon mouvement”. L’autre n’est plus perçu comme un corps en apprentissage, mais comme un corps à corriger.
Et dans ce glissement, l’espace de liberté que devrait être la salle, ce lieu où l’on réapprend à se sentir, à se dépasser, à se connaître, se transforme en scène de soumission symbolique.
Le corps, au lieu de se découvrir, se défend.
Il cherche à correspondre, à éviter la faute. Il s’aligne sur la projection de celui qui regarde, un reflet extérieur qui écrase la vérité intérieure du geste. Le “corrigé” devient le miroir de l’ego du “corrigeant”.
2. Découragement et désaffiliation
Beaucoup malheureusement abandonnent non à cause de la difficulté, mais du regard pesant des autres.
L’espace de la salle, censé être un lieu d’émancipation, devient un lieu d’évaluation implicite où certains se posent en “experts” autoproclamés.Le regard des autres agit comme une norme incarnée. Ce n’est plus seulement un regard curieux, c’est une attente. On se sent sommé d’être performant, de “bien faire”, d’avoir le bon geste, le bon corps, LA bonne posture…
Or, les recherches récentes montrent que :
- La posture n’est pas une position statique, mais un équilibre dynamique (Hodges & Tucker, Nature Reviews Neuroscience, 2021).
- Le corps s’adapte constamment à des micro-variations de contexte : sol, fatigue, émotions, intentions.
- Ce qui importe, ce n’est pas la “droiture” mais la variabilité et la fluidité du geste.
- Amplitude et trajectoire doivent s’adapter à l’anatomie individuelle : longueur des bras, mobilité de l’épaule, cambrure lombaire… (Kibler et al., 2013, Sports Health).
En d’autres termes, la rigidité posturale est souvent plus délétère que la maladresse.
Le corps “juste” est celui qui peut s’ajuster.
Ces jugements sous couvert de conseils peuvent amplifier la vigilance et donc une rigidité délétère, mais aussi la honte, le doute et la peur de l’erreur, donc être contre productif à l’état esprit dynamique utile à l’apprentissage.Beaucoup finissent par associer l’entraînement non plus à la liberté du mouvement, mais à la menace du regard et de la critique.
Michel Foucault avait déjà décrit cette dynamique du “regard panoptique” : quand chacun se sait potentiellement observé. Les conseils non sollicités contribuent à transformer l’acte d’entraînement en performance sociale. Le corps ne s’éprouve plus, il se montre et tente de correspondre.
Les études en psychologie motivationnelle (Deci & Ryan, Self-Determination Theory, 1985 ; Ryan & Deci, 2017) confirment que l’autonomie perçue est un des trois piliers du bien-être et de la persévérance en activité physique.
Quand un pratiquant reçoit un conseil non demandé, il peut ressentir une atteinte à son autonomie, ce qui diminue son engagement.
Des travaux récents dans le Journal of Sport and Exercise Psychology (Moreno-Murcia et al., 2019) montrent que les interventions perçues comme contrôlantes, même bien intentionnées, réduisent la motivation intrinsèque et augmentent la honte corporelle.
3. Diffusion de croyances fausses et de mythes biomécaniques
Combien de fois entend-on encore :
“Ne dépasse pas la pointe des pieds !”
“Garde le dos droit !”
“Accélère, Ralentit, comme ci, pas comme ça… ! Serre les omoplates au maximum…”
Ces injonctions, issues de dogmes anciens, sont scientifiquement dépassées.
Les recherches modernes (Schoenfeld, 2020 ; Vigotsky & Contreras, 2022) confirment qu’il n’existe pas de posture universelle, mais une infinité d’ajustements selon la morphologie, l’objectif et le vécu corporel.
Même Stuart McGill a précisé que le “dos neutre” n’est pas une position fixe, mais une zone fonctionnelle contextuelle.
En musculation, il n’y a pas de loi unique :
- un excentrique lent stimule l’hypertrophie,
- une amplitude complète développe la force et la résilience tissulaire (Bloomquist et al., 2013),
- une amplitude partielle renforce la puissance dans des angles précis (Pedrosa et al., 2023).
Le mouvement juste n’est donc pas celui d’un modèle, mais celui qui fait sens pour un corps donné dans un contexte donné.
Ces injonctions, issues de mythes biomécaniques anciens, entretiennent souvent la kinésiophobie, cette peur de bouger décrite par Vlaeyen et Linton (2012, Pain).
