Sylvain Gammacurta Hypnose
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Hypnose, hypnologie, philosophie et stratégies

Hypnose, hypnologie, philosophie et stratégies

En tant que coach et hypnothérapeute, il m’est souvent demandé quels sont les facteurs déterminants de la « réussite », terme qu’il serai d’autant plus intéressant de définir au préalable pour chacun d’entre nous .
Derrière cet article regroupant diverses connaissances en hypnologie, neurosciences, philosophie et stratégies d’accompagnements, j’aborde plusieurs réflexions à prendre en compte dans une démarche de “développement personnel »…


Ces lignes n’ont aucune prétention exhaustive, ni dogmatique, mais regroupent simplement des remarques, des connaissances, théories et expériences empiriques ainsi que des pistes de réflexions utiles pour réaliser vos projets et/ou vos changements de la manière la plus favorable physiquement et psychologiquement. Il s’agit ici d’UN paradigme et non pas DU paradigme et ne se prévaut d’aucune hégémonie exclusive.


Cet article est construit pour les passionnés mais aussi les personnes curieuses de connaitre ce qu’il se joue en partie lors d’une séance d »hypnose afin de démystifier la pratique.

Principes de réalité

Le monde, les processus perceptif et neurophysiologiques sont isomorphes, c’est à dire structurés de manière similaire. Autrem

ent dit, il n’existe pas de perceptions isolées,car la perception est initialement structurée. De ce point de vue, toute perception est ainsi une « reconstruction de la réalité ».

Il me paraît de prime abord essentiel d’éclaircir,  ce qu’en philosophie ou en psychologie,  on entend par « principe de réalité ».

Le mode de pensée occidentale a tendance à attribuer aux objets et aux personnes “une réalité” singulière indépendante de son milieu.

Par ce biais de simplification fort utile, nous gagnons un temps précieux et des automatismes réflectifs impressionnants. Néanmoins, nous avons également tendance à nous limiter à une certaine simplicité théorique (connecteur logique de pensée comme le principe de cause à effet lié à nos jugements), en excluant souvent le contexte, la subjectivité, la systémie et les interactions.

Le philosophe Kant (1724-1804) tentant avec le schématisme (homogénéisation par la médiation entre le sensible et l’intelligible) de faire un pont entre empirisme (Berkeley, Hume, Vico…), et rationalisme (Descartes, stoïcisme…), avait déjà affirmé que la « chose-en-soi » (par exemple une table telle qu’elle est indépendamment de ma représentation) était “inaccessible” et à distinguer du phénomène (tel que nous le percevons).

C’est-à -dire que nous n’avons accès qu’à une “représentation” des choses.  

  • Théorie des empiristes : Il n’existe pas d’idées innées, elles viennent toutes de l’expérience. De ce point de vue, il est impossible de se représenter un concept de table en générale sans lui attribuer des qualités particulières et temporelles issues de l’expérience (grande, petite, marron, en bois etc…). Ce qui donne lieu au scepticisme et  à l’idée que tout est croyance et qu’il n’existe aucune vérité universelle. 
  • Théorie des rationalistes (cartésianisme) : Il existe des idées innées et universelles, par exemple les vérités mathématiques,ou géométriques telle que “la ligne droite est le plus court chemin d’un point à un autre”. 

Pour Kant, les deux théories sont à la fois vraies et fausses, elles coexistent.  Autrement dit,  la pensée n’est plus un accès uniquement par les sens du “vrai” , de la “réalité” mais davantage un travail de connexion et d’association d’idées.

“Penser c’est relier”.

Emmanuel Kant

Pour lui « la connaissance commence avec l expérience, mais elle n’en dérive pas tout entière”, il y a donc “coopération” entre intuition via la réception de nos sens, le phénomène (je peux toucher la table, la ressentir, la voir, l’utiliser etc…) et les concepts ( je peux mentalement mémoriser, imaginer réfléchir et créer de manière intrapsychique le concept et le « à priori » de la table).

De ce point de vue, toutes connaissances supposent  le concours de l’entendement et de la sensibilité.

Tout objet ne peut être déterminé pour un être fini seulement par l’opération conjointe de l’entendement et de l’intuition sensible; la chose en soi se présente donc comme ce qui est inconnaissable, au-delà de toute connaissance sensible.

⇒ Les éléments vécues, les choses ne sont pas une “réalité” mais des “phénomènes subjectifs”, une structure psychique (nos filtres internes : sens et réflexions) interprète et élabore en permanence.

De ce fait, tout ce que nous percevons du réel, ce sont des reconstitutions d’une image perçue par nos corps de ce réel. Et tout cela souvent inconsciemment, sans la moindre réflexion, sans la moindre intervention de la volonté.  Le processus est régulé automatiquement. 

Comme l’a formulé Gregory Bateson (un des fondateurs de l’école de Palo Alto.), les processus de formation des images sont inconscients, nous ne sommes conscients que de l’image finale. 

Sans chercher à affirmer que la position kantienne reflète « la vérité », il m’apparaît néanmoins que c’est l’une des philosophies des plus favorables à adopter afin de faciliter une construction de soi plus libre.

Perception

Prenons la définition de la perception : C’est l’activité par laquelle un sujet fait l’expérience d’objets ou de propriétés présents dans son environnement. Cette activité repose habituellement sur des informations délivrées par ses sens. Chez l’espèce humaine, la perception est aussi liée aux mécanismes de cognition.

Il y a donc une rencontre entre nos « a  priori » et nos sens, qui forment  à eux deux notre perception.

Des sens (vue, ouïe, toucher, odorat, gout, interoception, nociception, équilibrioception, proprioception, thermoception…) vers la perception, on appelle cela un mouvement “bottom-up”, et des « a priori » vers la perception on appelle cela un mouvement “top-down”. 

Bottom-up : L’environnement, les données sensorielles s’imposent aux connaissances. 

Lorsque l’on perçoit pour la première fois un stimulus, seules les informations de l’environnement sont prises en compte pour former une représentation mentale (celle-ci peut par ailleurs être stockée par la suite en mémoire). 

Exemple 1 : Imaginez ne pas connaître la langue française ni la signification des lettres et vous voyez pour la première fois de votre vie le mot : LUMIÈRE. Vous n’allez finalement que voir un dessin et des formes particulières

Exemple 2 : Dans le film les visiteurs, notre ami Jacquouille la fripouille perçois la “boite à troubadoure”, cette chose maléfique dans laquelle des artistes sont miniaturisés

C’est OKKKKK!

Top-down : Les connaissances et modèles internes s’imposent à l’environnement.

Dans l’exemple 1, si l’on vous présente à nouveau le mot LUMIÈRE , celui-ci prend un tout autre sens alors que les symboles n’ont pas changé fondamentalement. La seule chose qui puisse expliquer ce changement est la représentation que vous aviez préalablement mise en mémoire ( Lettres⇒ mots⇒ Sens du mot ). 

C’est bel et bien la mémoire et les « à priori » qui influent sur vos perceptions, de sorte que vous interprétez directement le dessin pour en former un concept

Si je vous dis que je ne suis pas une lumière, vous allez d’ailleurs réorganiser le sens du mot lumière pour établir un autre concept cohérent.

Dans l’exemple 2, vous savez que la “boite à troubadour” est en fait une télévision et que les artistes ne sont pas réellement présents, votre réaction émotionnelle sera, du moins je l’espère, différente de celle de Jacquouille. 

Constructivisme et réalisme 

Il serait intéressant, avant de vous lancer dans un travail de coaching, d’hypnose ou d’accompagnement quels qu’ils soient, de vous questionner sur la  manière dont vous et les autres, élaborez vos concepts. 

Quels sont finalement ces mécanismes internes qui, au niveau intrapsychique, vous permettent de décoder le monde et vous-même

En d’autre termes, comment colorez-vous votre expérience subjective et dans quels contextes cela fait sens pour vous ?

Et plusieurs écoles sont possibles.

D’un côté nous avons le constructivisme, cette théorie repose sur l’hypothèse selon laquelle, en réfléchissant sur nos expériences, nous construisons notre propre vision du monde dans lequel nous vivons.

En effet, le constructivisme modéré (dans la lignée de Kant) part de l’idée que les connaissances de chacun ne reflètent pas une copie fidèle de la réalité, mais un modèle plus ou moins déformé de celle-ci, construit par le sujet lui-même via des opinions évoluant au cours du temps. Le réel ne nous est jamais véritablement accessible ; plus exactement, il n’existe qu’à travers, et dans les limites, du langage qui l’exprime et des outils d’analyse qui l’interprètent.

Avec une posture constructiviste, nous remettons en question la vision cartésienne traditionnelle d’un monde empli d’objets et de sujets percevants ces objets.

Ce paradigme est développé par Martin Heidegger (1889-1976) , pour qui l’être humain s’appréhende comme « DASEIN ». « DA » signifiant « ici », la personne est là, constitué d’un « égo empirique »(constitué) tout en constituant simultanément le monde en « ego transcendantale »(constituant). L’être se constitue soi même et le monde. Dans cette conscience de soi, nous saisissons nos possibilités autant que nos limites, nous sommes confrontés à la liberté absolue et au néant, devant lesquels nous ressentons une forme d’angoisse. L’univers est contingent, tout ce qui est aurait pu être autrement.

Sartre rappelle une distinction entre deux émotions que je peux ressentir, la peur est appréhension de quelque chose d’extérieur, l’angoisse appréhension de soi.

« Le vertige est angoisse dans la mesure où je redoute non de tomber dans le précipice, mais de m’y jeter. » L’être et le néant, Gallimard, 1943, p. 66.

Pour évincer l’angoisse, il faudrait se résoudre à ce que l’on appel un déterminisme psychologique (les motifs conditionnent parfaitement ma conduite, c’est également le biais cognitif de l’illusion de causalité) néanmoins je m’angoisse précisément parce que mes agissements ne sont possibles que parmi une multitude d’autres possibilités.

« Je m’angoisse parce que mes conduites ne sont que possibles… Je considère que ces motifs ne sont pas suffisamment efficaces. Au moment même où je me saisis moi-même comme ayant horreur du précipice, j’ai conscience de cette horreur comme non déterminante par rapport à ma conduite possible » L’être et le néant, Gallimard, 1943, p. 68.

L’angoisse me révèle donc comme être libre.

Selon Kierkegaard, qui peut être considéré comme l’un des père de l’existentialisme, ce vertige de l’angoisse est donc suivit d’un saut, celui de « la liberté, plongeant alors dans son propre possible » Sören Kierkegaard, Le concept de l’angoisse.

Pour fuir l’angoisse de cette liberté donc, certains sont parfois tenter de se résoudre et d’adhérer à une forme de fatalisme, de déterminisme conscient ou inconscient ou encore invoquer la notion de destiné. D’autres encore utilise l’évitement, le divertissement ou le décentrement, en bref des subterfuges peu durables, afin d’échapper à l’angoisse et nécessitant une réalimentation permanente et souvent grandissante.

Néanmoins ressentir sa liberté, c’est aussi la découverte de la responsabilité, de son self, son destin. Pour un patient qui n’assume nullement cette responsabilité et qui continue en permanence de blâmer les autres ou des forces externes, les thérapies s’avèrent beaucoup plus complexes. Car au niveau le plus profond, la responsabilité est synonyme d’existence. Et cette responsabilité de prendre conscience de la conception husserlienne de son « noème », c’est à dire l’objet « intentionnel » des actes de conscience, (et non pas : l’objet « en soi »), donc un objet de conscience comme tel.

(==> Ce qui concerne la représentation d’un objet est noématique, alors que la noétique concerne tout ce qui est de l’ordre des actes de conscience, de l’acte transcendantal lui-même, de la manière dont l’objet est visé.)

Par cette responsabilité, le monde n’acquiert de sens que par l’acte créatif opéré par l’être humaine, que Sartre dénomme le « pour-soi ». Il n’existe aucune signification au monde indépendamment de ce « pour-soi ».

Dans le constructivisme : j’expérimente une interaction entre le monde et mes représentations du monde. Autrement dit, je participe en permanence à la construction d’une réalité subjective.

Le réalisme quant à lui va tenter de montrer la réalité et de l’expliquer. Les faits sont là ; le réel est accessible, objectivable et nous pouvons en apporter la preuve, preuve qui peut être invisible, ou masquée par les fausses évidences du sens commun, mais le recours à des méthodes appropriées doit permettre un progrès constant dans la compréhension des phénomènes.