Elles figent la pratique dans des dogmes techniques sans fondement.
4. Une fausse peur : la musculation ne détruit pas le corps, elle le protège
Contrairement aux clichés, la musculation est l’un des sports les moins dangereux.
Une méta-analyse (Keogh & Winwood, 2017, JSCR) montre un taux de blessures de 1 à 2 pour 1 000 heures de pratique, contre 6 à 8 pour le football ou 15 pour le rugby.
Hamill (1994, NSCA Journal) soulignait déjà que la musculation, lorsqu’elle est bien encadrée, renforce la stabilité articulaire et prévient les blessures.
Là encore, les discours alarmistes participent d’un climat de peur, parfois entretenu par ceux qui se positionnent en “sauveurs”.
Mais la science est claire : l’intelligence du mouvement, pas la peur du mouvement, protège le corps.
Le corps n’est pas un modèle : c’est un contexte vivant
Chaque individu possède une cartographie sensorielle unique, façonnée par son histoire, ses caractéristiques, ses blessures et ses émotions.
Corriger sans connaître cette histoire, c’est risquer de briser une cohérence en construction.
Comme l’écrivait Maurice Merleau-Ponty, le corps n’est pas un objet, c’est le lieu du sens vécu.
Le rôle du préparateur physique éclairé n’est pas d’imposer une forme, mais d’accompagner une présence.
Le philosophe rejoint ici le scientifique :
le geste juste ne se copie pas, il se découvre, il s’ajuste.
La plupart des “corrections” improvisées oublient une réalité essentielle : le corps est un système vivant, variable et contextualisé.
Un même exercice peut avoir plusieurs intentions légitimes :
- travail de contrôle moteur,
- mise en tension excentrique,
- adaptation posturale progressive,
- préparation spécifique à un geste sportif,
- ou encore modulation du tempo pour cibler différentes potentialités….
Ainsi, ce qui paraît “mal fait” à un œil extérieur peut être adéquate dans le cadre d’un programme réfléchi.
Un tempo lent par exemple, peut viser la proprioception et la stabilité, tandis qu’un tempo plus dynamique cherchera la vitesse, l’amélioration de la coordination et de la réactivité, la puissance neuromusculaire ou encore une amplitude complète, stimulera l’hypertrophie de façon plus homogène, notamment dans les portions distales et proximales du muscle (Wakahara et al., 2012), renforcera le muscle et les structures passives (tendons, ligaments) dans tout le spectre, réduisant le risque de blessure lors d’un mouvement réel (Bloomquist et al., Eur J Appl Physiol, 2013) TANDIS QUE des amplitude réduites, limitant les angles les plus faibles permettra de manipuler une charge plus élevée, ce qui favorise la force spécifique dans cette zone, offrira des avantage en rééducation ou en sport de performance, où l’on cible souvent l’angle précis où la force est nécessaire (par exemple, extension partielle de genou pour un sprinteur)….
Bref, on pourrait continuer encore longtemps, ce que je souhaites faire passer ici c’est l’idée qu’aucune des alternatives n’est alors “mauvaise” ou l’exécution non efficiente, beaucoup de chose dépende du contexte, des antécédents, de la progressivité, des aléas, de l’objectif visé… Autant de paramètres qu’il est IMPOSSIBLE de connaître sans au préalable se renseigner et poser des questions aux pratiquants.Le mouvement n’est pas une copie conforme d’un modèle idéal : il est une expression singulière d’adaptation.
Je crois profondément que, jusqu’à preuve du contraire, l’entraînement de qualité repose sur cette intelligence du corps, pas sur la standardisation des gestes.
Les dimensions sociales et genrées : quand le “mansplaining” s’invite dans le sport
Les conseils non sollicités touchent généralement davantage les femmes, les débutants et les personnes qui ne correspondent pas au “corps sportif” dominant.
Ce n’est pas anodin : il s’agit souvent d’un rapport de pouvoir implicite.
Celui qui “explique” se place au-dessus de celui ou celle qu’il “corrige”.
C’est ce que Rebecca Solnit (2008) a nommé le mansplaining : l’acte d’expliquer à autrui ce qu’il sait déjà, avec condescendance.
Dans le monde du sport, ce phénomène est amplifié par le culte de la performance et de la maîtrise technique.
Mais la véritable compétence ne s’affirme pas par l’autorité : elle se reconnaît à sa capacité à écouter.