Dans le réalisme : j’expérimente le monde tel qu’il est.

Exemple lié à la théorie du magnétisme :

==> D’un point de vue réaliste, si je consulte un magnétiseur , quand ce dernier appose ses mains sur une zone de mon corp, il y a une incidence de cause à effet, ses mains possèdent un certain “pouvoir”,”un don”, “un attribut de magnétisme » qui agit sur mon corps, mon organisme pour réaliser un processus de guérison.

Connu et utilisé depuis l’antiquité, le magnétisme est l’une des plus anciennes méthodes de soins. Le magnétisme permet de redonner de l’énergie, de rééquilibrer le système nerveux, de pacifier le mental. Il peut ainsi apaiser la douleur et revitaliser l’organisme. Il s’agit ici de l’énergie vitale ou subtile, qui prend différents noms comme « pranachi, fluides ou mana » selon les cultures.

==> D’un point de vue constructiviste, mes modèles internes de réflexion sont transformés, le magnétiseur et moi même créons ou favorisons des attentes, des conditionnements, des croyances, un imaginaire, qui engendre (entre autres) une forme d’effet placebo et cela va créer bon nombre d’inférences favorisant une guérison.

L’inférence est un mouvement de la pensée allant des principes à la conclusion.

De ce point de vue, de nombreuses pratiques (spiritisme, magnétisme, paranormal, reiki, loi d’attraction, access consciousness et certaines formes d’hypnose…) pratiquent et pilotent sans en avoir conscience, ce que l’on appelle en science cognitive des processus prédictifs (attentes, priors(a priori) et inférences) construisant subjectivement la perception de la réalité.

(Cependant, cela ne veut en aucun cas affirmer qu’il n’existe aucune action autre que ces processus prédictifs qui entrent en jeu !!)

Peut importe la véracité de l’une ou l’autre philosophie, l’acte symbolique provoque chez l’homme une transformation dont le noyau central est porté au “moi identitaire” (sa structure par le biais des conditionnements, l’expérience subjective et les interprétations).

« Ce n’est pas le type de thérapeutique manuelle utilisée mais plutôt la psychodynamique du toucher en lui-même qui suscite les réactions psychophysiologiques. Ce n’est toutefois pas une simple question de toucher. Après tout, nous pouvons accidentellement entrer en contact avec quelqu’un dans l’autobus sans produire d’effets positifs sur notre pression artérielle ou nos niveaux de cortisol. Ceci implique donc l’existence d’une composante clé, d’un « code » affectif qui permet les changements d’ordre psychologique. Ce sont l’intention du thérapeute et les messages transmis au patient par la voie du toucher qui constituent cette composante clé ou ce code. » (McFarlane, 2006)

Ce mécanisme de transformation se construit autour de représentations qui renvoient directement à l’ordre du symbolique. On entend par là ces systèmes de schèmes cognitifs intimement associés à des projections émotionnelles, qui rendent le monde intelligible et permettent aux individus de s’y positionner les uns par rapport aux autres en tant que membres de groupes*.

(*Pour Clifford Geertz, il faut interpréter les activités symboliques : religion, art, idéologie, comme « des tentatives de fournir une direction à des êtres qui ne peuvent vivre dans un monde qu’ils sont incapables de comprendre », dans The Interpretation of Cultures, New York, Basic books, 1973, p. 141.)

La puissance de l’imagination

Le magnétisme était et est toujours dénoncé à la fois comme théorie physique et comme porteur d’immoralité mais ses effets thérapeutiques sont néanmoins souvent observés. Aujourd’hui, nombre de scientifiques soulignent l’importance de l’imagination dans le processus. Le médecin Julien-Joseph Virey, déjà en 1818 rédigeait un article consacré à ce mot dans le Dictionnaire des sciences médicales, il présentait l’imagination comme : « «gouvernail suprême de la machine humaine en maladie encore plus qu’en santé« , capable d’opérer de vrais miracles mais aussi de graves maux. Il rappelle dans ses écrits les effets de l’exorcisme, le pouvoir thaumaturge (miraculeux) de rois ou de saints… Il distingue cependant deux types d’imagination : la première, l’imagination active, utilisée comme pouvoir de création des poètes et des artistes et celle, passive qui parfois exalte et fait les martyrs.

Constatant que «aucun levier de l’économie n’étant plus puissant que l’imagination, il devient d’une souveraine importance d’apprendre à gouverner son activité et son énergie.»

Comment cultiver cette imagination active ? Selon moi par la littérature, l’étude, la curiosité, la culture des sciences et des lettres, l’échange, l’ouverture au monde, l’enrichissement du vocabulaire, le voyage, la philosophie, les états modifiés de conscience…

Comme le soulignait S. Freud dans son analyse d’Oedipe Roi (interprétation du rêve), la grande littérature survit, car le lecteur, d’un façon ou d’une autre, s’empare de la vérité qu’elle recèle.

Dans cette ligné, je citerai que l’imagination active est également une méthode de la psychologie analytique, créée par le psychiatre suisse Carl Gustav Jung. La méthode consiste à donner une forme sensible aux images de l’inconscient et d’élargir ainsi la conscience... Ou encore Henry Corbin qui considérait la cognition imaginale comme une « faculté purement spirituelle indépendante de l’organisme physique et lui survivant ainsi ». Corbin fait une distinction également entre les vraies imaginations qui transcende (imaginatio vera) issues du domaine imaginal et les fantasmes personnels, qui ont un caractère irréel, et sont «imaginaires» au sens commun de ce mot. Il suggère que c’est en développant cette faculté d’imagination cognitive que l’on peut surmonter le «divorce entre penser et être».

Limites des paradigmes :

D’un point de vue très personnel j’invite chaque personne à m’annoncer sa propre philosophie et tente au maximum de m’accorder à elle, mettre entre parenthèse ma conception du monde, désireux de m’inscrire dans une démarche phénoménologique, en prenant soin cependant, dans un souci d’honnêteté intellectuelle d’inviter à l’ouverture et la flexibilité afin de ne pas se priver d’un mécanisme réflectif propice à l’accompagnement.

Pour cela il est intéressant d’envisager les différentes limites de l’une et l’autre philosophie.

Limites au réalisme :

“La réalité ne fait pas partie de l’esprit humain, mais l’esprit humain en fait partie.”

Putnam H., Mathematics, Matter and Method, Cambridge: Cambridge University Press, 1975.

Selon la définition de Crispin Wright dans Truth and Objectivity, le réalisme c’est la “fusion” d’une thèse modeste et d’une thèse plus présomptueuse : la thèse modeste, c’est que le monde existe indépendamment de nous, ce qui veut dire aussi indépendamment de nos croyances à son propos et des schèmes conceptuels que nous mobilisons pour le penser ; la thèse présomptueuse, c’est que ce monde qui existe indépendamment de nous, nous pouvons malgré tout le connaître.

C’est pour moi cet aspect présomptueux de connaissance qui peut parfois poser problème, en évinçant le contexte, le milieu, la subjectivité, la communication, l’imaginaire, l’intentionnalité,  etc… Certains phénomènes sont réduits ou caractérisées de sur-naturelle engendrant un clivage entre bien des pratiques pouvant à mon sens être complémentaires.

En lisant les ouvrages des scientifiques, il est aisé de constater que le réalisme domine. Néanmoins, bien que les chercheurs se conforment (à tort ou à raison) à la rigueur et à la méthode scientifique, ils  constatent que les contraintes de ce modèle ne favorisent pas une compréhension totale des phénomènes. Il est légitime de se questionner en effet, si la science et sa vision réaliste du monde, en s’imposant un cadre et des règles strictes, ne s’est pas, malgré elle, fermée à certaines facettes de la “réalité”. 

« La méthode scientifique moderne est basée sur l’observation empirique et sur l’hypothèse que tout événement résulte d’un processus de cause à effet et se propage localement et en avant dans le temps. De nombreuses pratiques de guérison mentale et spirituelle ne prennent cependant pas pour acquis que ce type de causalité primaire est nécessairement le mécanisme applicable. La physique moderne a démontré que les interactions non-locales dans l’espace-temps se produisent, non pas au niveau macroscopique, mais dans un milieu microscopique. On sait cependant que l’observation, le mesurage et l’application de la conscience jouent un rôle clé dans la manifestation d’effets non-locaux. » (Jonas, Crawford, 2003, 283)

La limite principale est donc de produire dans ses théories, une histoire littéralement vraie du monde tel qu’il est, ce qui peut figer l’individu dans certaines croyances. A mon sens l’étude de tous les êtres humains, surtout au niveau psychologique, au moyen d’instruments standards, comme si ils peuplaient le même monde objectif, a pour conséquence d’introduire une erreur monumentale dans ses propres observations.

Article sur l’existentialisme de Sartre pour dépasser ce point de vue et redevenir sujet : https://gammacoachinghypnose.com/existentialisme

Limite au constructivisme :

Un élément déterminant dans la fixation du sens de ce qu’on appelle « réalisme » est le sort fait à la notion d’« impossibilité ». 

Exemple : Impossible d’occulter la loi de la gravité, la somme des angles d’un triangle est égale à 180°.

En la matière, le constructivisme radical, quand il s’inscrit dans une forme d’idéalisme, est tenant de la maximalisation du possible, auquel il voudrait tendre à ne pas voir de limite.

Pour le constructiviste radicale (qui s’ignore) , rien ne lui est, a priori, impossible, la réalité “n’existe pas”.

Effectivement je pense, qu’il y a une énorme limite à penser radicalement de la sorte, cela décapite la philosophie, le dialogue et toutes approches différentes de la nôtre car l’affirmation « tout n’est que subjectivité » clos absolument tous débats et annihile les connaissances, l’expertise et une forme d’élitisme méritocratique. 

Exemple : Sur un acte chirurgical, le point de vue d’un hypnothérapeute est aussi pertinent que celui d’un chirurgien.

C’est en cela qu’à croire absolument que tout est subjectif on tombe facilement dans le nouveau dogme utopique et l’ultracrépidarianisme à la mode de la pensée positive (à ne pas confondre avec la psychologie positive) qui vient souvent placer les individus dans une philosophie psychologiquement très violente (même si parfois elle peut être bénéfique), celle du paradoxe impuissance/toute puissance.

Paul Watzlawick, considéré comme un des pères du constructivisme radical d’où aujourd’hui dérive beaucoup d’école de coaching, exprime lui-même les limites de ce courant de pensée :

« La psychothérapie constructiviste n’a pas l’illusion de croire qu’elle va faire voir au client tel qu’il est réellement. Une autre construction, une autre fiction mais une vision utile. »

La combinaison de toutes ces approches pose l’orientation et les bases mon approche personnelle de l’accompagnement :

Méthodique, non-dogmatique, interdisciplinaire et ouverte.

Si l’objectivité a besoin d’être reconquise, elle a besoin aussi d’être perdue pour qu’on en sente et le prix et le sens, pour qu’on l’éprouve sur des plans divers et qu’on lui donne le soutien des corrélations. C’est au point qu’on peut proposer un paradoxe pédagogique à la base même de la culture : l’objectivité d’une idée sera d’autant plus claire, d’autant plus distincte qu’elle apparaîtra sur un fond d’erreurs plus profondes et plus diverses. C’est précisément en fonction du nombre et de l’importance des erreurs antécédentes que se mesure le critérium de distinction posé comme différent du critérium de clarté. Autrement dit encore, pour bien faire valoir le prix d’une idée objective, il faut la replacer dans le halo des illusions immédiates. Il faut errer pour aboutir.

  Ainsi toute objectivation procède d’une élimination des erreurs subjectives et, psychologiquement, elle vaut comme une conscience de cette élimination. Ce n’est pas tant une question de fait qu’une question de droit. Une vérité n’a son plein sens qu’au terme d’une polémique. Il ne saurait y avoir de vérité première. Il n’y a que des erreurs premières. On ne doit donc pas hésiter à inscrire à l’actif du sujet son expérience essentiellement malheureuse. La première et la plus essentielle fonction de l’activité du sujet est de se tromper. Plus complexe sera son erreur, plus riche sera son expérience. L’expérience est très précisément le souvenir des erreurs rectifiées. L’être pur est l’être détrompé. »

Gaston Bachelard, « Idéalisme discursif », 1934-1935, in Études, Vrin, 2002, p. 77-79.