Alors à nous messieurs de commencer à éviter ce genres de comportements !
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Pour une éthique du mouvement, de la relation et du respect
Quelques principes simples peuvent transformer la culture de la salle :
- Observer le contexte : écouteurs, concentration, logique de travail = pas d’intervention.
- Attendre une ouverture : n’aider que sur demande explicite.
- Encourager avant de corriger : valoriser l’effort avant d’ajuster.
- Cultiver la modestie : l’effet Dunning-Kruger (1999) rappelle que ceux qui savent le moins sont souvent les plus sûrs d’eux.
- Poser des questions : le véritable expert n’impose pas, il explore, pose des questions, tente de comprendre un fois l’effort de l’autre terminé.
Aider, c’est d’abord respecter l’espace intérieur et corporel de l’autre.
La salle de sport n’est pas une scène d’évaluation, mais un lieu de liberté partagée.
On peut observer un parallèle fascinant entre l’effet Dunning-Kruger et ces experts auto-proclamés des salles de sport qui distribuent des conseils non sollicités à tout-va. L’effet Dunning-Kruger, rappelons-le, décrit cette tendance paradoxale : plus la compétence réelle est faible, plus la confiance en soi peut être démesurée (Kruger & Dunning, 1999). Autrement dit, ceux qui savent le moins ont souvent le plus de certitude… et de certitudes à partager.
NB : « Les recherches sur l’effet Dunning-Kruger ont majoritairement été menées auprès de participants nord-américains. Cependant, des études portant sur des participants japonais suggèrent que les différences culturelles peuvent influencer l’apparition de cet effet. L’étude de 2001 intitulée « Divergent Consequences of Success and Failure in Japan and North America: An Investigation of Self-improving Motivations and Malleable Selves » a montré que les Japonais avaient tendance à sous-estimer leurs propres compétences et à percevoir leurs contre-performances comme des occasions de progresser dans une tâche donnée, renforçant ainsi leur utilité et leur contribution au sein du groupe social. »
Une étude de 2008 de Joyce Ehrlinger a résumé les principales affirmations de l’effet qui sont apparues pour la première fois dans l’article fondateur de 1999 et qui ont continué à être soutenues par de nombreuses études après neuf ans de recherche : « Les gens sont généralement trop optimistes lorsqu’ils évaluent la qualité de leur performances sur les tâches sociales et intellectuelles. En particulier, les mauvais élèves surestiment grossièrement leurs performances »
Dans une salle de sport, cela se traduit par ces individus qui interviennent dans la technique des autres, corrigeant la posture ou le geste avec une autorité quasi scientifique, alors même que leur expérience et leur maîtrise réelle sont limitées.
Comme l’illustre le dicton avec un humour grinçant et parfaitement adapté au contexte : « moins on a de confiture, plus on l’étale ».
Bref, je préfère ne pas trop m’étaler sur le sujet :p
En conclusion
Donner un conseil non sollicité, c’est souvent chercher à se rassurer plus qu’à réellement aider. Après tout, même les plus prudents peuvent parfois tomber dans ce piège : nous avons tous notre petit pot de confiture que l’on tend un peu trop volontiers.
Respecter l’espace corporel et l’autonomie de l’autre, c’est honorer la liberté qui fonde tout véritable mouvement. Et surtout, c’est travailler à s’améliorer ensemble sans s’ensevelir sous nos certitudes respectives sans essentialiser l’autre.
Sylvain Gammacurta
Références
- Andersen, M. B. (2011). Sport, Psychology and the Body. Routledge.
- Bloomquist, K. et al. (2013). “Effect of range of motion in heavy load squatting.” Eur J Appl Physiol.
- Hamill, B. (1994). “Relative Safety of Weight Training.” NSCA Journal.
- Keogh, J., & Winwood, P. (2017). JSCR.
- McGill, S. (2016). Back Mechanic. Backfitpro Press.
- Schoenfeld, B. J. (2020). Sports Medicine.
- Thual, J. (2021). Sociologie du corps et du mouvement.
- Vigotsky, A. D., & Contreras, B. (2022). “Biomechanics Myths in Resistance Training.”
- Vlaeyen, J. W., & Linton, S. J. (2012). Pain.
- Solnit, R. (2008). Men Explain Things to Me.
- Dunning, D., & Kruger, J. (1999). “Unskilled and Unaware of It.” Journal of Personality and Social Psychology.