Exemple d’application : L’ exemple de la boule noire

Ex – « j’ai une boule noire dans la gorge, je sais qu’ elle n’existe pas physiquement,

mais pourtant je l’expérimente : je la ressens et elle m’oppresse réellement »

Il y a ici une expérience subjective de « boule noire » . (→ phénoménologie)

→ Si A : on adhère seulement à la « non-réalité » physique de cette boule noire (→ matérialisme)

→ Alors il n’y a aucune action possible sur un élément non-réel.

→ Si B : on adhère à sa possible « réalité » subjective (→ constructivisme)

→ Alors une action subjective est également possible. (→ hypnologie)

→ Cette action aura un effet subjectif. (→ hypnologie, phénoménologie)

→ Des méthodes scientifiques pourraient objectiver cet effet :

s’il est systématique, reproductible, partagé. (→ méthodologie)

→ Une observation de corrélats dans le corps permettrait d’étudier

d’éventuelles correspondances physiques. (→ matérialisme, méthodologie)

SOURCE : ARCHE Hypnologie, Cycle 2015-2016

L’humour comme point clef de la réussite

La vis comica (Cf: Cynthia Fleury), ou « force comique ». L’humour, le rire, l’ironie et la dérision peuvent s’avérer être de belles ressources face à n’importe quelles croyances et instances aussi « puissantes » soient-elle. En d’autre terme cette force comique, présente en chacun de nous, trouve la manière d’appréhender au mieux (sans se prendre trop au sérieux) le caractère parfois pesant de la vie par sa capacité d’évasion. Le rire « c’est une anesthésie momentanée du cœur, pendant laquelle l’émotion ou l’affection est mise de côté ; il s’adresse à l’intelligence pure. »Le rire est « une secousse d’identité où l’on se perd et se retrouve […] Le comique joue sur l’écart surmonté entre l’abstrait et le concret. »

En d’autres termes, la vis comica est une invitation à percevoir le ridicule en soi en prenant ses distances avec les conceptions aussi théoriques que fictives de la vie, de la raison et de nous-même. Elle représente une forme de détachement à la structure du sens, à la rationalisation, en oubliant en quelque sorte d’attacher la perception au besoin. 

Cela n’est pas sans rappeler le cycle de l’absurde de Camus : « l‘absurde naît de cette confrontation entre l’appel humain et le silence déraisonnable du monde ».

Selon lui, deux forces s’opposent : l’appel humain à connaître sa raison d’être, et l’absence de réponse du milieu où il se trouve — l’homme vivant dans un monde dont il ne comprend pas le sens, dont il ignore tout, jusqu’à sa raison d’être. L’homme absurde ne pourrait échapper à son état qu’en niant l’une des forces contradictoires qui le fait naître : trouver un sens à ce qui est, ou faire taire l’appel humain…

L’appel humain, c’est la quête d’une cohérence, or pour Camus il n’y a pas de réponse à ce questionnement sur le sens de la vie.En cela, il choisit le déchirement moral et l’acceptation d’une vie, même si cette vie ne trouve aucun sens.

La vis comica en ce sens, est une dynamique de déconstruction efficace du rétrécissement du Moi puisqu’elle retourne sans cesse la représentation du monde, jugée trop stéréotypée et restrictive.Le rire demeure une forme de discernement[…]Rire pour déconstruire l’illusion de la possession.” (Le Moi ici est le MOi profond, le “true self”, humble et conscient de ses limites et non la fausse capacité compensatoire et narcissique du “petit Moi égotique et superficiel”.)

Comprendre finalement que l’on ne comprend pour ainsi dire rien, que l’homme quand il croit percevoir le monde, la vie, le non-moi est envahi de fictions abstraites qu’il tente avec acharnement d’expliquer, mais comme le disait Deleuze : l’abstrait n’explique rien. 

“Apprenez à rire de vous-même, comme il faut rire” F. Nietzsche. 

Le rire témoigne d’un esprit libre et critique qui se prémunit de la tentation séductrice de tout pouvoir et par conséquent, de toute soumission à une idéologie dominante.

Système d’auto-conditionnements 

Hypnose, hypnologie, philosophie et stratégies : Source Arche
  • Meaning structure : Structuralisme (structure de la subjectivité) = Je suis nul, je perds mes moyens en public
  • Herméneutique (interprétation de l’expérience) =Je suis nul donc je n’y arriverai pas, les autres vont me trouver nul, je perds encore plus mes moyens et je suis encore plus nul.
  • Phénoménologie (expérience subjective) = Je n’y arrive pas, je bégaye, je ressens une boule au ventre (ou autres données sensorielles), je stresse, c’est un échec…

Cette triangulation est source de l’auto-conditionnement développé par K. Finel et C.Champagne (ARCHE) donne selon moi naissance à ce que Hippolyte Bernheim appelait l’idéodynamisme, puis au comportement. 

⇒ Idéodynamisme : Tendance de l’idée à se traduire en acte. 

Ex. : L’idée du feu provoque une sensation de chaleur. Le mot lourd, une sensation pesante, etc.

L’expérience subjective du corps

Avez-vous un corps ou êtes- vous un corps ? 

Autrement dit, avez-vous une philosophie dualiste (corp/esprit) ou moniste ( unité).

L’accompagnement sera certainement bien différent si vous exprimez avoir mal au dos ou que votre dos vous fait mal, ou encore si vous avez des fringales de sucres le soir avant de vous couchez ou que votre cerveau ou votre ventre vous dictent d’aller manger du sucre.

Pour Merleau-Ponty le corps se présente sous la conscience de manière déformée et sélective (l’image que j’ai de moi). Ce schéma corporel influencé par notre imagination et notre subjectivité va plus ou moins conditionner nos actions et interactions.

Exemple : J’ai honte de mes dents, quand je souris , je mets ma main devant la  bouche ou je m’empêche tout simplement de sourire ⇒ les autres perçoivent de moi que je suis une personne froide, j’ai encore plus honte…Je suis piégé dans une boucle cognitive et sociale autophage et autosuffisante…

Dans la lignée de cette théorie, Bourdieu (constructivisme structuraliste), Virginia Satir (les postures de survie), puis plus récemment Lise Bourbeau (réalisme spirituel) dans leurs théories évoquent le fait que notre corps et notre langage corporel (posture, manières, gestuelles…) fonctionnent tels des mécanismes par lesquels on est parlé, plutôt qu’on ne le parle. Ce langage est alors fondamentalement relié avec l’identité sociale.

Représentation imaginale 

Quels sont les idéaux de beauté, de valeur, etc…

Quelle est l’expérience imaginaire de moi-même ?

Il est intéressant ici d’esquisser comment vous vous représentez (l’image que vous avez de vous même), comment vous imaginez  que les autres vous perçoivent  ( interprétation du regard d’autrui) et quelles sont les images que vous aimeriez avoir de vous et que vous aimeriez que les autres aient de vous ?

« L’acte poétique, c’est véritablement cet acte qui permet à un être humain de vivre dans une bulle mentale qui est son imaginaire, sachant que cette bulle mentale intègre à la fois la réalité, c’est-à-dire l’ordre dans lequel apparemment on vit, et tout une ouverture, toute une relation à la totalité du vivant. Et quand on a un grand acte artistique, il est immédiatement politique. Il est politique en ce sens qu’il s’intéresse à une élévation de la réalité humaine. Donc, toute l’œuvre d’Édouard est une œuvre éminemment politique, parce qu’elle est profondément poétique. » Patrick Chamoiseau

Le locus de contrôle

Le concept de lieu ou locus de contrôle réfère à la croyance d’une personne sur ce qui détermine sa réussite dans une activité donnée, les événements dans un contexte donné ou, plus généralement, le cours de sa vie.

Les personnes croyant que leur performance ou leur sort dépendent surtout d’elles-mêmes ont un locus de contrôle dit interne; celles qui croient qu’ils sont avant tout déterminés par des facteurs extérieurs hors de leur influence ont un locus de contrôle dit externe. Il s’agit d’un trait de personnalité relativement stable dans le temps.

Le concept, proposé par Julian Rotter en 1954, est issu des théories de l’apprentissage social.

Outre le locus de contrôle, de nombreux thérapeutes incitent sans relâche leurs patients à modifier leur vocabulaire et leur discours afin de s’approprier ce qui leur arrive.

Exemple : « Il me tape sur les nerfs » devient « je le laisse me taper sur le nerfs »… ou encore  » Il m’a blessé » devient « je me sens vindicatif ».

Inconscient

D’innombrables choses se situent au-delà des limites de l’entendement, certains concepts difficilement définissables, des zones d’ombres qui reste encore à explorer. L’homme bien qu’il en a souvent l’illusion, ne perçoit jamais rien pleinement. Comme vue prècédement, les sens limitent la perception que nous avons du monde qui nous entoure. La science à permis d’élargir cette perception , mais nous arrivons toujours à la limite de nos certitudes, que la simple connaissance consciente ne peut franchir. A nos perceptions conscientes, il est nécessaires d’admettre l’existence d’événements dont nous n’avons pas pris note mais que nous avons enregistré subliminalement à notre insu. Ce « savoir » est, en quelque sorte, resté en dessous du seuil de conscience.

Ces événements, nous pouvons parfois nous en « saisir » dans un moment d’intuition, par automatisme ou encore par un processus de réflexion approfondie (métacognition, hypnose, etc…). Et bien qu’a l’origine nous n’ayons pas forcément apprécié la totalité de leur importance émotionnelle et vitale, elles façonnent une partie de notre être comme une pensée secondaire.

« L’homme étant devenu conscient graduellement, de manière laborieuse au cours d’un processus qui c’est prolongé pendant des siècles, avant d’arriver au stade de la civilisation. Et cette évolution est loin d’être achevée. Celui qui nie l’existence de l’inconscient suppose en fait que nous connaissons aujourd’hui totalement notre psyché… De telles affirmations ne font qu’exprimer un très ancien misonéisme, c’est à dire la peur de ce qui est nouveau et inconnu.«  C.G Jung.

Une partie de l’inconscient consiste donc en une multitude de pensées, d’impressions, d’image et de symboles temporairement oblitérés, qui, bien qu’elles soient « perdues » pour notre esprit conscient, continuent à nous influencer.

L’attente

Les attentes que nous offre la vie, les attentes que nous avons de nous-même ou encore des autres sont rarement des états simples. Incertitude, crainte, désir, impatience, colère, ennui, s’y succèdent et s’y entremêlent. Ces états ne sont pas l’attente elle-même, ils ne sont que les réactions et le revêtement dont elle est la trame, mais parce que les uns ou les autres sont presque toujours perceptible, définissable et facilement saisissables, on risque de s’y arrêter.

Consciement nous savons que s’attendre simplement à ce que quelque chose se produise ne le fera pas se produire. Le psychologue du développement, Jean Piaget, a noté que les jeunes enfants ont du mal à distinguer les mondes subjectifs dans leurs têtes et le monde extérieur. Selon Piaget, les enfants croient donc parfois que leurs pensées peuvent causer directement des choses. C’est ce que Piager nome la  « pensée magique » et a suggéré que nous devions tous la dépasser au alentours de l’âge de 7 ans.

Néanmoins, il s’avère que beaucoup d’adultes continuent à s’engager dans diverses formes de pensée magique. La prière, par exemple peut être une forme de pensée magique, tout comme l’effervescence du courant new age de la « loi de l’attraction » qui dit que nos pensées attirent des événements dans nos vies.

Bien que cela ne soit pas sans aucun bénéfice et appartienne au croyances de chacun qu’il me parait noble de respecter, Il est à mon sens intéressant de dépasser cela, et d’apprendre que chaque expérience stockée dans la mémoire contribue à définir nos prédictions et nos attentes.

Le cerveau utilise en permanence certains modèles d’activité neuronale pour comparer nos attentes avec le présent.

Il y a une façon de concevoir le cerveau de plus en plus répandue en sciences cognitives, celle d’une machine à faire des prédictions. L’approche du « cerveau prédictif » constitue ni plus ni moins qu’un changement de paradigme majeur par rapport à la vieille analogie cerveau-ordinateur du cognitivisme des années ’70.

Le cerveau n’attend pas passivement ses «inputs» pour «traiter des représentations symboliques» et produire des «outputs». Il cherche plutôt constamment à faire des inférences à partir des perturbations physiques que subissent ses sens pour tenter d’en comprendre les causes.

Et bien sûr, ces inférences, nous ne les faisons pas à partir de rien. Nous disposons d’un tas d’hypothèses préalables sur le monde qui nous viennent à la fois de notre longue histoire évolutive et de l’expérience personnelle accumulée au cours de notre vie. La première a sculpté la forme de notre système nerveux en fonction de l’environnement dans lequel on a évolué. Et la seconde découle d’une autre sculpture, celle de notre expérience du monde depuis notre plus jeune âge qui a renforcé certaines synapses et pas d’autres, sélectionné certains réseaux de neurones et pas d’autres. C’est donc toujours à partir de ces « a priori » que notre cerveau va tenter de comprendre le monde.

Une théorie appelée codage prédictif peut être appliquée à la façon dont notre cerveau se souvient des expériences passées, appelées souvenirs épisodiques. Le codage prédictif permet au cerveau d’optimiser l’activité neuronale pour traiter l’information. En d’autres termes, la théorie prévoit que le cerveau utilise plus d’activité neuronale pour traiter de nouvelles informations que pour des données qui nous sont déjà familières. Des années de recherche ont montré que c’est ainsi que nous apprenons, au fil du temps, à quoi nous attendre et à quoi ressemble notre environnement, par les processus top-down vue précèdement.

Or le monde est complexe et ce n’est souvent pas exactement ce que nos modèles internes prévoyaient qui survient. En d’autres termes, on observe un écart entre notre prédiction et la réalité. C’est ce qu’on appelle l’erreur de prédiction.

Comme par exemple le concept de table, l’idée préconçus sur une personne spécifique ou sur les réactions d’autrui quand on lui tend la main pour lui dire bonjour.

Un message d’erreur : nos attentes en matière d’expériences visuelles (par exemple) sont ainsi contrôlées par une boucle de rétroaction entre le cortex visuel et le lobe temporal médial. Les ondes à haute fréquence semblent véhiculer un message d’erreur lorsque nous voyons quelque chose qui ne correspond pas à nos attentes, tandis que les ondes de plus basse fréquence peuvent mettre à jour nos souvenirs.

Source: Nature Communications 27 November 2020 DOI: 10.1038/s41467-020-19828-0 Feedforward prediction error signals during episodic memory retrieval

Attente et effet placebo ………………. (en construction)

A travers l’hypothalamus, situé à la base du cerveau, nos pensées peuvent présider à la distribution d’hormones essentielles et contrôler le réseau diffus de l’innervation des viscères. Le mécanisme le plus intriguant est sans doute celui proposé par le professeur Candice Pert. Elle a démontré que les peptides – petites molécules servant à la transmission de messages entre les neurones du cerveau – affectent aussi le comportement de la quasi-totalité des cellules du corps, qu’elles soient immunitaires, digestives ou vasculaires. Donc, ce que l’on appelle « l’esprit « ne serait pas localisé uniquement dans le cerveau, mais dans l’ensemble du corps. Animé par le va-et-vient incessant de ces messagers moléculaires, il constituerait un immense réseau de communication englobant toutes les fonctions de l’organisme.

Vers une psychodynamique de la subjectivité.

Avantage d’une thérapie dite « stratégique » incluant ces philosophies :

« Je ne suis pas responsable de ce que je suis, mais je suis responsable de ce que je fais avec ce que je suis. » Serge Ginger.

D’un point de vue stratégique de la cybernétique, face à la nécessité de s’adapter à son environnement, l’individu régule de façon à corriger les écarts par rapport à ses « normes de bon fonctionnement ».  

Étudier les effets pragmatiques de la communication et de la subjectivité,  et donc sur l’influence de ces effets sur le comportement paraît donc essentiel. L’être humain se trouve  dès la naissance engagé dans le processus complexe de l’acquisition des règles de la communication et de la subjectivité mais n’a que très faiblement conscience de ce qui constitue ce corps de règles.

L’approche de Watzlawick et ses collègues est de ne jamais considérer l’individu comme un être isolé, mais comme l’élément d’un système de communication qui comprend plusieurs personnes (par exemple, le couple ou la famille) et au sein duquel « le comportement de chacun est lié au comportement de tous les autres et en dépend »

Les chercheurs de Palo Alto soulignent également l’importance de la  “métacommunication” ou “communication sur la communication” .

Ces différents paradigmes permettent de fonder une nouvelle forme thérapeutique, où les désordres psychiques sont envisagés comme des « pathologies de la communication ». 

Or, nous l’avons vue, nous avons en chacun de nous une structure , des interprétations et des expériences subjectives différentes qui nous conditionnent à accéder à certaines “normes psychologiques”.  

Celles-ci concernent ce que nous considérons comme “la bonne façon” d’éduquer nos enfants ou encore la bonne façon dont nous estimons que les autres doivent se conduire envers nous, ce qui est juste ou injuste etc… Nous avons nos propres conceptions de la bonne façon de vivre en couple, d’aimer ou d’être aimé, notre propre conception de la vie et du réel etc…

Ainsi, porter une réflexion sur votre conception du monde et être accueilli par un accompagnant pouvant s’adapter et vous inviter à cette réflexion est un réel avantage favorisant la réussite.

Ainsi lorsque nous nous trouvons dans certaines situations de la vie  qui constituent un grand écart avec nos normes et nos structures psychologiques, nous éprouvons une forme de souffrance, nous faisant adopter des tentatives de solutions conscientes et inconscientes elles-mêmes sources de subjectivités. 

 Ces tentatives de solution engendre des sensations, des perceptions, des auto-régulations, de l’imaginaire et des comportements tantôt adéquates tantôt inadéquates. 

Parfois, les tentatives de solutions viennent également des membres de l’entourage.

L’entourage d’une personne dépressive par exemple va intuitivement aller dans le sens de lui « remonter le moral », en lui montrant le bon côté de la vie, en attirant son attention sur les aspects positifs de la situation, en lui conseillant de sortir, de rencontrer du monde, de se bouger, de se changer les idées etc… 

“L’enfer est pavé de bonnes intentions.”

Parfois ces solutions fonctionnent, la personne est en capacité d’intégrer cette nouvelle vision du monde, ces suggestions vont constituer un “priming”, autrement dit une amorce venant modifier les structures mentales de conditionnement et d’interprétation qui avec l’aide d’une expérience subjective vont permettre de nouvelles réponses adaptatives ( imaginaire, sensori-moteur, idéodynamisme, représentation et abstraction) pour enfin engendrer un nouveau comportement, qui lui même tendra à modifier les autres paramètres pour agir de la manière d’une boucle rétroactive. 

Néanmoins, il arrive souvent que le contenu des autosuggestion et des suggestions de l’entourage revienne à mettre la personne en échec : elle ne peut tout simplement pas voir le bon côté des choses car sa structure dans ce contexte ne lui permet pas de le faire, elle est alors piégé dans l’incapacité d’apprécier les aspects proposés, l’idée de voir du monde l’angoisse, et si elle pouvait « se changer les idées », elle n’hésitera  pas une seconde. 

La solution inadéquate crée souvent davantage de dysfonctionnement qui engendre une aggravation du symptôme et un renforcement des structures. 

Nous avons déjà tous fait cette expérience : il suffit, lorsque nous débattons d’un sujet qui nous tient à cœur, que l’un de nos contradicteurs avance un argument pour que instinctivement surgisse dans notre esprit un contre argument accompagné d’une réaction émotionnelle et physique. Dans ce type d’échange, personne ne modifie son point de vue, personne ne convainc l’autre de se rallier à ses vues. 

Au contraire, chacun campe sur ces positions, et au terme du débat, les convictions initiales de chacun sont renforcées et rigidifiées.

La psychodynamique quand elle est abordé sous un angle “existentielle” met l’accent sur tous types de conflits, ceux relatif aux besoins pulsionnels antagonistes (paradoxe interne),  ceux liés à l’entourage mais aussi “un conflit qui survient lors de la confrontation de l’individu au fondamentaux de l’existence” (La mort, la liberté, l’isolement fondamental et l’absence de sens pour Irvin Yalom).

Dans un fonctionnement stratégique, l’intervention consiste à faire cesser cette régulation apparemment inadéquate afin d’ établir une nouvelle norme, un nouveau “priming”, de nouvelles « règles du jeu » en envisageant de nouveaux paradigmes, de nouvelles philosophies (ce qui ne sous-entend aucunement supprimer les anciennes mais simplement “ajouter des fonctionnalitées”). 

Les plus connues sont la prescription du symptôme ou l’utilisation des résistances. Je pourrais ainsi faire remarquer à la personne qu’elle a sans doute de bonnes raisons d’être dépressive, voire  même s’étonner qu’elle ne le soit pas davantage. Un tel discours paraît pessimiste et c’est précisément par ce pessimisme qu’il est possible de rejoindre l’autre, se synchroniser et s’accorder à la personne dans son vécu émotionnel.

C’est une manière de pénétrer dans ses structures mentales un peu à la manière d’un cheval de Troie, pour une fois à l’intérieur, placer des suggestions (directes, indirectes, paradoxales, confusionnantes…) visant à créer une réorganisation cognitive et comportementale.

 C’est pourquoi, bon nombre de thérapeutes aujourd’hui incitent la personne à vivre, à accepter, à se laisser traverser, à écouter… Ces émotions une fois qu’elles sont traitées différemment en interne et réorganisées donnent naissance à de nouvelles perceptions, comportements et structures…

Hypnose, hypnologie, philosophie et stratégies, source ARCHE

Intrasubjectivité

Il y aurait bien des choses à détailler, à parfaire, à construire et surtout à rapporter au contexte. Il est important également de ne pas enfermer l’individu dans des cases car sa complexité lui permet d’être à la fois dans des degrés divers de paradoxes paradigmatiques et ces degrés peuvent évidemment changer, se nuancer selon les situations et le temps.  

Principe de personnalités multiples :

De nombreux auteurs tels que Janet, Jung, Assagioli, Federn, Vargiu, Rowan, Hal et Sidra Stone (voice dialogues : sous personnalité principales/rejetées, ego fonctionnel, processus d’expérience direct )…expriment l’idée d’une théorie d’une multiplicité psychique entre lesquelles il y aurait en plus de notre environnement des interactions et une activité dialogique.

“La question de savoir s’il y a des parties d’une personne à qui on peut parler et travailler comme si elles étaient de petites personnalités séparées avec une volonté propre est une question qui a fasciné presque tous ceux qui ont dû travailler avec des gens en profondeur.

Des phrases comme – « D’une part je veux… d’autre part je ne… », « Je ne sais pas comment j’aurais pu le faire », « C’était comme si une voix me disait au loin que… » – sont si communs qu’ils donnent inévitablement à un thérapeute le signal que plus d’un système est à l’œuvre.” 

John rowan, personification 2010.

On parlera alors de Sub-personality, autrement dit de partie de la personnalité : autonome, temporaire et contextuelle agissant par une mécanique apprise en réaction à un contexte psychosocial. 

Il est à mon sens intéressant, pour être au plus près de l’individu de repérer, observer et accueillir chacune des parties entrant en action dans les processus de réorganisation des conditionnements,interprétations et expériences subjectives.

Plasticité de la mise en cohérence

Hypnose, hypnologie, philosophie et stratégies, SOurce ARCHE

Sylvain Gammacurta Hypnose.

Sources : 

Kant, critique de la raison pure

Luc Ferry, Kant, L’oeuvre Philosophique Expliquée

Cyrille CHAMPAGNE, Kevin FINEL – Arche Hypnose : Hypnologie

Irvin Yalom : Thérapie existentielle

Heidegger être et temps

A. Camus : Le mythe de Sisyphe / L’étranger

Paul Watzlawick : Une logique de la communication

Gaston Bachelard, « Idéalisme discursif

Cynthia Fleury, Ci-gît l’Amer

 Le rire, Bergson

Sören Kierkegaard, Le concept de l’angoisse.

L’existentialisme est un humanisme, L’être et le néant : Jean-Paul Sartre + https://www.les-philosophes.fr/auteur-sartre.html

Sylvain Gammacurta : Au-delà de la raison

Pour aller plus loin :

hypnologie, un cerveau prédictif

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